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Un homme contre un peuple

Extraits de l'éditorial de Serge Halimi dans le Monde Diplomatique.

Vendredi 17 mars 2023

Hier, dans l’urgence, le président de la République a réuni un conseil des ministres pour acter le recours au 49.3. Seul moyen dont il dispose encore pour imposer sa réforme des retraites, malgré l’hostilité du parlement et des syndicats. Malgré la colère populaire.

Quelques semaines après l’accession de M. Emmanuel Macron à l’Élysée, un de ses partisans, l’actuel président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, résuma la politique économique et sociale qui allait suivre : « Objectivement, les problèmes de ce pays impliquent des solutions favorables aux hauts revenus .  » Ces privilégiés prouveraient ensuite leur reconnaissance envers leur bienfaiteur puisque, entre 2017 et 2022, du premier tour d’une élection présidentielle à l’autre, M. Macron vit son score chez les plus riches passer de 34 % à 48 %. Quand la gauche est au pouvoir, elle démontre rarement autant de maestria à satisfaire son électorat…

(...)

Décidée à persévérer malgré tout, la première ministre Élisabeth Borne s’inquiète néanmoins que son texte puisse « donner du grain à moudre au Rassemblement national ». Le président qui l’a nommée n’a pas ce souci. « En 2027, a-t-il expliqué en décembre dernier, je ne serai pas candidat, je ne serai donc pas comptable de ce qui arrivera . » La postérité pourra donc bien retenir de sa présidence arrogante qu’elle aura servi de marchepied à Mme Marine Le Pen, l’avenir de M. Macron est assuré. Si dans les semaines qui viennent il écrase la résistance populaire et conquiert ses galons de « réformateur » auprès de la droite et de la Commission européenne, il pourra ensuite discourir à Davos ou au Qatar, et prétendre à la direction d’Uber, de BlaBlaCar ou d’une banque d’affaires internationale.

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Dessin de Allan Barte

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