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La France n’a jamais compté autant de détenus dans ses prisons

Extraits de l'article de Margot Hemmerich pour Basta!

La France n’a jamais compté autant de détenus dans ses prisons. Le taux de suicide y est sept fois plus élevé qu’à l’extérieur et les troubles psychiatriques s’y aggravent. La France est pourtant régulièrement condamnée par les instances européennes.

C’est une première. Le 14 mars 2024, le comité des ministres du Conseil de l’Europe a exprimé sa « profonde préoccupation » face à l’aggravation de la surpopulation carcérale en France. Et pour cause : les taux d’occupation des prisons ne cessent d’augmenter, et ce, de manière exponentielle. D’après les chiffres du ministère de la Justice publiés fin février, les geôles françaises – métropole et outre-mer – comptaient 61 737 places opérationnelles pour 76 258 détenus, soit une densité carcérale globale de 123,5 %. Il s’agit du nombre de détenus le plus élevé jamais enregistré.

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Rien contre la surpopulation

« C’est pathétique de voir que rien n’est fait pour lutter réellement contre la surpopulation en France »”, déplore Dominique Simonnot, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté. La principale mesure prise par les gouvernements successifs consiste à construire plus de places de prison. Ainsi, le dernier plan présenté par Emmanuel Macron comme le « programme immobilier pénitentiaire le plus ambitieux depuis 30 ans » prévoit de créer 15 000 places supplémentaires d’ici 2027.

Sur l’ensemble, le ministère de la Justice a tout de même annoncé la construction de 21 structures d’accompagnement vers la sortie (SAS), soit 2000 places. Ces SAS doivent offrir un régime de détention axé sur la réinsertion, pour des personnes condamnées dont le reliquat de peine est égal ou inférieur à deux ans et qui présentent « un risque d’évasion faible ».

Augmentation des troubles psychiatriques

S’ils sont nombreux à entrer en prison avec des troubles, le problème d’accès aux soins somatiques et psychiatriques en détention accentue le phénomène. D’autres facteurs sont également à prendre en compte, notamment « l’exposition à des évènements potentiellement traumatiques au cours de la détention », comme le note l’Observatoire international des prisons (OIP). D’après l’association, 11 % des femmes et 19 % des hommes rapportent des violences physiques, 25 % et 19 % des violences psychiques.

Enfin, dans un contexte de surpopulation carcérale, l’accès aux activités et aux parloirs, essentiels au maintien des liens familiaux et identifiés comme des facteurs de protection de la santé mentale, reste très limité. « Il se passe des choses magnifiques en prison, grâce aux enseignants, aux étudiants et aux associations qui viennent donner de leur temps, il y a du théâtre, du sport… Sauf que presque personne n’y accède, car il y a trop de détenus », abonde la contrôleuse générale.

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La mission de réinsertion est pourtant inscrite dans les textes et prérogatives de l’administration pénitentiaire, au même titre que la sécurité. Les chiffres donnent là encore un autre éclairage sur la réalité : en France, l’administration embauche près de 30 000 surveillants, contre seulement… 5000 personnels d’insertion et de probation. Pour la sociologue Corinne Rostaing, autrice de Une institution dégradante, la prison (Gallimard, 2021), cela s’explique en partie par un prisme sécuritaire. « Il existe une suspicion d’évasion ou de dangerosité.

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Photo : Une cellule du centre pénitentiaire de Toulouse - Seysses, lors de la visite parlementaire du député de la Nupes/LFI Christophe Bex qui vient vérifier si les recommandations de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté concernant Seysses en 2021 ont été suivies. © Art Core Ben / Hans Lucas

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