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Après les inondations, le Pakistan a besoin de réparations, pas de charité

Extraits de l’article de Farooq Tariq ; publié le 13 septembre par  le CADTM 

À l’heure où nous écrivons ces lignes, plus d’un tiers du Pakistan est sous les eaux. Des inondations soudaines, générées par des pluies de mousson exceptionnelles, ont jusqu’à présent coûté la vie à 1350 personnes. Un million de bâtiments résidentiels sont totalement ou partiellement endommagés, laissant plus de 50 millions de personnes déplacées.

On s’attend à ce que les inondations ajoutent 10 milliards de dollars de dommages à une économie déjà chancelante. Plus de 793 900 têtes de bétail sont mortes, privant ainsi les familles pakistanaises d’une source essentielle de subsistance. Près d’un million d’hectares de cultures et de vergers ont été touchés.

Ces conséquences sont indéniablement le symptôme d’une crise climatique qui s’accélère. Bien qu’il produise moins d’un pour cent des émissions mondiales de carbone, le Pakistan subit certaines des pires conséquences de la crise climatique. Au cours des vingt dernières années, le pays a été régulièrement classé parmi les dix pays les plus vulnérables au monde dans l’indice mondial des risques climatiques. Comme le dit Julien Harneis, coordinateur humanitaire des Nations unies au Pakistan : « Cette super inondation est due au changement climatique - les causes sont internationales ».

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Les inondations ont suscité une vague d’aide étrangère, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) ayant versé 30 millions de dollars, qui s’ajoutent à une contribution de 3 millions de dollars des Nations unies. L’ONU lance un nouveau plan d’aide aux victimes des inondations au Pakistan, tandis que ses représentant·es se font l’écho des appels à une hausse des contributions du monde entier. Mais tout ceci est loin d’être suffisant.

Alors que les organisations humanitaires se démènent pour trouver des fonds d’urgence, un visage familier est revenu sur le devant de la scène. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment approuvé une demande de sauvetage en prévoyant le versement de 1,1 milliard de dollars au pays. À première vue, cela peut sembler vital pour le redressement du Pakistan, mais l’accumulation de dettes supplémentaires sur un pays déjà en proie à une crise financière ne fera que provoquer un nouveau désastre.

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Si les institutions internationales suspendaient le recouvrement des dettes, le Pakistan n’aurait pas besoin de nouveaux prêts. L’argent envoyé hors du Pakistan pour rembourser les créanciers internationaux pourrait être consacré au relogement des millions de personnes déplacées. Le Pakistan a besoin d’au moins quatre ans pour reconstruire son économie et réparer les dégâts causés par les inondations et les fortes pluies.

Cependant, une question plus large demeure : qui doit payer pour la crise climatique ? Pourquoi le Pakistan devrait-il contracter le moindre emprunt pour payer les conséquences d’une crise qu’il n’a pas provoquée ? La ministre pakistanaise du climat, Sherry Rehman, a déclaré au Guardian que les objectifs mondiaux en matière d’émissions et les réparations doivent être reconsidérés, étant donné la nature accélérée et implacable des catastrophes climatiques qui frappent des pays comme le Pakistan.

Bien sûr, réparer l’apartheid climatique et régler la crise ne se limite pas à un simple chèque, et de nombreuses autres mesures sont nécessaires pour soutenir le peuple pakistanais dans la catastrophe à laquelle il est confronté.

Cependant, sans allègement de la dette ou financement pour compenser les pertes et les dommages, le cycle de la dette et des crises climatiques du Pakistan ne peut que s’aggraver.

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