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Pourquoi Emmanuel Macron est-il accusé d’inaction climatique ?

L’an dernier, l’ONU sacre Emmanuel Macron “champion de la Terre”. Pourtant, quelques semaines plus tard, L’Affaire du Siècle et ses 2 millions de soutiens accusent l’Etat d’inaction climatique. Alors, Emmanuel Macron : roi du climat ou du blabla ? On décrypte !

Côté climat, les infos fusent, et il est vite difficile de s’y retrouver. Au jour le jour, on a l’impression que les responsables politiques multiplient les initiatives. Ainsi en France, le gouvernement a décrété un “acte 2 du quinquennat centré sur l’écologie”, puis créé en quelques mois un “Haut conseil pour le climat”, un “Conseil de défense écologique”, ou encore une “Convention citoyenne pour le climat”. Cette profusion de déclarations et d’instances est la parfaite illustration des manœuvres “dilatoires” du gouvernement. Un terme compliqué pour dire quelque chose de simple. Est dilatoire “ce qui vise à gagner du temps, à retarder un délai”. Pourtant, de délai, il n’y en a plus. Dès 1990, l’alerte des scientifiques du GIEC était claire : nous vivons un changement climatique accéléré, causé par les activités humaines, qui risque de provoquer des dommages considérables. Trente ans plus tard, l’alerte du GIEC s’est transformée en cri d’alarme pour la survie de l’espèce humaine, sans compter la perte de biodiversité déjà constatée. La situation s’aggrave. Réaction d’Emmanuel Macron : multiplier les discours, les promesses et les fausses annonces. Démonstration en 3 actes.

Le CETA, pour une planète dans un sale état

Le discours :

“Mettons-nous en conformité avec les engagements que nous avons pris. Ne signons plus d’accords commerciaux avec les puissances qui ne respectent pas l’Accord de Paris ”. E. Macron, septembre 2018, devant l’Assemblée générale des Nations Unies.

Les faits :

Le CETA, accord commercial avec le Canada, passe en juillet 2019 devant l’Assemblée nationale. Soutenu par Emmanuel Macron, l’accord est voté par la majorité LREM (il passera devant le Sénat à l’automne).

Pourtant :

  • Le Canada ne respecte pas les Accords de Paris (il ne respecte pas ses objectifs de réductions de gaz à effet de serre, par exemple).
  • Le Canada exploite l’un des pétroles les plus sales de la planète : les sables bitumineux. Les exportations vers l’Union européenne ont déjà augmenté de 63 % sur les 12 premiers mois d’application provisoire du CETA. 
  • Ce traité encourage les flux commerciaux : mécaniquement le transport de marchandises va donc augmenter, et avec lui les émissions de gaz à effet de serre.
  • Le CETA  crée une justice parallèle scandaleuse : des tribunaux d’arbitrage privés permettent aux entreprises étrangères d’attaquer les législations et décisions publiques contraires à leurs intérêts commerciaux.
  • Le “véto climatique” n’est qu’une formule séduisante qui ne permet pas de bloquer la procédure de contentieux commercial des multinationales contre les Etats.

Les forêts : préservons-les, mais rasons-les gaiement

Le discours :

Il faut stopper le processus de déforestation industrialisée maintenant un peu partout et on a véritablement un écocide qui est en train de se développer à travers l’Amazonie et pas seulement au Brésil.” Emmanuel Macron, le 26 août 2019 à Konbini.

Les faits :

La France “importe” massivement la déforestation

  • Avec l’élevage industriel et la surconsommation de viande, d’œufs et de produits laitiers, on importe des millions de tonnes de soja chaque année afin d’alimenter notamment nos fermes-usines. Or pour produire ce soja, on rase des écosystèmes précieux et uniques, particulièrement en Amérique du Sud.
  • La France a autorisé Total à produire à la Mède des agro-carburants à base d’huile de palme. Avec une capacité de 550 000 tonnes d’huile de palme, cela représente une hausse de 64% du total de l’huile de palme consommée en France. Concrètement, ce sont des dizaines de milliers d’hectares de forêts tropicales qui vont être détruits. La production a commencé cet été.

Une stratégie contre la déforestation importée a bien été adoptée en 2018 mais :

  • ce texte ne comporte aucune mesure contraignante et prévoit de mettre un terme à la déforestation générée par l’activité de la France d’ici… à 2030. C’est pas demain !
  • Ce texte se veut uniquement incitatif et reposera sur le bon vouloir des acteurs privés. Un non-sens : les entreprises qui ont déjà pris des engagements Zéro Déforestation se montrent incapables de les tenir.

 

Energies fossiles : aux grand pollueurs les subventions

Le discours :

“Il faut stopper le processus de déforestation industrialisée maintenant un peu partout et on a véritablement un écocide qui est en train de se développer à travers l’Amazonie et pas seulement au Brésil.” Emmanuel Macron, le 26 août 2019 à Konbini.

Les faits :

En 2019, la France subventionne les énergies fossiles à hauteur d’au moins 11 milliards d’euros, avec : 

  • un nombre important d’exonérations et de taux réduits sur les taxes énergétiques : par exemple, l’inexistence d’une taxation sur le carburant des avions 
  • des soutiens publics aux entreprises françaises polluantes à l’étranger (garanties export) 
  • des investissements d’EDF qui sont des investissement de l’Etat, une majorité du capital social étant détenu par celui-ci.

 Aujourd’hui, le prix du carbone est beaucoup moins élevé pour les industriels que pour les ménages, et beaucoup plus impactant pour les classes populaires que pour les plus riches.

Stop au blabla, place aux actes !

Emmanuel Macron doit prendre ses responsabilités face au défi climatique : il lui revient d’impulser un changement radical de politique pour préserver notre avenir à tous et toutes. Cela commence par une fiscalité socialement juste au service de la lutte contre le changement climatique, la possibilité donnée à toutes et tous de se déplacer proprement, le droit à une alimentation saine et durable pour toutes et tous, le développement massif des énergies renouvelables et la fin des cadeaux aux grandes entreprises !
Le 23 septembre, avec le Sommet spécial de l’ONU sur le climat, Emmanuel Macron ne pourra être crédible sans un engagement fort : celui de réviser l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France à la hausse, et mettre les moyens sur la table pour l’atteindre.

Il est encore temps d’agir, à condition de se mobiliser maintenant, ensemble, partout, à toutes les échelles. Depuis un an, les marches climat s’intensifient, les actions de désobéissance civile non-violentes se multiplient. Contre l’inaction climatique, mobilisons-nous !

 

 

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