Sans communication du Ministère de l’agriculture ni de l’Office français de la biodiversité (OFB), le rapport [1] sur la certification HVE*, dite « haute valeur environnementale » vient enfin de paraître. Mieux vaut tard que jamais, sauf que ce rapport était censé servir de base à la rénovation de ce label, validée en juillet dernier précipitamment pour être inclus dans la PAC* 2023 !
Ce rapport révèle aujourd'hui que la certification HVE* est accessible à des pratiques agro-environnementales à peine supérieures aux moyennes actuelles de l'ensemble des fermes françaises. Pire, une partie des critères HVE* sont moins-disant, notamment en viticulture, première production ainsi labellisé (soit 75% du total des exploitations tricolores classées HVE*).
Il apparaît clairement que, pour la majorité des fermes ayant la certification HVE*, la certification a été accessible sans changement significatif de pratiques. Le passage en HVE* n'enclenche pas non plus une dynamique de transition environnementale. A titre d'exemple, la baisse de l'indicateur de fréquence des traitements phytosanitaires des exploitations viticoles HVE* n'est que de 1% par rapport à la moyenne.
C'est bien d'abord l'objectif de valorisation commerciale qui est visé par les producteur·trices qui se font certifier HVE*.
Le label est alors bien trompeur pour les consommateur·trices. Il ne tient aucune promesse environnementale. Ce constat n'a rien d'étonnant, pour un label qui ne fixe que peu d'objectifs, voire pas du tout, s'agissant d'ambition agro-environnementale. Une des recommandations du rapport est d'ailleurs de changer le nom « haute valeur environnementale » par souci de de cohérence.
Ainsi,les principales critiques formulées par la Confédération paysanne [2] depuis plus de 2 ans sont pointées par ce rapport : extrême faiblesse du cahier des charges, imposture de la voie B, obligation de moyens et non de résultats, non-sens d'un item sur l'irrigation et tromperie du consommateur.
Les auteurs du rapport appellent à une clarification de la HVE* : soit c'est un premier pas vers l'agroécologie, soit c'est un dispositif de reconnaissance de l'excellence de l'agroécologie. A l'issue de sa « rénovation », la HVE* n'est ni l'un ni l'autre. Il est donc urgent que le ministère et la Commission nationale de la certification environnementale, réunie ce 15 décembre, remettent l'ouvrage sur le métier à l'aune des analyses et des recommandations de ce rapport. Ne pas le faire c'est continuer de tromper les paysan·nes et les consommateur·trices. Pour l'instant, la HVE* n'a donc aucune raison d'être.
[1] https://professionnels.ofb.fr/fr/doc/evaluation-performances-environnementales-certification-haute-valeur-environnementale-hve-dans
[2]https://www.confederationpaysanne.fr/sites/1/articles/documents/HVE*-Outil_Greenwahing_pas_TransitionAgricole.pdf