Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Mort aux écolos » : France nature environnement, « cible facile » de syndicats agricoles

Extraits de l'article d'Estelle Pereira pour Basta!, publié le  

Violences et intimidations à l’égard des associations du réseau France nature environnement se multiplient. Les responsables des attaques sont à chercher du côté d’organisations agricoles. Que fait l’État ?

Il faisait nuit noire le 18 octobre dernier, lorsque Daniel Jarrige, président de l’association Saint-Junien environnement, en Haute-Vienne, entend le vrombissement d’un engin agricole devant chez lui. À peine sorti, il découvre un tracteur et une benne en train de déverser des pneus, des branches et de la terre devant son portail. Au-dessus du monticule, le drapeau jaune de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français. « Je m’attendais à des représailles. Mais pas directement à mon domicile », témoigne-t-il, encore abasourdi.

Pour le militant, il n’y a pas l’ombre d’un doute : cet acte, également orchestré la même soirée devant le domicile du trésorier de son association, est une « vengeance », alors que se tenait, plus tôt dans la journée, le procès d’un ancien cadre de la Coordination rurale du département (CR87). Ce dernier était jugé pour avoir lâché des animaux sauvages, dont un ragondin, dans un cinéma, en janvier 2023 à Limoges, pour perturber la diffusion d’un film sur l’impact des mégabassines dans le marais poitevin.

L’opération avait été revendiquée par le syndicat sur les réseaux sociaux avec cette phrase : « Les écolos terroristes veulent de la biodiversité, la CR87 leur en a livré. » « En sortant du tribunal, nous avons eu droit à une haie d’honneur avec des menaces du type : “on vous retrouvera”, “on sait où vous êtes”, “on s’occupera de vous” », relate Daniel Jarrige.

 

(...)

« Mort aux écolos »

Si le déversement de déchets devant les locaux de FNE n’est pas une pratique nouvelle, la violence des slogans qui accompagnent ces actions inquiète les militants. En novembre dernier, Michel Galliot, président de FNE Limousin, alertait la procureure de la République de Limoges. « Les menaces et actes envers nos salariés, adhérents et sympathisants deviennent une réalité », écrivait-il. Citant le cas de la banderole « mort aux écolos » affichée lors d’une fête de village en Corrèze. Ou encore le communiqué de presse du président de la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne, d’août 2023, invitant les propriétaires fonciers et forestiers à sortir les associations écologistes de leur propriété « par tous les moyens ».

« Ces menaces au grand jour peuvent dissuader des habitants qui seraient témoins d’une infraction ou d’une pollution de témoigner », regrette Michel Galliot. En effet, le message de la chambre d’agriculture de Haute-Vienne fait allusion aux bénévoles qui alimentent le programme de FNE « Sentinelles de la nature ». Cette carte participative permet de signaler une pollution ou à l’inverse des initiatives favorables à l’environnement. « Ces invectives nous inquiètent pour nos salariés qui sont missionnés par l’État pour réaliser les inventaires naturalistes sur le terrain », poursuit Michel Galliot.

Quasiment toutes les agressions font l’objet d’une plainte. « L’idée est de montrer que nous ne nous laisserons pas intimider et que nous continuerons notre travail », explique une juriste de l’association. FNE déplore que ces plaintes soient « systématiquement classées sans suite parfois sans enquêtes. Alors même que les personnes et les syndicats agricoles commanditaires de ces faits se sentant tellement au-dessus des lois, les signent, publient et revendiquent leurs forfaits sur les réseaux sociaux ». L’association environnementale dénonce le deux poids deux mesures de l’État. « Quand on voit la répression policière à l’œuvre lors des manifestations des mouvements écologistes, on se dit que deux logiques différentes sont à l’œuvre », accuse Gaëtan Deltour.

(...)

fne.jpg@.webp?1737462782

À Narbonne, le 25 novembre 2023, des membres des Jeunes Agriculteurs portent un faux cercueil ou il est écrit « FNE fossoyeur de la ruralité », lors de la manifestation des vignerons. ©Idriss Bigou-Gilles / Hans Lucas.

Écrire un commentaire

Optionnel