Communiqué publié par Greenpeace le 9 décembre 2025
Alors que RTE vient de publier la mise à jour de ses bilans prévisionnels 2025-2035, Greenpeace France souligne que cette publication confirme le retard de plus en plus important de la France sur sa transition énergétique. L’association alerte sur le risque que cette publication serve de prétexte à des politiques publiques freinant encore plus notre transition, notamment par un ralentissement du développement des énergies renouvelables plutôt qu’à un changement de cap nécessaire de politique énergétique permettant une décarbonation rapide et massive des usages.
“La dynamique actuelle est inquiétante, tant la France ne parvient pas à baisser ses émissions de façon significative en 2024 et 2025. Il est donc urgent de changer de politique énergétique pour permettre réellement une décarbonation de notre société, autour de la sobriété, de l’efficacité et des énergies renouvelables”, souligne Nicolas Nace, chargé de campagne Transition énergétique pour Greenpeace France.
Les retards pris sur la décarbonation de plusieurs secteurs, notamment du bâtiment et du transport, mais aussi sur la sobriété, l’efficacité énergétique et l’électrification des usages, sont la conséquence logique de politiques publiques incohérentes, de stop&go incessants (sur la rénovation des bâtiments, sur le leasing électrique…), de soutiens toujours importants aux lobbies et aux énergies fossiles et fissile et de renoncements face aux attaques populistes de la droite et de l’extrême droite.
Conséquences de ces retards, notamment sur l’électrification des usages : la consommation d’électricité est en stagnation, et les hausses prévues par RTE dans les 5 à 10 prochaines années ont été révisées à la baisse.
Cette publication RTE intervient alors que la PPE se fait toujours attendre… depuis plus de deux ans. Ces prévisions ne manqueront pas d’être récupérées pour demander un moratoire sur les énergies renouvelables, par les promoteurs du statu quo de notre dépendance aux fossiles et par les conservateurs obsédés par une relance d’une énergie nucléaire pourtant trop chère, trop lente et dépassée par les énergies renouvelables partout dans le monde.
“Le retard de la France sur sa transition énergétique ne peut en rien justifier la destruction des rares filières indispensables, prometteuses et en dynamique positive dans notre pays : l’éolien et le photovoltaïque, ainsi que les dizaines de milliers d’emplois associés. Nous sommes déjà à la dérive face au changement climatique, et la solution proposée serait de saborder notre navire ?”, s’interroge Nicolas Nace.
L’essor des énergies renouvelables, plébiscitées par la population, est au contraire une formidable opportunité pour accélérer notre transition énergétique, offrant une électricité bas-carbone, rapidement déployable partout sur nos territoires, et bon marché.
- Via la mobilité électrique, les panneaux solaires offrent une alternative moins chère et facilement accessible pour remplacer les carburants issus du pétrole.
- Les éoliennes, sur terre et en mer, produisent plus en hiver là où les besoins de chauffage sont plus importants et pourront répondre à l’essentiel des besoins de bâtiments rénovés de façon performante et équipés de chauffages bas-carbone et efficaces tels que les pompes à chaleur.
- Le développement des batteries, dont l’essor actuel est similaire à celui du photovoltaïque sur la dernière décennie, permettra de lisser la variabilité journalière de l’éolien et surtout du solaire.
Greenpeace France appelle le gouvernement à revoir sa feuille de route pour un plan massif et rapide de décarbonation de nos secteurs les plus émetteurs, transport, bâtiment et industrie, via des politiques de sobriété, d’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables pour sortir au plus vite de notre dépendance aux énergies fossiles, pour créer des filières de transition créatrices d’emplois (rénovation, mobilité électrique, énergies renouvelables…) et pour être enfin à la hauteur de nos objectifs climatiques.
Notes aux rédactions
Selon un sondage IPSOS / Réseau Action Climat d’octobre 2025, 75 % des Françaises et des Français sont favorables au développement des énergies renouvelables (éolien, solaire, etc), et selon un autre sondage IFOP, 84 % des Français interrogés déclarent avoir une bonne image des énergies renouvelables, 94 % chez les riverains d’installations d’énergies renouvelables.
La France vient d’atteindre laborieusement, avec quatre ans de retard, l’objectif de 23 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie, ce qui la place au 15e rang sur les 27 pays de l’Union européenne. Ces résultats, pourtant peu reluisants, n’empêchent pas certains politiques de tenter de saborder le développement des énergies renouvelables à la moindre occasion, comme on l’a vu lors des travaux sur la proposition de loi Grémillet.
