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La face cachée de l’or noir au Nigéria.

Communiqué d'Amnesty International

Trente ans de lutte du peuple Ogoni pour la justice contre les destructions de Shell.  

Le delta du Niger est l’une des régions les plus polluées au monde par les fuites de pétrole. L’un des principaux acteurs pétroliers, Shell, exploite la région depuis plus de soixante-dix ans. De nombreuses violences émaillent l’histoire de ce territoire qui culminent lors de l’exécution de neuf militants ogonis en 1995. Trente ans plus tard, les neufs Ogonis ont été graciés par le président du Nigéria. Mais justice ne leur est toujours pas rendue. Plongée au cœur de l’histoire de ce combat des défenseurs de l’environnement qui dure depuis plus de trente ans.  

 

Le 10 novembre 1995, neuf hommes sont pendus au Nigéria. Ces hommes sont des Ogonis, une minorité ethnique qui vit dans le delta du Niger. Ils ont été déclarés coupables de meurtres qu’ils n’avaient pas commis. Lorsque l’affaire Shell au Nigéria éclate au grand jour, la complicité de l’entreprise pétrolière dans leur mise à mort est pointée du doigt. Retour sur une affaire qui a défrayé la chronique et qui n’en finit pas de faire parler d’elle.  

Depuis les années 1950, la multinationale anglo-néerlandaise fore, pompe et exporte le pétrole du delta du Niger. Une région luxuriante du sud du Nigéria, traversée de rivières et de mangroves qui est devenue au fil des ans un paysage de désolation. Des milliers de fuites de pétrole ont noirci les eaux, empoisonné les sols, détruit les cultures et décimé les réserves de poissons. Shell plaide non coupable : ce serait l’œuvre de saboteurs, de raffineurs illégaux qui volent le pétrole. Mais les enquêtes indépendantes menées par des tribunaux et des ONG dont Amnesty International, racontent une autre histoire. Shell n’a pas entretenu ses oléoducs, n’a pas dépollué les terres gorgées de pétrole et n’a pas protégé les populations. Pire, la compagnie est à l’origine de graves violences commises envers celles et ceux qui ont voulu protéger leurs terres.   

Au cœur de ce désastre écologique, le peuple des Ogonis. Leurs terres ont été saccagées, leurs droits violés. Mais ils sont décidés à ne plus être les témoins silencieux de cette catastrophe. En 1990, ils fondent le Mouvement pour la survie du peuple Ogoni, le MOSOP. Leur arme : la non-violence. Leur revendication : le droit à la vie, à la terre, à l’eau, à un environnement sain. Très vite, leur mobilisation dérange les intérêts de Shell et du gouvernement nigérian. Le delta du Niger est une manne financière, c’est l’une des plus importantes régions productrices de pétrole au monde. Shell s’inquiète de la contestation populaire et demande au gouvernement d’intervenir. La répression s'abat : des villages sont incendiés, des centaines de personnes sont assassinées, des corps sont jetés dans les rivières. Les violences culminent en 1995, lors de l’exécution des neufs militants ogonis dirigeant le MOSOP, dont l’écrivain Ken Saro-Wiwa, à l’issue d’un procès inique. Depuis, cette histoire hante le delta du Niger. 

Trente ans après, les nappes restent polluées, les terres stériles, et les promesses de dépollution peinent à se concrétiser. Mais le peuple des Ogonis poursuit sa lutte pour la justice et pour la préservation de ses terres. Leur combat a marqué un tournant dans l’histoire : il a ouvert la voie à la responsabilité des multinationales quant à leur impact sur les droits humains et l’environnement, à la reconnaissance du devoir de vigilance des entreprises, et à la lutte pour la justice climatique.  

Depuis trente ans, Amnesty International se bat à leurs côtés. Nos enquêtes ont révélé les mensonges de Shell et les preuves de sa complicité dans les violations des droits humains au Nigéria.  

Aujourd’hui encore, nous continuons de porter la voix des neuf Ogonis exécutés et d’exiger la réhabilitation du poète Ken Saro-Wiwa, symbole d’un peuple qui n’a jamais cessé de réclamer justice. Nous sommes à leur côté pour obtenir vérité, justice et réparation pour les Ogonis, et garantir que de telles violations ne se reproduisent plus. Car raconter leur histoire, c’est dévoiler la face cachée du pétrole : celle des vies brisées, des terres empoisonnées par cet “or noir”.  

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