Le nucléaire est sensé être un mode de production sûr et performant.
De nombreuses pannes et incidents ont montré que cette industrie n'était pas à l'abri d'accidents, dont les conséquences peuvent être plus catastrophiques que dans d'autres domaines.
On nous vante aussi l'indépendance énergétique que donnerait les centrales nucléaires : on n'a pas vu lors cette crise ou d'autres précédentes un avantage particulier à tirer notre électricité principalement du nucléaire.
On voudrait aussi nous faire croire que l'approvisionnement est ainsi assuré à tous les foyers.
Or, beaucoup de centrales sont actuellement hors service, la fourniture de courant électrique risque d'être délicate aux moments de pointe de l'hiver.
Les"avantages" du nucléaire deviennent bien difficiles à trouver.
Voici une analyse reprise du site romandie.com
PARIS - La France va devoir importer massivement de l'électricité pendant plus de deux mois cet hiver et le pays n'est pas à l'abri de coupures d'électricité, l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires empêchant de satisfaire les pics de consommation dus au froid.
Le Réseau de Transport d'Electricité (RTE) a mis en garde vendredi contre les risques de "rupture d'approvisionnement" en cas de vague de "froid intense et durable".
Entre mi-novembre 2009 et fin janvier 2010, le gestionnaire de ligne à haute tension prévoit que la France va devoir importer 4.000 mégawatts d'électricité par jour en moyenne, soit l'équivalent de la production de 4 réacteurs nucléaires.
C'est une situation inédite, la France étant d'habitude plutôt exportatrice d'électricité. "On n'avait pas connu ça depuis très longtemps", remarque-t-on chez RTE.
En cause: les nombreux arrêts de production dans les centrales nucléaires françaises, qui assurent habituellement près de 80% de la production française.
Le 26 octobre, 17 des 58 réacteurs d'EDF étaient à l'arrêt contre 4 ou 5 en temps normal à cette période de l'année.
Electricité de France refuse de communiquer sur ces arrêts de production. Le groupe assure cependant que ses équipes sont "mobilisées pour préparer le passage de l'hiver et satisfaire l'ensemble de ses clients".
Un mouvement de grève intervenu au printemps avait retardé de plusieurs mois les opérations de maintenance et de rechargement en combustible des centrales nucléaires d'EDF.
Ces dernières ont en outre connu plusieurs avaries. L'arrêt pour maintenance d'un réacteur de la centrale de Flamanville (Manche) a par exemple été prolongé de plusieurs semaines, à la suite d'un problème survenu "sur le générateur de vapeur".
Les syndicats mettent régulièrement en cause le manque de maintenance et le recours croissant à la sous-traitance pour expliquer la multiplication des pannes dans les centrales d'EDF.
De fait, le taux de disponibilité du parc nucléaire français ne cesse de se dégrader depuis plusieurs années. Il est ainsi tombé de 83,6% fin 2006 à 79,2% fin 2008.
Ce déficit de production, combiné à une hausse continue de la consommation d'électricité, rend le recours aux importations de plus en plus fréquent.
La situation est particulièrement tendue pendant les mois d'hiver, en raison du recours massif des Français au chauffage électrique, encouragé au lendemain de la construction du parc nucléaire français.
Près de 30% des logements étaient équipés de chauffage électrique en 2006, contre environ 2% trente ans plus tôt. Et la tendance s'accentue, la majorité des nouvelles habitations étant chauffées à l'aide de convecteurs.
Cet équipement en "tout-électrique" se traduit par des pics de consommation autour de 19H00, quand les Français rentrent du travail et mettent en marche chauffages, machines à laver, fours et plaques chauffantes... Ces gestes apparemment anodins font alors bondir la consommation d'électrons à des niveaux record.
Si les températures tombaient 7 à 8 degrés sous les normales saisonnières d'ici à la fin janvier, RTE estime qu'il faudrait importer 9.000 MW d'électricité.
On atteindrait alors la limite maximale pour le réseau électrique français, qui "n'est pas conçu pour importer de telles puissances", indique-t-on chez RTE.
En dernier recours, RTE peut décider de procéder à des "délestages", c'est-à-dire à des coupures de courant partielles, pour éviter que le système ne s'écroule.
"La situation est sensiblement plus tendue que d'habitude mais on est habitué à gérer des situations difficiles", assure-t-on chez RTE.