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Centrale de Fukushima : l’eau radioactive bientôt rejetée dans l’océan

Extraits de l'article de Reporterre du 05.07.2023.

Le rejet dans l’océan des eaux contaminées par la catastrophe nucléaire de Fukushima a été approuvé le 4 juillet par l’Agence internationale de l’énergie atomique. Au Japon, les inquiétudes sont nombreuses.

C’est le feu vert que le gouvernement japonais et l’électricien Tokyo Electric Power Company (Tepco) attendaient avec impatience. Mardi 4 juillet, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a estimé dans un rapport que le projet du Japon de rejeter dans l’océan Pacifique les quelque 1,3 million de tonnes d’eau contaminée par l’accident nucléaire de Fukushima était « conforme aux normes de sûreté internationales » et aurait « un impact radiologique négligeable sur les personnes et l’environnement ».

Ce rapport est une étape supplémentaire de franchie dans la liquidation de la catastrophe nucléaire qui a frappé le Japon en 2011. Les installations de rejet, en face de la centrale accidentée, sont déjà prêtes. Tepco a achevé lundi 26 juin le forage d’un tunnel sous-marin d’1 kilomètre de long où transiteront les eaux contaminées, et fini d’installer le filtre à sa sortie. Les derniers tests de ces installations de déversement ont été réalisés le 27 juin, et ceux des installations de dilution et de transfert le 28 juin.

D’après le quotidien économique japonais Nihon keizai shinbun du 4 juillet, les rejets devraient démarrer au mois d’août. Aucune mesure restrictive concernant la pêche, la baignade ou toute autre activité n’est prévue pour accompagner ces déversements.

Un site d’entreposage bientôt saturé

Actuellement, quelque 1,34 million de mètres cubes d’eau contaminée sont entreposés sur le site, dans plus d’un millier de citernes d’acier. « Ils sont à 97 % de la capacité d’entreposage du site, qui est de 1,39 million », indique à Reporterre Jean-Christophe Gariel, directeur général adjoint chargé de la santé et de l’environnement à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui a visité le site en avril dernier. Or, les Japonais doivent continuer de refroidir à grande eau le combustible encore contenu dans les réacteurs accidentés. Chaque jour, environ 140 tonnes d’effluents radioactifs supplémentaires pompés dans les installations viennent accroître ce stock.

Pour faire face au risque de saturation, plusieurs solutions ont été envisagées. Construire de nouvelles cuves ? « Le site où sont installées les citernes est entouré par l’Interim Storage Facility, dédié à accueillir les terres contaminées issues de la décontamination des territoires autour de la centrale. Il n’y a plus de place », indique M. Gariel. Installer un autre site d’entreposage plus loin ? « Il aurait fallu transporter les liquides radioactifs par la route, ce qui n’est jamais bon. Et trouver une municipalité qui les accepte, ce qui n’est pas gagné. »

Quant à la décontamination totale de l’eau, elle s’est révélée impossible. 35 % de l’eau entreposée à Fukushima a déjà été traitée. Pour ce faire, les Japonais ont développé la technique de décontamination Alps (pour advanced liquid processing system), qui permet d’éliminer 62 des 64 éléments radioactifs présents dans les effluents. Mais elle échoue à supprimer le carbone 14 et le tritium. « Le tritium est l’élément radioactif de l’hydrogène, H. Il prend sa place dans les molécules d’eau, H2O, explique M. Gariel. Or, filtrer de l’eau, ça donne toujours de l’eau. »

(...)

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