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Irrigation et pesticides : quand les polleurs et les préleveurs refusent de payer

La FNSEA devance le gouvernement en annonçant triomphalement dans la presse un recul politique inadmissible : l’abandon pour l’agro-industrie du relèvement des redevances sur les pesticides et la ressource en eau. Cette réforme, pilier du financement du « plan Eau » présenté par Emmanuel Macron en mars 2023, devait faire contribuer les irrigants agricoles à hauteur de 10 millions d’euros et les utilisateurs de pesticides les plus dangereux pour l’environnement et la santé à hauteur de 37 millions d’euros.  

Une hausse des taxes visant à réparer une injustice 

Cette hausse des taxes sur les pesticides et l’eau prélevée est essentielle pour rééquilibrer le financement des Agences de l’eau, établissements publics dont la priorité est la préservation de la ressource en eau. Les Agences de l’Eau s’appuient sur des participations financières de tous les usagers de l’eau, avec un système très inéquitable. Ainsi en matière de prélèvements d’eau, en 2020, les irrigants (58% de l’eau douce consommée pour 15% des exploitations) ne contribuaient qu’à hauteur de 31,4 M€ contre 273,9M€ pour l’eau potable (26 % de l’eau consommée) ! Les déséquilibres en matière de pollution des eaux sont tout aussi prononcés !  

Cette réforme est recommandée depuis plusieurs années (voir par exemple ce rapport interministériel de 2022 et notre analyse), notamment par de nombreux acteurs de l’Eau (Comités de bassin, Comité national de l’eau…).  

Appliquer le principe pollueur-payeur pour une réelle transition agricole

 
La FNSEA a fait un travail opaque de sabotage au mépris des instances démocratiques : il conduit à exempter une fois de plus le monde agricole de toute transition. Le principe du pollueur-préleveur-payeur, insuffisamment appliqué en France, est une fois de plus piétiné, au détriment de la biodiversité, de la préservation des sols et d’une politique de sobriété en eau et en intrants. 

Augmenter les redevances, ça n’est pas punir des coupables, mais encourager les vertueux. Les leçons des stratégies précédentes nous l’indiquent : il faut un choc fiscal significatif pour enclencher rapidement des recherches de meilleures alternatives et des économies de consommation d’eau par la profession agricole.  

Renoncer à augmenter la redevance des principaux pollueurs amènerait une fois de plus les ménages et les collectivités à supporter les coûts de traitement de dépollution et du développement sans limite pour le secteur agricole de l’irrigation. 

Pour Antoine Gatet, président de France Nature Environnement : “On entend souvent que le frein au développement de l’agriculture biologique serait son prix élevé, mais si on faisait payer réellement à l’agriculture industrielle ce qu’elle coûte à la collectivité en pollution et en mise sous tension de la ressource par ses prélèvements, la bio deviendrait subitement très compétitive ! L’Agriculture française n’est pas condamnée à polluer et assécher”. 

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