C'est à la SIETAM, dans un bâtiment industriel en friche depuis des années, que Marion Ancelme expose ses œuvres jusqu'au 23 décembre. Ce choix peut surprendre, mais ce lieu singulier convient à la mise en valeur du travail de l'artiste. Lors du vernissage de l'exposition vendredi soir, les nombreuses personnes présentes ont pu apprécier non seulement le talent de la plasticienne, mais aussi les prouesses des services techniques de la ville : il a fallu s'adapter au site et réaliser une mise en place sans aucune référence à une telle installation.
Marion Ancelme a travaillé sur le "thème du voyage involontaire, contraint. Il est question dans cette exposition de s’arrêter pour porter un regard sur ces voyages qui ne sont pas un choix, mais une nécessité. Le déplacement pour échapper, pour fuir, pour se sauver." C'est ainsi que sont présentés sa réflexion et son parcours sur le site de l'association "Les Tourelles", partenaire de cet événement.
Outre la ville de Vouziers, la Région "Grand'Est" a soutenu également l'artiste, et Madame Noiret-Richet, Conseillère Régionale, représentait le Président de la Région à ce vernissage. Elle a pris la parole après l’introduction faite par Sylvain Machinet, Président de l'association "Les Tourelles".
Mais la plus loquace a été sans conteste l'artiste elle-même, et encore elle s’est contenue !
Marion Ancelme, Vouzinoise d'origine tient à ses racines, et ce n'est donc pas par hasard que son travail est exposé dans sa ville natale. Les racines sont bien présentes dans son œuvre, et elles font contre-point au déplacement. Elle porte un regard acéré sur ces migrations forcées qui font partie depuis des mois de l'actualité. Ces voyages contraints sont hautement risqués, les exilés pouvant y perdre leurs biens, leurs droits, mais bien trop souvent, ils peuvent aussi y perdre la vie.
Marion Ancelme est une femme et une artiste engagée, et elle le revendique. Après avoir travaillé 15 ans dans le domaine social et humanitaire, elle s'est orientée vers une carrière artistique. Elle pratique l'art-thérapie en tant que professionnelle, mais son engagement artistique se veut également réparateur. Elle cite Jacques Brel, un écorché vif, pour qui être artiste, c'est "avoir mal à l'autre" en écho peut-être à Arthur Rimbaud pour qui "je est un autre"
Marion Ancelme cite également le poète Francis Ponge : " la fonction de l'artiste est fort claire : il doit ouvrir un atelier et y prendre en réparation le monde, par fragments, comme il lui vient" Cette référence à l'atelier où l'on répare pour nommer l'atelier de l'artiste, prenait un sens particulièrement pertinent dans cette usine désaffectée.
Les installations, sculptures et photographies de Marion Ancelme sont donc à découvrir jusqu'au 23 décembre à la friche SIETAM 57 rue Gambetta à Vouziers. L'exposition est ouverte les mercredis, samedis et dimanches de 14h à 18 h.
Voici quelques clichés du vernissage et de l'exposition, pour vous donner envie de découvrir une plasticienne vouzinoise à travers un travail artistique fort et original.
Prise de parole du Président des Tourelles, Sylvain Machinet, à ses côtés le nouveau directeur du centre culturel Monsieur Scheffer Laurent et l'artiste Marion Ancelme.
Beaucoup de personnes étaient présentes à ce vernissage.
La passion et l'intensité mises dans la conception des œuvres se retrouvaient dans les propos de l'artiste.
Un voyage trop vite brisé.
Peut-on emporter ses racines ?
Fuir, et perdre le droit de s'exprimer.
Des milliers de pieds et des milliers de pas pour aller vers un refuge accueillant ?
Commentaires
Marion ANCELME questionne le monde et nous entraîne avec talent dans sa réflexion et sa sensibilité.
Merci pour ce délicieux moment dans ce cadre non conventionnel qui exacerbe notre regard.
La première impression est grande. L'oeuvre de Marion est immense en volume, en surface et, surtout, en travail d'imagination, de création, de transport et d'installation.
Les pieds, le bateau, les chaussures. Les émigrés fuient l'horreur de la guerre. Ils marchent, ils courent, ils zigzaguent d'un pays à l'autre, ils tentent de traverser une mer. Parfois, l'embarcation chavire, des chaussures flottent...
Contraints de se taire, des esprits s'envolent vers la liberté. Des chemins tortueux conduisent ces malheureux par des chemins improbables vers des camps provisoires inconfortables.
Certains voudraient s'enraciner dans de nouvelles terres. Que d'obstacles...
Par son art maîtrisé, Marion pose le problème actuel des migrations humaines forcées.
C'est poignant.
Merci Marion pour tes coups de pieds salutaires.
Marion merci pour nous réveiller de notre torpeur.
Je te salue, Marion pour ton oeuvre magnifique qui mérite d'être présentée partout en France et ailleurs.
Daniel