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Quand il y a un loup (en cage), il y a du flou.

Le Parc Argonne Découverte, s'est appelé initialement Nocturnia.

Ce nom à coucher dehors avait été trouvé par un bureau spécialisé, aussi performant que celui qui avait prouvé par A+B que l'établissement serait financièrement équilibré en quelques saisons. Avec comme slogan "la nature la nuit", de nombreux visiteurs potentiels avaient compris qu'il fallait venir à la tombée du jour pour profiter du site. En quelques années Nocturnia est devenu un gouffre financier et une pomme de discorde au sein de la communauté de communes qui le gère.

En désespoir de cause un tournant stratégique a été validé il y a 3 ans. L'arrêt de l'exploitation était impossible, car cette décision obligeait à rendre des subventions tout en remboursant des emprunts devenus inutiles.

Il a donc été validé de faire des investissements nouveaux, dont le parc à loups et le hamac à bonds. Le pari a été fait de relancer ainsi la fréquentation du site. Effectivement depuis deux ans, le nombre de visiteurs augmente rapidement, et le déficit de fonctionnement devient tolérable pour la 2C2A.

De nouveaux investissements sont décidés ou programmés pour les années à venir, dont une refonte de la scénographie du bâtiment principal, et l'installation de nouveaux animaux (ours, rapaces,...).

Alors tout va bien ? La naissance de louveteaux fait la une de nombreux médias, et laisse espérer de nouveaux visiteurs.

Il reste à donner un sens à tout ceci. Le sauvetage financier a pris le pas sur le reste, et la finalité de l'équipement se dilue dans ces différents centres d'intérêt.

La présentation d'animaux sauvages en captivité se justifie-t-elle, quand l'espèce n'est pas menacée etandré qu'elle ne nécessite pas de mesure de protection ?

Comment le PAD prend sa place au sein des structures du territoire qui travaillent pour l'environnement ?

Il n'est pas possible d'éluder ces questions au nom de l'unique nécessité budgétaire.

André Théret, bien connu dans le secteur, en particulier pour ses positions de défenseur de la vallée de l'Aisne, nous a fait parvenir un texte que nous publions in extenso ci-dessous.

 

 

 

LOUP, y es-tu ? Combien rapportes-tu ?

 

Jeudi 28 juin, je regarde le journal télévisé régional : le présentateur nous annonce la naissance de 8 louveteaux dans l'enclos à loups du parc Argonne Découverte d'Olizy-Primat.

Un bandeau "ECOLOGIE" apparaît en bas de l'écran.

La soigneuse nous fait part de son émotion et la directrice du centre se félicite de la réussite commerciale de cette opération. Le nombre de visiteurs a triplé depuis l'arrivée des loups

 

C'est une opération commerciale qui peut se justifier quand on connaît le niveau des déficits accumulés depuis la création de NOCTURNIA en 2005. Nécessité fait loi…

Les contribuables de la communauté de communes de l'Argonne Ardennaise peuvent dire merci aux loups. On les a privés de leur liberté pour faire baisser les impôts locaux.

 

Ce qui est par contre inadmissible, c'est de tenter de faire passer cette opération commerciale pour une action écologique. C'est proprement scandaleux. Ces 8 jeunes loups sont condamnés à vivre en captivité toute leur vie. Ils vont grossir le stock de loups qui s'échangent financièrement entre parcs privés ou publics au niveau européen. Une affaire de gros sous.

Il devrait être obligatoire de stériliser les adultes qui vivent dans ces parcs ce qui mettrait fin progressivement à ces internements abusifs d'animaux sauvages que l'on expose pour gagner de l'argent, comme on montrait les ours au siècle dernier.

 

Lorsque l'initiative d'enfermer des loups, la référence des espèces sauvages, vient deandré personnes ayant un très haut niveau d'études en écologie, il faut leur demander de clarifier leur position. Le territoire naturel d'une meute de loups atteint en moyenne 100 000 hectares.

Au niveau scientifique, les études menées sur une meute vivant dans un enclos de 2 hectares n'ont aucun intérêt scientifique, au niveau de l'éthologie de cette espèce.

Il faut préciser que la population de loups n'est pas menacée de disparition et doit même être régulée en Europe du Nord et au Canada.

 

De nombreux ardennais, des chasseurs mais aussi des agriculteurs, des éleveurs, sont régulièrement mis en cause au nom des principes écologiques. Ils ont, eux aussi, le droit et le devoir de dénoncer l'utilisation d'animaux sauvages pour un but purement commercial.

 

Ceux qui dénoncent, à juste titre, l'élevage des poulets en batterie n'ont pas le droit d'enfermer des animaux sauvages dans des cages (2 hectares pour une meute de loups, c'est une cage…)

 

Plusieurs associations de défense de l'environnement existent dans le Vouzinois. On y trouve aussi à Boult-au-Bois un centre de recherches, bien équipé pour faire du radio-pistage, où des scientifiques étudient le comportement des animaux sauvages dans leurs milieux naturels.

 

Il est bizarre de constater que les responsables de ces organismes n'ont pas émis la moindre réserve sur le maintien de loups en captivité dans un enclos près de chez eux…

 

BIZARRE, vous avez dit BIZARRE…

 

 

André THERET

30 juin 2012

Commentaires

  • Crier aux loups!

    Je partage l'analyse et l'appréciation d'André Théret sur le parc aux loups du Pad d'Olizy-Primat.Certes je n'ai pas oublié le rôle négatif des cabinets d'étude, des experts, des muséographes a qui les élus locaux ont confié un peu aveuglément la conception puis la réalisation de Nocturnia. Je sais aussi combien le déséquilibre financier du site était intenable pour la communauté de communes.Tous ces faits qui font l'histoire de Nocturnia devenu Parc Argonne découverte ne doivent pas faire ignorer certaines idées à propos de la faune sauvage. Les associations de naturalistes, le centre de recherche en écoéthologie par exemple ont sans doute une appréciation à formuler pour éviter une dérive essentiellement commerciale, à dominante économique du site qui brade une éthique exigeante en ce qui concerne la présentation du vivant.Les pavillons de l'outil, la ferme pédagogique sont des pistes intéressantes. Sauront-elles séduire le public?

  • Messieurs,
    Je vous invite à mieux vous documenter sur les loups, leurs besoins ainsi que sur les compétences, les connaissances des gens qui s'en occupent au Parc Argonne Découverte. Je vous invite aussi à prendre connaissance des textes de lois qui régissent notre fonctionnement. Vous y verrez notamment que les loups n'ont aucune valeur commerciales et qu'ils ne peuvent être vendus... En ce qui concerne le bien-être des animaux en captivité, je pense bien connaître le sujet, je vous invite donc à venir en discuter de vive voix. Bien cordialement

  • "Stock financier de loups", "affaires de gros sous", "poulets en batterie", "montreur d'ours", que d'amalgames et d'approximations une fois encore. Que de travail encore et toujours balayé si facilement d'un revers de main par la bien-pensance incarnée. Quand on sait l'attention qui est porté au confort de ces animaux, souvent d'ailleurs au détriment d'un spectacle qui serait pourtant plus facile à gérer mais pour le coup bien plus lucratif, et quand on connait le professionnalisme et la passion dont les responsables du sites font preuve pour ces loups, c'est dur de lire des accusations aussi fausses que gratuites. Dans votre analyse si pleine de certitudes, avez-vous par exemple pensé à l'intérêt pédagogique de sensibiliser le public à la cause du loup à travers cet outil ? La "dédiabolisation" de cet animal au yeux du grand public peut permettre de voir les populations accepter plus facilement l'idée de voir revivre le loup à l'état sauvage dans certains territoires, voire de militer pour sa protection. Le Parc Argonne Découverte permet d'apprendre au public que le loup n'est pas qu'un cruel égorgeur sanguinaire de brebis comme certains voudraient nous le faire croire.

  • Ouvrir un débat ce n'est pas condamner!

    Je connais le profesionnalisme et la passion d'Anne Frézard et il ne me vient pas à l'esprit de la mettre en cause personnellement. Que la question des animaux sauvages dans les cirques, les zoos, les parcs puisse susciter un débat , il n'y a rien en celà de choquant. Personne ne prétend détenir "la bien-pensance" et encore moins quand elle est qualifiée "d'incarnée". Il s'agit de donner, plus ou moins directement et rudement, un point de vue pas de condamner.Je suis persuadé que le dresseur , dans le cirque, aime ses fauves , qu'il condamne pourtant à une rude captivité.L'ours qui grave son sentier le long du grillage dans le parc où il tourne en rond, hochant sans cesse la tête de gauche à droite n'est pas détesté de son soigneur qui fait tout ce qu'il peut pour lui rendre sa captivité la moins traumatisante possible.Le grand-duc qui somnole sur sa branche sèche, dans l'étroite volière, où il ne pourra jamais voler,a peut-être été soigné avant de se trouver là? Et pourtant, la question de la présentation d'animaux sauvages au public pose de vraies questions. En discuter n'est pas illégitime.Je suis sceptique pour ma part quant à la dédiabolisation du loup dont Fréderic tire argument. L'ours, "le nou-nours" si sympa pour les enfants ne souffre pas d'une image négative,pourtant celà n'a pas empêché sa destruction et sa quasi disparition dans les Pyrénées.Je crois que le loup peut-être apprécié derrière un grillage et malgré tout considéré comme un ennemi à détruire quand il est sauvage. J'ai vécu l'animosité de réunions publiques consacrées aux loups dans le Mercantour. Il était l'animal qu'il fallait exterminer car il pourrissait la vie et le travail des éleveurs.Les arguments pourtant fondés des naturalistes, des personnels du parc national du Mercantour, n'étaient pas entendus.Les détracteurs du loup se déclaraient favorables à sa sauvegarde en captivité!La preuve qu'un argument est parfois resersible!

  • Bonsoir Michel. Tous les points de vue sont évidemment respectables et toutes les discussions sont non seulement légitimes, mais de plus souhaitables et enrichissantes. Il y en a d'ailleurs eu beaucoup et de très intéressantes lors des nombreuses réunions de commissions durant lesquelles nous avons élaboré la programmation de l'évolution du Parc Argonne Découverte. Cependant, il faut avoir l'honnêteté de reconnaître que personne ne peut prétendre vouloir engager réellement un dialogue en portant d'emblée des accusations infondées et des jugements de valeurs à propos de ses interlocuteurs. Pour l'exemple du Loup et de l'Ours, il n'en demeure pas moins que, notamment grâce à une meilleure image auprès du grand public, les gens sont scandalisés de voir un chasseur tuer un ours et ils soutiennent souvent massivement les réintroductions. Le loup ne bénéficie malheureusement pas de ce même engouement, notamment parce qu'il fait encore beaucoup peur dans nos imaginaires et qu'il est méconnu.

  • Les réactions suscitées sur le blog de l'An Vert par ma prise de position sur l'enfermement de loups au parc Argonne Découverte ne me surprennent pas.
    Le but de cet article était de provoquer cette réflexion.

    La richesse du mouvement écologique, c'était la pluralité des prises de position. La politisation du mouvement a conduit, au niveau local et national, a une forme de pensée unique. Exemple: les loups enfermés à Olizy, c'est écologique. J'ai dans mon dossier tous les articles de presse qui véhicule ce message. Contrairement aux loups, je suis libre…

    Dans ce dossier, la confusion des objectifs, entre écologie et économie, apparaît dès le départ.
    Je cite la "Semaine des Ardennes" du 1er avril 2010 qui relate l'arrivée des loups: "L'introduction du loup dans les Ardennes, en plus de l'enjeu sur la conservation des espèces qu'elle représente, suit la politique pluriannuelle de la Communauté de Communes de l'Argonne Ardennaise de redynamiser le site".

    On n'a pas le droit de laisser croire aux citoyens, aux futurs visiteurs, que l'espèce "loup"
    est en péril. Même en France, la réglementation permet d'abattre des loups.

    J'ai souri en lisant sur le blog de l'An Vert que mon analyse était "pleine de certitude".
    En fait, c'est la certitude des autres car mes conclusions sont tirées des nombreuses études faites sur ce sujet. Je peux transmettre aux personnes intéressées le dossier que je possède.
    Il comporte les nombreuses études de Mme FREZART sur le loup captif.

    La forte composante économique qui pèse sur les parcs animaliers apparaît clairement. J'ai étudié l'arrêté du 19 mai 2000 et la circulaire du 19 juin 2000 qui régissent la détention des loups. Théoriquement, ils sont "invendables" mais ils sont "trocables" avec d'autres animaux sauvages. Moralement, ce n'est pas mieux. Sur Internet, on s'aperçoit du fossé entre le règlement et la pratique en ce qui concerne le marché des animaux sauvages.

    Je voudrais montrer, avec un document, que l'on peut oublier les principes écologiques de base quand on est pris dans l'action quotidienne, dans les contraintes de gestion.
    Je cite Mme Jessica MANICHON, éthologue du Parc Animalier de Sainte Croix, en Moselle.
    En 2005, elle reçoit 3 loups pour créer une nouvelle meute pour remplacer la vieille.
    Elle analyse la situation: "On crée une nouvelle meute car la meute actuelle de loups d'Europe a été créée il y a 20 ans, c'est une vieille meute dans laquelle la structure sociale est complètement bouleversée, plus du tout naturelle et où la consanguinité s'est développée.
    La nouvelle meute va se développer pendant que la plus vieille meute va s'éteindre (par absence de reproduction)".

    Cela ressemble tout à fait à ce que me disent les jeunes agriculteurs quand ils parlent du nécessaire roulement de leur cheptel et des vaches de réforme.
    Une meute de loups de réforme: On est dans l'écologie ou dans l'économie ?

    Pourquoi ne pas avoir le courage de dire aux visiteurs qui paient pour voir les loups à Olizy
    que les 8 louveteaux connaîtront forcément le même sort ?

    Je suis très attaché au vouzinois, à la protection de son patrimoine naturel. J'ai beaucoup donné, en temps et en argent, pour monter le dossier de défense de la rivière d'Aisne.

    Je suis, comme vous tous, préoccupé par le devenir économique de cette région. J'ai donc suivi avec attention le projet de Nocturnia que j'ai visité plusieurs fois.
    Effrayé par les erreurs commises sur ce dossier, j'ai adressé à mes frais, en juillet 2005, un rapport de 11 pages à tous les conseillers de la 2C2A. (Plus de 120 courriers…)
    Les faits constatés les années suivantes ont prouvé qu'il ne s'agissait pas de ma part "d'amalgames et d'approximations" pour citer M. COURVOISIER mais des conséquences des erreurs des dirigeants de la 2C2A, trompés par des bureaux d'études défaillants.

    Je retournerai régulièrement visiter le parc d'Olizy-Primat à qui je souhaite pleine réussite en espérant qu'il s'enrichira, comme cette année, de nouvelles activités mais qu'il abandonnera
    ses projets d'enfermer d'autres animaux sauvages dans des cages ou des enclos.

    Malgré sa très grande compétence en ce qui concerne le loup, Madame FREZART ne parviendra pas, même de vive voix, à me convaincre que l'on peut, sur le plan écologique, adjoindre à ce symbole du sauvage le terme captif.

  • Un petite question aux grands spécialistes et défendeurs de la cause des loups mis en cage. Sans grillage et dans un espace naturel, Crockett n'aurait-il pas réussi à vivre sa vie ailleurs loin des attaques de son rival ?

  • Bonne question, il ne reste plus qu'à trouver le "grand spécialiste" qui y répondra.

  • Je ne suis pas un "grand spécialiste", mais mon intérêt pour la vie animale et ma grande consommation de documentaires animaliers me permettent néanmoins d'affirmer que quantité d'animaux sauvages se livrent des combats féroces durant les périodes de reproduction et qu'il arrive malheureusement très fréquemment que ses affrontements soient mortels pour les protagonistes. Par ailleurs, il est prouvé que l'espérance de vie des animaux captifs est bien supérieure à celle des animaux sauvages. On peut donc être d'accord ou pas sur la présentation d'espèces en captivité, mais on ne peut sérieusement pas accuser cette dernière de favoriser la mort des animaux.

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