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Renouveler les vieux schémas

La politique ne se limite pas à gérer "au mieux" les conséquences sociales d'une économie libérale, c'est aussi savoir sortir des sentiers battus et proposer des solutions innovantes pour l'avenir.

Si l'opposition au nucléaire date de plus de 30 ans, les "écolos" avec leur badge "non merci" illustré d'un soleil apparaissaient pour certains comme de doux rêveurs.

Depuis lors, c'est le cauchemar du nucléaire qui est devenu une réalité : Tchernobyl, puis Fukushima. Et la réflexion a muri suite à ces catastrophes, en particulier au Japon. Ce pays qui était un des plus équipés en centrales nucléaires envisage une sortie totale du nucléaire, et a continué de fonctionné en fermant toutes ces centrales nucléaires.

En France, un récent rapport de l'ADEME rend crédible une perspective d'une énergie 100 % renouvelable pour 2050, à condition de faire ce choix maintenant. Ce rapport s'appuie sur une utilisation optimisée de l'énergie, avec interconnections et stockage. Le coût estimé est à peine supérieur à celui du renouvellement des centrales nucléaires existantes, avec les dangers en moins.

Ce rapport qui devait être rendu public est resté secret jusqu'à sa publication par le site Médiapart. (voir le rapport de l'ADEME)

Voici ce qu'en dit le journal Politis

"Mais c’était compter sans Médiapart, qui s’est procuré l’étude et l’a publiée sur son site. Pourquoi ce report ? interroge le site d’information. « Certains aspects doivent être confrontés avec les professionnels du secteur, notamment sur des points économiques », répond le service de presse de l’Ademe. Il faut dire que cette étude tombe alors que la loi de transition énergétique est en cours d’adoption au Parlement. Celle-ci doit entériner l’objectif fixé par François Hollande : réduire la part du nucléaire à 50 % de la production d’électricité d’ici à 2025 (contre 75 % aujourd’hui) et augmenter celle du renouvelable à 40 %.

La justification de ce seuil ? Le maintien de l’atome serait nécessaire car moins onéreux. Pourtant, les estimations de l’étude montrent que le passage au tout-renouvelable (qui mixe l’éolien, le solaire, l’hydraulique et la géothermie) ne coûterait que 28 € de plus par mégawattheure soit 119 € contre 91 € actuellement. Ce coût « maîtrisé », selon le rapport, fait quasiment jeu égal avec celui d’un modèle énergétique comprenant seulement 40 % d’énergies renouvelables. Dans ce cas, le coût est évalué à 117 €/MWh, 2 € de moins que dans le scénario à 100 %."

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Le site "actu-environnement" explique les solutions techniques envisagées :

La France dispose d'un potentiel renouvelable considérable

Autre révélation de l'Ademe : l'étude estime que le potentiel de production électrique des EnR, toutes filières confondues, peut atteindre 1.268 TWh, soit trois fois la demande annuelle d'électricité de 422 TWh en 2050. Il y a donc un potentiel plus abondant que la production requise. Ce qui laisse de la marge de manœuvre en termes de répartition et de planification territoriale de l'implantation des EnR.

Les équipements qui permettent de moduler la demande sont passés en revue. Ils permettent de jouer sur les décalages de consommation et d'effacer les pointes : 10,7 millions de véhicules électriques ou hybrides rechargeables dont on optimisera la recharge à des bornes ; l'intégralité du chauffage des ballons d'eau chaude sanitaire (chauffe-eau) du secteur résidentiel est supposé pilotable au sein d'une journée ; 75% du chauffage électrique tertiaire et résidentiel (utilisant des PAC) est effaçable ; la moitié des usages électro-ménagers de lessive et séchage de 75% des consommateurs résidentiels est supposée pilotable quotidiennement, estime l'étude.

Des stockages multiples

Trois types de stockage sont considérés dans l'étude : un stockage dit de court-terme (6 heures de durée de décharge) de type batteries ; des Stations de transfert d'énergie par pompage (dites STEP), constituées de deux bassins hydrauliques à des altitudes différentes permettant un stockage infra-hebdomadaire (32 heures de durée de décharge). L'intérêt du stockage power-to-gas par méthanation est confirmé. Les transferts interrégionaux du gaz sont réalisés sur le réseau de gaz (dont on présuppose l'existence). Les placements géographiques des filières de "power to gas" et "gas to power" sont optimisés (et indépendants l'un de l'autre).

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Voici un extrait du rapport de l'ADEME (perspectives page 106) :

Les résultats de la présente étude ont ainsi permis d’évaluer les conditions et  contraintes associées à la perspective d’atteindre un mix fortement renouvelable à  l’horizon 2050.

Il a d’une part été vérifié qu’un mix 100% renouvelable pouvait être robuste à des conditions météorologiques défavorables (notamment des périodes sans vent sur l’ensemble du pays, de vagues de froid, ou de sécheresse).

D’autre part, la possibilité de parvenir à une fourniture d’électricité 100% renouvelable a été étudiée pour plusieurs scénarios d’évolutions sociétales, en termes de niveaux d’acceptabilité ou de maîtrise de la demande. S’il a été possible de calculer un parc électrique 100% renouvelable adapté pour chacun de ces scénarios, ils ne sont pas tous autant favorables en termes de coûts. Notamment, pour que le coût de la fourniture d’électricité reste maîtrisé (d’un ordre de grandeur comparable à celui d’un cas d’étude 40% renouvelable) à cet horizon, des efforts relatifs à la consommation (c’est-à-dire sur le pilotage, le volume annuel et la pointe), l’acceptabilité afférente au réseau et à l’occupation des sols par les EnR sont requis. En outre si la mixité des technologies exploitées n’est pas un prérequis absolu pour l’atteinte d’un objectif 100% renouvelable, il a été avéré que la complémentarité du solaire et de l’éolien, ainsi que la combinaison de stockages de durées plus ou moins longues était l’un des paramètres essentiel quant à la maîtrise du coût annuel de la fourniture d’électricité.

De nombreuses pistes, en lien avec l’analyse des paramètres les plus à même d’abaisser le coût d’un tel scénario, ou bien avec l’exploration de contraintes non prises en compte à ce jour dans la modélisation, restent aujourd’hui à explorer.

Dans le domaine de l'énergie, il existe donc d'autres choix que ceux proposés jusqu'alors, possibilité qui repose sur des études approfondies. La crainte du nucléaire n'est plus qu'un simple fantasme d'écolos retardés, c'est une triste réalité que subissent des millions de personnes à travers le monde.

Le débat doit s'ouvrir le plus largement possible sur le rapport de l'ADEME, qui n'a aucune justification à rester non diffusé par les tutelles de l'agence.

 

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