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Attention danger populisme

Article de Grégory Rzepski  publié dans le Monde Diplomatique daté de mai 21024.

Il a fait l’École des hautes études commerciales (HEC) puis du business, comme son père. Il manage désormais l’administration française. Le ministre de la fonction publique Stanislas Guerini voudrait pouvoir licencier plus facilement les tire-au-flanc. Le gouvernement doit économiser 10 milliards d’euros en 2024.

Deux maisons de campagne, un appartement parisien de plus de 200 mètres carrés : le patrimoine de M. Guerini s’élevait à 4 millions d’euros en 2022. Aux 80 000 fonction­naires qui n’ont pas obtenu d’habitation à loyer modéré (HLM) en 2023 faute de place, aux millions de Français dont les revenus ne suffisent plus à se loger, le gouvernement promet non pas de financer le besoin en logements sociaux, mais d’expulser les locataires qui dépasseraient les plafonds de revenus. Ou, comme l’écrivaient les Gracques dans une note en 2021, d’« accélérer la rotation dans le parc social ».

Ce think tank compte dans ses rangs M. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France. Lequel bénéficie d’une indemnité logement de 6 182 euros par mois, en plus de son salaire de 25 321 euros (1). Le prix d’un homme de convictions (le catholicisme social n’exclut pas un peu d’aisance) : après « quinze ans sans que les gouvernements tiennent (…) leurs engagements », s’est-il agacé lors d’une conférence en mars dernier, il faudrait s’occuper « enfin sérieusement » des dépenses publiques. Effectifs réduits, sites fermés : M. Villeroy a montré l’exemple. Et quand trois agents de la Banque de France se sont suicidés en 2023, le grand commis de l’État n’a pas hésité à déclencher un « plan bien-être au travail » (2).

M. Pierre Moscovici confirme aux Échos que M. Villeroy de Galhau a le « service public chevillé au corps ». Il s’y connaît. Quand le gouvernement a admis en février une nette aggravation du déficit, le premier président de la Cour des comptes a exigé 50 milliards d’euros d’économies. « Pas de secteur totalement sanctuarisé. La sphère sociale (…) doit contribuer », a tancé M. Moscovici. Qui a choisi d’ajouter ses pensions d’élu et de commissaire européen à son traitement de haut fonctionnaire pour percevoir 23 000 euros par mois.

« On ne peut pas continuer avec ce niveau de générosité », s’offusquait M. Jean-René Cazeneuve, rapporteur général du budget, dans L’Opinion le 17 avril. Il pensait lui aussi aux prestations sociales. Au titre de sa mission en cours sur les rentes, le député Renaissance du Gers a d’emblée exclu une réforme de l’imposition du capital. En 2023, il possédait 353 000 euros d’actions Bouygues Telecom, son ancien employeur.

Selon un rapport de France Stratégie paru cet automne, la politique menée depuis 2017 — instauration d’un prélèvement à taux unique sur les revenus financiers, suppression de l’impôt sur la fortune, baisse de celui sur les sociétés… — n’a fait qu’accroître les revenus financiers de contribuables parmi les plus aisés. Le ministre de l’économie Bruno Le Maire entend poursuivre dans cette voie. « Bas les masques sur le populisme ! », tweetait-il le 23 mars dernier.

Grégory Rzepski

(1« Rapport annuel de la Banque de France 2023 », 15 mars 2024.

(2Clotilde Mathieu, « Banque de France : dès 2019, un rapport pointait le risque de suicides », L’Humanité, Saint-Denis, 9 octobre 2023.

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