Même pas Peur ! nous interroge sur notre société. Il démarre le 12 janvier après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. De nombreuses thématiques sont abordées à travers un seul axe : la peur induite par le discours politique. A travers un développement linéaire on relie la laïcité, le communautarisme aux lois sécuritaires ou à la politique de Macron. Ce développement sur 1h42 permet grâce à 20 intervenants de relier les interconnexions qui existent entre tous les problèmes volontairement isolés dans le discours ambiant. Même pas Peur ! décode la société et donne des clefs à la réflexion pour repenser notre société.
Plein d'autres infos sur ce film : http://www.memepaspeur-film.com
Mardi 19 janvier 2016, 20 h au cinéma Métropolis de Charleville-Mézières
Le film sera suivi d'un débat. En principe, la réalisatrice du film sera parmi nous.
Sortie le 7 octobre 2015
Même pas peur ! commence le jour d’après, c’est-à-dire le 12 janvier, le lendemain de la grande manifestation du 11 janvier qui a rassemblé plus de quatre millions de personnes dans les rues, en France et à l’international. Les événements des 7, 8 et 9 janvier 2015 ont impacté notre société d’une manière sans précédent. L’union et la solidarité ont été le mot d’ordre de ces quelques jours. Toutefois la peur de la suite existe, qu’elle soit située au niveau du terrorisme ou bien du clivage de la nation.
Ana Dumitrescu était en train de préparer la suite du film Khaos, les visages humains de la crise grecque sous l’angle de la crise en France quand ces événements sont intervenus. Elle a décidé de ne plus attendre et de tourner, orientant sa réflexion vers deux peurs fondamentales : la peur de l’autre et la peur du lendemain, qui, associées, peuvent provoquer de douloureuses conséquences.
« La situation sociale était déjà extrêmement compliquée, dit-elle. Après un tel cataclysme la situation allait devenir plus compliquée. Il m’a donc paru nécessaire et urgent de documenter tout cela et d’y apporter des regards variés. Aujourd’hui, la peur de l’autre, de celui qui nous est différent, risque d’entrer en collision avec la peur du chômage, de la crise et des lendemains précaires. Ces peurs et ces réalités peuvent faire un cocktail explosif dont il sera difficile de sortir. Même pas peur ! est la suite logique de Khaos. Un film d’urgence sur les peurs de notre société, qui est là pour apporter une vraie réflexion et des réponses, qu’elles soient issues de citoyens, de philosophes, d’économistes, d’artistes, de sociologues… »
C’est un film courageux, particulièrement bienvenu dans cette séquence européenne d’« afflux de réfugiés » ; il fait écho à la journée organisée le 12 septembre dernier par le Musée de l’immigration. Il répond à l’urgence à documenter, réfléchir et raisonner.
Un film courageux car il ne craint pas d’affronter les questions qui divisent notre société de manière de plus en plus inquiétante. Il n’apporte pas de réponses toutes faites ; d’ailleurs y en a-t-il ? Mais il éclaire la question en interviewant des personnalités multiples et non nécessairement des « experts ». Cela donne un film copieux, exigeant et passionnant pour qui s’interroge sur les défis que la période actuelle lance aux citoyens et partant, à la démocratie. C’est d’ailleurs sur cette dernière interrogation que le film culmine. Auparavant auront été abordées successivement les questions du racisme en lien avec l’immigration (assimilation ou intégration ?), de la laïcité et de son corollaire aujourd’hui, inévitable, l’Islam vs. islamisme, de la sécurité (avec notamment la loi sur le renseignement), de l’austérité (volet économique et social incontournable) ; parmi les interviewés, Jean Baubérot, professeur émérite de la chaire Histoire et sociologie de la laïcité, à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, inépuisable défenseur d’une laïcité raisonnée contre les falsifications que lui font subir aujourd’hui la droite populaire et le Front national, ou encore Yannis Youlountas, jeune réalisateur franco-grec qui vient de terminer un film autoproduit, Je lutte donc je suis, au sous-titre évocateur : « De Grèce et d’Espagne, un vent du sud contre la résignation souffle sur l’Europe». Le film se clôt, en sa présence, d’une manière quasi bucolique qui n’est pas sans évoquer les formes nouvelles de résistance qui se jouent autour de la transition écologique en marche.