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En Allemagne, la gestion des déchets radioactifs dans l’impasse

Extraits de l'article de "Reporterre"

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Mais l’Allemagne n’en a pas fini avec le nucléaire pour autant. Que faire des 28.000 mètres cubes de déchets hautement radioactifs produits par ses centrales ? Que faire également des 300.000 mètres cubes de déchets faiblement et moyennement radioactifs, dont certains seront encore produits par l’industrie et la recherche médicale après 2022 ?

Les Allemands se posent ces questions depuis des décennies, sans trouver de réponse fiable. Ils faisaient pourtant figure de pionniers en inaugurant le stockage de déchets nucléaires dans une mine de sel dans les années 1960. Le site de Asse, dans le nord-ouest du pays, était alors une fierté nationale, présenté comme une solution simple et peu coûteuse. 126.000 barils de déchets faiblement et moyennement radioactifs y ont été entreposés à 700 mètres de profondeur. Nul besoin de containers spéciaux, croyait-on : le sel suffirait à protéger les fûts pour des millions d’années.

La prouesse technologique a viré au désastre quelques années plus tard. La poubelle radioactive s’est transformée en gruyère, la mine s’est fissurée. Plus de 12.000 litres d’eau salée s’y écoulaient chaque jour, menaçant d’entrer en contact avec la matière radioactive et de contaminer les nappes phréatiques. Dans certaines cavités, les fûts se sont écrasés les uns contre les autres sous l’effet des mouvements géologiques. En 2009, le gouvernement fédéral a décidé de démanteler le site.

À un projet de coffrage en béton jugé hasardeux, les autorités ont préféré l’extraction des fûts, et leur stockage temporaire à quelques kilomètres de là, sur le site de Konrad. Coût estimé pour le contribuable allemand : jusqu’à dix milliards d’euros. Après une phase délicate de sécurisation, les premiers barils doivent sortir de terre au plus tôt en 2033. Konrad doit également accueillir les déchets en provenance de Morsleben, l’ancien site d’enfouissement d’Allemagne de l’Est, qui menace lui aussi de s’effondrer.

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L’an dernier, l’Allemagne est donc repartie complètement à zéro dans sa recherche d’un site de stockage définitif. Pas question d’exporter les déchets, ils doivent rester sur le sol allemand. En revanche, l’enfouissement reste le mode de stockage privilégié, à l’instar du projet français Cigéo, à Bure (Meuse). Tous les sous-sols de sel, d’argile et de granit d’une épaisseur d’au moins cent mètres sont étudiés, à l’exception des zones endommagées ou à risque sismique. Les fûts doivent pouvoir être stockés à au moins 300 mètres de profondeur.

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Du côté des autorités comme des associations, plus personne ne semble croire que la mission sera menée à bien, alors qu’elle vient à peine de commencer. « Il est presque illusoire de penser qu’un site sera trouvé d’ici 2031, juge Thorben Becker, de l’ONG environnementale Bund. Nous considérons que le calendrier est dangereux, car les contraintes de temps pourraient finalement conduire à une simplification de la procédure. » Comprenez : à revenir au choix initial de Gorleben, malgré les risques environnementaux et l’opposition de la population.

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La mine de sel d'Asse

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