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Salah Hamouri dans le dédale carcéral de la détention administrative en Israël

Ce lundi 5 septembre, une cour militaire doit décider de reconduire ou non la détention de Salah Hamouri, avocat franco-palestinien emprisonné sans jugement depuis déjà six mois. Jean-Claude Samouiller, président d'Amnesty International France, et Elsa Lefort, épouse de Salah Hamouri et défenseure des droits humains, demandent sa libération immédiate.

C'est un scénario qui semble inimaginable, sauf pour ceux qui le vivent au quotidien. Chaque matin, dans les territoires palestiniens occupés, vous risquez d’être réveillé par l’intrusion de l’armée à votre domicile, ou arrêté lorsque vous vous rendez à votre travail, sans qu’aucune charge ne vous soit notifiée. Une juridiction militaire décide alors que vous représentez « une menace pour la sécurité », et vous place en « détention administrative » pendant trois mois. Sans jugement. Sans preuve. A peine une suspicion.

Un cauchemar ? Une fiction dystopique digne d’un série B ? Non, il s’agit d’une réalité contre laquelle se débat Salah Hamouri, ce franco-palestinien lui-même détenu depuis maintenant plus de six mois, sans qu’aucune de nos démarches auprès des autorités israéliennes n’ait pu aboutir pour le faire libérer. Le 26 juillet dernier, les conditions de détention de Salah Hamouri se sont durcies.

Il a été transféré dans la prison d’Hadarim en guise de mesure punitive, à la suite d’une lettre qu'il a écrite à Emmanuel Macron pour lui demander d'intervenir sur son cas. Aujourd'hui, sa cellule est sous vidéosurveillance et il doit faire face à de nombreuses fouilles nocturnes. Le 5 septembre prochain, une cour militaire va se réunir, pour décider de reconduire ou non sa détention. Toujours sans charge officielle, ni procès équitable. Sa femme et ses deux enfants, qui vivent en France, sa famille à Jérusalem ainsi que tous ses proches sont ainsi maintenus dans l’incertitude d’une décision aussi expéditive qu’arbitraire.

Cette situation que connait Salah Hamouri est également vécue aujourd’hui par des centaines de personnes détenues en dehors du respect des règles internationales. Appelée pudiquement « détention administrative », cette forme de privation arbitraire de liberté permet aux autorités israéliennes de détenir quelqu’un sans inculpation ni jugement, indéfiniment, si les juridictions militaires le souhaitent. Elle va totalement à l’encontre de l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par Israël en 1991, et qui garantit à toute personne arrêtée le droit à un procès équitable.

Selon nos informations, 5700 ordres de détention administrative contre des Palestiniens et Palestiniennes dans les territoires palestiniens occupés ont été ordonnés entre 2017 et 2021, dont près de 1700 pour cette dernière année. Dans une tribune au quotidien israélien Haaretz, le journaliste Gidéon Lévy estime à 723 le nombre de personnes détenues sans procès en Israël, ce qui constitue selon lui une “menace contre la démocratie”.

En outre, cette pratique de la détention administrative ne fait que confirmer les conclusions d’Amnesty International concernant le système d’apartheid qui prévaut en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés. Ces décisions de placement en détention administrative ne visent en effet pratiquement que des citoyens et citoyennes d’origine palestinienne.

Ce n’est pas la première fois que Salah Hamouri doit faire face à cet arbitraire. Sa vie n’est qu’une succession d’arrestations et de périodes de détentions administratives, qui témoignent d’un véritable harcèlement de la part de l’Etat d’Israël à son encontre, sans qu’à aucun moment sa culpabilité ou une potentielle menace qu’il représenterait pour la sécurité d’Israël ne soient vérifiées ou prouvées. Cet avocat, travaillant au sein de l’organisation Addameer, n’a jamais cessé de défendre la cause des prisonniers palestiniens détenus arbitrairement, que ce soit par l’Etat d’Israël, ou par l’Autorité palestinienne.

Si cette fois-ci, comme nous l’espérons, la juridiction militaire décide de sa relaxe, Salah Hamouri risque en revanche de se voir déchoir de son statut de résident de Jérusalem par la Cour suprême d’Israël. Salah Hamouri devra alors s’exiler, comme ont dû le faire d’autres opposants à des Etats autoritaires de la région. Ce faisant, Israël, qui se targue d’en être le pilier démocratique, ne ferait que s’abaisser à adopter les mêmes pratiques que ces derniers.

Seul petit espoir sur son dossier, l’Elysée a annoncé le 23 août dernier, que le président Macron s’était « enquis de sa situation » par téléphone auprès du Premier ministre israélien Yaïr Lapid. Nous attendons à présent du président de la République qu'il agisse de manière décisive afin que les droits de cet homme soient respectés.

Jean-Claude Samouiller : Président d’Amnesty International France

Elsa Lefort : Epouse de Salah Hamouri, défenseure des droits humains

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