Pour les élections présidentielle et législatives, le Réseau Action Climat et ses organisations membres proposent un ensemble de mesures ambitieuses pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs des transports, de l'agriculture, de l'industrie, de l'énergie, de l'international, du bâtiment et de la fiscalité verte.
Le changement climatique est l’une des préoccupations les plus fortes des Français1, avec le pouvoir d’achat et la santé. Proposer un projet fédérateur répondant à ces trois enjeux est le défi des élections à venir, alors que les Français se détournent de plus en plus des urnes.
Utiliser une voiture moins polluante, tout en se déplaçant davantage à vélo ou en transport collectif, vivre dans un logement bien isolé, équilibrer
ses repas pour donner davantage de place aux protéines végétales et consommer de la viande locale et de qualité, c’est bénéfique pour la santé
et pour le climat. C’est aussi un gain de pouvoir d’achat, à condition de soutenir les ménages en situation de précarité dans l’investissement de départ pour un nouveau véhicule ou la rénovation de leur logement.
Agir pour le climat, c’est aussi respecter les engagements pris dans l’Accord de Paris. Le tribunal administratif, dans le cadre de l’Affaire du Siècle initiée par quatre ONG membres du Réseau Action Climat, a enjoint l’Etat à prendre de nouvelles mesures pour rattraper d’ici fin 2022 le retard pris par la France dans la baisse de ses émissions de gaz à effet de serre.
Comment agir pour les transports ?
Premier secteur émetteur de gaz à effet de serre à l’échelle nationale (31 % des émissions en 2019), les transports ont également un poids élevé dans le budget des ménages (6000 € en moyenne par an). Ils sont une source majeure de la pollution de l’air qui cause plus de 48 000 décès prématurés chaque année en France. C’est le résultat d’une politique trop timide en faveur d’une mobilité durable.
L’industrie lourde est un secteur important des émissions de gaz à effet de serre, principalement les secteurs de la métallurgie, de la chimie et des matériaux de construction. Si ces émissions ont diminué entre 1990 et 2015 – grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique et des procédés mais aussi malheureusement du fait des fermetures de sites- cette tendance semble stagner, voire repartir à la hausse.
L’agriculture est le deuxième secteur le plus émetteur en France (19 % des émissions nationales) et celui où le rythme de réduction des émissions est le plus lent. En cause, principalement, les émissions de gaz à effet de serre émis par l’élevage (méthane par les ruminants, déjections animales…) et le recours aux engrais azotés de synthèse. En outre, la crise sanitaire a remis au premier plan les enjeux de la souveraineté alimentaire et de l’accessibilité de toutes et tous à une alimentation durable. Enfin, le niveau de rémunération des agriculteurs est largement insuffisant pour leur permettre de vivre dignement et d’envisager la transformation de leurs pratiques vers plus de durabilité.
La flambée des prix des énergies rappelle l’urgence à isoler de manière performante les logements afin de réduire durablement les factures des ménages. Si la hausse des financements pour la rénovation énergétique des logements décidée par le Gouvernement actuel va dans le bon sens, elle reste insuffisante pour atteindre les objectifs nationaux en matière de rénovation énergétique. C’est pourquoi nous proposons la mise en place d’un bouclier énergétique comprenant un ensemble cohérent de mesures progressives dans le temps, alignées sur des objectifs de diminution de la précarité énergétique en France et de consommation énergétique des logements.
Associé à une politique ambitieuse de réduction de la consommation d’énergie par la fin des gaspillages, la sobriété et l’amélioration de l’efficacité énergétique, le développement de toutes les énergies renouvelables est un levier essentiel de la transition énergétique. S’appuyant sur les ressources disponibles dans chaque territoire, elles créent de la valeur localement et sont gage d’indépendance énergétique. Par ailleurs, les énergies renouvelables résistent mieux aux chocs, comme elles l’ont démontré pendant la crise sanitaire.
La France fait partie des pays industrialisés et, à ce titre, elle a une part de responsabilité historique importante dans le changement climatique (à travers ses émissions de gaz à effet de serre). Elle a aussi une plus grande capacité à agir pour y faire face. Cependant, elle est très loin de faire sa part juste au niveau international : sa contribution financière aux pays en développement, qui subissent de plein fouet les effets du changement climatique, est encore beaucoup trop faible pour qu’ils puissent s’adapter au dérèglement climatique.
La transition écologique et le respect de nos objectifs climatiques impliquent des investissements conséquents pour la transformation de l’économie. Ainsi, le panorama des financements climat d’I4CE indique qu’il manque 13 à 15 milliards d’investissements annuels. D’un autre côté, l’Etat continue à financer des activités contribuant au dérèglement climatique, notamment les énergies fossiles. Sans cohérence entre le budget de l’Etat et les objectifs climatiques, ceux-ci ne seront pas atteints.