La Confédération paysanne était réunie en congrès du 15 au 17 avril à Langres, en Haute-Marne. Trois journées de débats, de réflexion et de convivialité. Le 17 avril, journée internationale des luttes paysannes, nous avons de nouveau rendu hommage à Pierre Alessandri, le secrétaire général de Via Campagnola*, assassiné en Corse il y a tout juste un mois. Plus de 300 confédéré·es ont adopté, à l’unanimité, le rapport d’orientation pour les deux prochaines années. Le nouveau Comité national élu compte 64 membres, dont près de 44% de paysannes. La mixité au tiers est en vigueur depuis plus de 20 ans à la Confédération paysanne dans les instances nationales. C’est le Comité national qui élira, en son sein, la nouvelle équipe du secrétariat national lors d’un comité électif organisé les 14 et 15 mai à Bagnolet.
Les 11 motions débattues ont été adoptées. Une motion demande la révision de la répartition du POSEI, l'aide européenne pour l'agriculture d'outre-mer, pour que tous·tes les paysan·nes cotisant à la MSA* y accèdent, en priorité celles et ceux qui diversifient leurs productions et contribuent à l'autonomie alimentaire locale. Elle appelle aussi à la simplification des démarches administratives et un contrôle accru sur l'attribution des aides pour garantir un accès effectif, équitable et transparents aux financements, face à leur concentration excessive au profit de quelques filières dominantes ; la création d'un fonds spécifique pour soutenir les productions locales ; la reconnaissance institutionnelle des disparités historiques et structurelles des territoires d'outre-mer ; le renforcement des liens entre les paysan·nes de l'hexagone et des outre-mer pour construire un projet qui porte nos valeurs syndicales : autonomie alimentaire, justice sociale, et solidarité.
Une deuxième motion appelle à poursuivre le travail engagé pour améliorer les droits des paysannes et la place des femmes dans le monde agricole et contre les violences sexistes et sexuelles selon plusieurs axes : tendre vers la suppression des freins qui font que les femmes ont moins accès aux réunions et/ou aux responsabilités syndicales (jours et heures des réunions, garde d'enfant(s), remplacement dans les fermes…) ; mobiliser tous les outils déjà existants et envisageables pour, en interne comme sur les lieux d'activités professionnelles lutter contre les violences sexistes et sexuelles et les oppressions systémiques.
Le congrès a également voté une motion de soutien à la mobilisation contre le projet TGV Lyon-Turin qui va détruire plus de 1500 hectares de terres agricoles. Un projet qui symbolise, comme l'A69 et les mégabassines, des modèles archaïques face aux enjeux de transition, d'installation et de renouvellement des générations pour des fermes plus nombreuses.
Le rapport d'orientation a affirmé la volonté de la Confédération paysanne de continuer à défendre et accompagner tous les paysan·nes. Nous poursuivrons la défense de l'élevage, des éleveur·euses, qui font face à de nombreuses difficultés : sanitaire, climatique, renouvellement des générations, accès aux abattoirs… Obtenir des prix minimums garantis, notamment lors des discussions à venir sur l'Organisation commune des marchés agricoles (OCM*), reste aussi une priorité comme nos combats contre les prédateurs de la valeur, contre les accords de libre-échange, dont le Mercosur*. Nous serons également force de propositions pour faire évoluer la PAC* car le statu quo sur cette politique est impossible.