100 années après les faits, Michel Coistia a relaté ce premier novembre l'épopée des volontaires tchécoslovaques lors de la Première Guerre mondiale, et leur engagement à Vouziers, Chestres, Terron et Vandy.
C'est dans la grande salle des Tourelles, bien remplie pour l'occasion, que la conférence a été donnée, permettant la projection des documents cartographiques et photographiques sur le grand écran du cinéma. Grace à un long travail de recherche, l'orateur a pu faire découvrir au public vouzinois de rares et précieux clichés, venant en particulier des archives militaires tchèques.
Michel Coistia a résumé l'histoire de ces peuples slaves, privés pendant des siècles de leur souveraineté en étant inclus dans l'Empire austro-hongrois. C'est pour cela que beaucoup de Tchèques et de Slovaques furent incorporés de gré ou de force dans l'armée autrichienne en 1914. Ils combattirent principalement sur les fronts est (Russie) et sud (Italie). Des prisonniers "retournés" y formeront une grande partie des légions tchécoslovaques.
En France, l'histoire des légionnaires tchécoslovaques passe par Bayonne. C'est là que les premiers combattants ont été incorporés au 2e régiment de marche de la Légion étrangère.
Remise de drapeau au 21e régiment tchécoslovaque, camp de Darney, Vosges, 30 juin 1918.© ECPAD/Bressolles
Ce n'est qu'en 1918 que des régiments "autonomes" sont créés, avec l'accord politique des dirigeants français, qui avaient ainsi approuvé tacitement (et tardivement) la création d'un état tchécoslovaque.
Les combats de la "bataille de Vouziers" se déroulent dans ces moments historiques de la naissance d'une nation. Ils y sont intimement liés, puisque les faits militaires et les avancées politiques ne peuvent être dissociés dans la résurgence de l'état tchécoslovaque.
Voici un résumé de cette page d'histoire, repris du site cheminsdememoire
Les 21e et 22e RCT forment la 1re brigade d'infanterie tchécoslovaque, d'environ 7 000 hommes, aux ordres du colonel Philippe. Lors des premières offensives, les deux chefs de corps de la brigade tchécoslovaque sont français (lieutenants-colonels Gillain et Gardan) et un seul chef de bataillon sur six est tchécoslovaque (commandant Husak).
Le 30 juin, au camp Kléber, à Darney (Vosges), le président de la République, Raymond Poincaré, en présence d'Édouard Benes, remet leur drapeau national aux volontaires tchécoslovaques qui prêtent serment.
En juillet, le 21e RCT, rejoint en septembre par le 22e, gagne le front d'Alsace, près d'Aspach. Les deux régiments font partie de la 53e division d'infanterie du général Guillemin, jetée dans l'offensive de la 4e armée Gouraud à partir du 16 octobre, qui livre les combats de Vouziers.
Le 18 octobre, elle passe l'Aisne, le 3l9e RI prend Vandy puis, le 20, Terron. L'ennemi est repoussé de Chestres mais, le 21, il contre-attaque pour reprendre les hauteurs de la rive droite, reconquérir le village de Terron défendu par le 319e RI et le 21e RCT. Le 21e reprend Terron, maison par maison. Le 22 octobre, la lutte est générale pour la cote 153, près de Chestres, où les Allemands résistent avec acharnement. La 134e DI du général Petit participe à l'attaque, son 65e RI marchant avec les Tchécoslovaques. Les 65e, 205e, 319e RI, 21e, 22e RCT n'arrivent pas à briser l'ennemi, malgré une nouvelle tentative du 2e bataillon du 22e chasseurs. Le 23, un assaut des 22e RCT et 65e RI est arrêté par des tirs d'obus à gaz. Une douzième attaque franco-tchécoslovaque, menée dans l'après-midi, échoue à son tour.
La fatigue due aux combats apaise le secteur durant trois jours. Le 27, un assaut des 21e et 22e RCT, avec les Nantais du 65e RI, se heurte aux tirs des défenseurs. Épuisées, les 53e et 134e DI sont envoyées au repos à l'arrière.
Pour sa belle attitude au feu, la brigade tchèque est citée à l'ordre de la 4e armée : "ardents à l'attaque, acharnés dans la défensive, impassibles sous les feux d'artillerie les plus violents, ses régiments ont parfaitement rempli toutes les missions qui leur ont été confiées et donné toute satisfaction aux chefs qui ont eu à les employer. Signé général Gouraud". Le 65e RI breton reçoit une quatrième citation, gagnant ainsi la fourragère de la Médaille militaire.
La 53e DI se regroupe vers Livry-sur-Veule où elle apprend l'armistice le 11 novembre.
Le 14 juillet 1919, aux côtés des autres Alliés, les Tchécoslovaques défilent sous l'Arc de Triomphe de l'Étoile, à Paris.
L'histoire ne s'arrête pas avec l'armistice et la fin de la guerre. Des monuments et des cérémonies vont perpétuer le souvenir de ces combats, et l'amitié franco-tchécoslovaque sera également mis en valeur par des constructions civiles, avec en particulier l'école de filles de Vouziers (lycée Masaryk actuel), bâtiment offert par les Tchécoslovaques à la France.
Pèlerinage de volontaires tchécoslovaques à Chestres, posant devant la stèle qui vient d'être édifiée.