Quel coup de folie a poussé Verlaine à agresser sa mère ce jour de février 1885 ?
L'alcool et le besoin d'argent l'ont certainement conduit à ce comportement violent. Jugé pour ces faits au tribunal correctionnel de Vouziers le 24 mars 1885, il fût condamné à un mois de prison.
137 ans plus tard, cet événement, somme toute mineur, marque encore les esprits. La réputation du poète donne une résonance particulière à cet épisode judiciaire.
C'est une des raisons qui a motivé la communauté de communes de l'Argonne ardennaise à s'intéresser au tribunal de Vouziers, toujours debout, mais désespérément vide.
L'appel à manifestation d'intérêt de la ville de Vouziers, propriétaire du bâtiment, n'a pas débouché positivement. La municipalité a alors envisagé d'y transférer la bibliothèque municipale.
La communauté de communes a rejoint ce projet, en proposant d'installer l'office de tourisme dans ce même lieu et d'y adjoindre une micro-folie.
En l'absence de Roland CANIVENQ (Vice-Président en charge de la Commission Sport et Culture ), c'est Danielle ANDREY (Vice-Président en charge des Commissions Environnement et Développement touristique ) qui a présenté et défendu le projet devant les délégués communautaires.
Elle a indiqué que l'office de tourisme était à l'étroit dans son local actuel, et que la micro-folie apporterait un dynamisme culturel pour le territoire (le dispositif Micro-Folie consiste à intégrer un Musée Numérique au cœur d’un équipement déjà existant ).
Le souvenir du passage de Verlaine devrait, selon l'élue, rendre attractif ce nouveau pôle au cœur de la ville centre de l'intercommunalité.
Elle a insisté sur la complémentarité des trois activités prévues pour occuper le tribunal : par exemple, les touristes pourront facilement se rendre à la bibliothèque en cas de pluie.
Cette présentation a suscité de nombreuses questions et remarques de la part des élus communautaires. Les uns s'interrogeaient sur le coût du projet, d'autres sur le montage prévu avec la ville de Vouziers, ou sur la faisabilité de cette entreprise.
Motivés par les nombreux arguments mis en avant, élus de l'opposition de Vouziers ont eux aussi participé au débat , bien qu'ils avaient prévu de rester en dehors. Ils ont défendu le positionnement actuel de la bibliothèque municipale, ce qui leur a valu le reproche de refaire le débat du conseil municipal de la part du président Benoît Singlit.
Encore plus surprenante que cette prise de parole non programmée, mais cependant légitime, la déclaration de la sous-préfète a créé un trouble dans l'assemblée. Elle a déclaré intervenir en tant que simple citoyenne (mais une représentante de l'état peut-elle redevenir « simple citoyenne au sein d'une assemblée délibérative?). Guylaine Baghioni a défendu le projet, et la création d'un pôle autour des bâtiments des Tourelles, du tribunal et de la sous-préfecture.
Frédéric Mathias, le maire de Boult-aux-Bois, a réagi avec véhémence à cette prise de parole, en rappelant que seuls les élus ont droit à la parole au cours d'un conseil communautaire.
La règle qui existe pour les conseils municipaux s'applique aux conseils communautaires :
« .. seuls les conseillers municipaux ont le droit de s’exprimer lors d’une réunion du conseil municipal. Certes, des experts ou autres personnes qualifiées peuvent être entendus. Toutefois, de telles auditions ne concernent que des cas particuliers correspondant d’une manière générale à des compléments d’information des membres de l’assemblée sur des dossiers qui leurs sont soumis (ex : audition de représentants de l’État, agents et conseils de la collectivité, cocontractants de la commune, représentants d’un établissement public de coopération intercommunale). Dès lors, l’auditoire admis à être spectateur des débats du conseil a l’obligation de rester silencieux. En effet, le droit d’assister aux séances ne permet qu’une assistance passive et le droit d’entendre les débats ne comprend pas le droit d’y participer, voire de les troubler ».
Le président a ensuite donné la parole à une autre personne présente dans la salle, souhaitant sans doute relativiser l'impact de l'intervention précédente, Mais le message délivré fût aussi en défense du projet, laissant grande ouverte la question de l'intérêt et de la légalité de ces communications venant de non élus.
Le président a fini par recentrer les débats, en rappelant qu'il était juste demandé, pour le moment, de se prononcer sur l'intérêt communautaire du projet. Le vote a donné une petite majorité avec 47 voix pour valider la poursuite des études de faisabilité, 40 voix contre (9 abstentions).
Un maxi débat pour une micro-folie, alors que le vote du budget (moment fort de la vie d 'une collectivité) n'a donné lieu qu'à très peu de débats, et a été obtenu à la quasi unanimité.