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Carottes au dichloropropène : une victoire dans le combat vers la sortie des pesticides

La Confédération paysanne vient de remporter une victoire dans l'affaire des carottes de Créances traitées au dichloropropène après le rejet du pourvoi en cassation des prévenus [1]. Douze producteurs et deux intermédiaires, un importateur et un revendeur, sont donc définitivement condamnés pour l’importation, la détention, l’usage, la publicité et la commercialisation d’un produit interdit.

Partie civile dans ce procès, avec 5 ONG* environnementales, la Confédération paysanne a agi dans la défense des intérêts généraux et collectifs de la profession agricole. La mise sur le marché, la détention et l'utilisation de produits interdits en France entraîne de la concurrence déloyale à l'égard les maraîcher·ères respectant cette interdiction et porte atteinte à l'image des carottes produites en France.

Au total, entre 2018 et 2020, plus de 132 tonnes de ce pesticide avaient été importées d'Espagne, dont plus de 107 tonnes avaient été appliquées sur des cultures de carottes. Pour rappel, cette matière active, classée cancérigène probable, est interdite dans l'Union européenne depuis 2007 mais son usage est resté autorisé en France jusqu'en 2018, à coup de dérogations durant plus de 10 ans. Ce laps de temps n'a pas été mis à profit pour mettre en place des solutions alternatives et il a permis à des importateurs et des revendeurs de réaliser des profits substantiels.

C'est le procès du système agro-industriel qui s'est aussi joué dans cette affaire, un système dont l'unique boussole est le profit à court terme. La dangerosité de ce pesticide a été ignorée dans le seul but de maintenir des rendements élevés au sein d'un marché européen et international impitoyable. Un marché où la recherche de prix bas a continué de s'imposer sur les enjeux de santé publique. Tant que la vision court-termiste sera la priorité, la sortie des pesticides restera une déclaration d'intention sans réelle application.

L'usage des pesticides en agriculture est indissociable de la compétition acharnée sur les prix. En sortir, présuppose donc une transformation de la condition économique faite aux paysan·nes, qui a fait des pesticides une béquille au revenu. C'est le sens du combat de la Confédération paysanne pour permettre aux paysan·nes, qui sont les premières victimes des pesticides, de s'en affranchir.

[1] L'arrêt de la Cour de cassation rendu le 23 avril dernier rend définitif l'arrêt de la cour d'appel de Caen du 10 février 2023 condamnant les prévenus à des peines d'amende allant de 10000 à 30000 euros pour les producteurs et de 60000 euros d'amende à 6 mois de prison avec sursis pour les intermédiaires.


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