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Appel à la manifestation du 8 mars 2015

Communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme en date du 27 février 2015

La LDH célèbre en 2015 trois anniversaires : ceux du droit de vote des femmes, de la loi Veil qui ouvre images?q=tbn:ANd9GcRmnpq5BBmjCiffVXn9pGKIb5tggoMBLGojtLFqESEpmsDGQ-qL_Ale droit des femmes à l’avortement, de la conférence mondiale et du programme d’action de Pékin : les lois ont progressé vers l’égalité, la réalité pas toujours. Ainsi lors des prochaines élections départementales, la parité sera enfin la règle et 50 % de femmes seront élues : mais qu’en est-il dans les élections où la règle n’est pas contraignante ? Autre exemple : le gouvernement entend favoriser l’accès effectif des femmes à l’IVG. Mais avec quels moyens peut-il le faire, alors que ne cessent depuis des années de se multiplier les fermetures de maternités et de CIVG sur l’ensemble du territoire ? Avec quels moyens lutter contre les violences faites aux femmes, alors que les subventions allouées aux associations chargées de les traiter sont en baisse ? Ou encore : on légifère sur l’égalité professionnelle, mais comment combat-on la précarité des femmes, qui représentent la majorité des familles monoparentales et des travailleurs à temps partiel ?

 

Il peut, il doit y avoir des solutions politiques. Mais au-delà se profilent de redoutables dangers. Sur le terreau de la crise économique prospèrent les extrêmes droites, les pires ennemis des droits en général et des droits des femmes en particulier. Les anti-IVG, toujours acharnés, les ennemis du « genre » entendu comme une entreprise de démoralisation de l’école et de la jeunesse, et qui n’endoctrinent pas seulement les beaux quartiers ; ceux qui veulent chasser les immigrés hors de France, surtout quand ils sont musulmans : tout ce qui fait le lit du Front national et qui nous prépare, pour les prochaines élections, un réveil très amer. D’autant que les attentats récents, s’ils ont soulevé l’indignation générale, contribuent à banaliser encore plus des idées funestes, comme la xénophobie, qui profitent aux mêmes.

À cette société là, nous ne trouvons pas notre compte. Nous voulons que la jeunesse ait un avenir, qu’on cesse de demander compte aux gens de leur religion et de leur origine, que les droits soient égaux et réellement accessibles pour toutes et pour tous. Qu’on puisse promouvoir l’égalité des femmes et des hommes en parlant de genre sans être censurés, en réclamant nos droits économiques et sociaux sans nous voir opposer l’alibi de la crise, en défendant les migrantes sans nous voir opposer les privilèges d’une Europe forteresse. Nous voulons le droit de rêver à une société plus juste et plus fraternelle.

Nous sommes aussi solidaires des femmes qui, de l’autre côté de la Méditerranée, au Moyen-Orient, en Afrique et jusqu’en Asie, connaissent la répression et la perte de leurs libertés comme en Egypte, le chaos comme en Lybie, la guerre, les massacres, la détention ou la déportation comme en Syrie, le viol comme arme de guerre comme au Congo. Sauf en Tunisie, les révolutions des pays arabes ont débouché sur la montée de dictatures et le recul de la démocratie et des droits ; plus loin, sur l’embrasement d’un grand banditisme criminel qui prétend s’arroger un Etat sous paravent religieux. Les responsabilités des pays occidentaux sont connues.

C’est parce que les femmes sont de plus en plus conscientes de leur force et de leurs droits que le scandale des inégalités et des violences devient de plus en plus intolérable. C’est pourquoi nous participons à la manifestation du 8 mars, Journée internationale du droit des femmes, et que nous vous appelons à rejoindre la LDH, dans la solidarité et la fraternité.

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