L’heure est grave ! Avec 330 000 personnes à la rue dont 3 000 enfants, plus de 8 000 de nos concitoyen·ne·s dont l’appel au secours n’est pas pourvu par le 115, ne rien faire ou poursuivre avec les choix actuels équivaut à une non-assistance à personnes en danger. L’urgence n’est pas de détricoter la solidarité sociale mais au contraire de la renforcer !
En annonçant, le 30 janvier dernier, la volonté du gouvernement d’intégrer dans les décomptes de la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU), le logement intermédiaire ainsi que de donner aux maires le pouvoir de décider des premières attributions, le Premier ministre Gabriel Attal s’est engagé dans une voie qui porte atteinte aux fondations du logement social en France.
Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu a, certes, voulu relativiser cette annonce lorsqu’il a garanti que des «garde-fous» seraient maintenus parmi lesquels un nombre minimal de «logements très sociaux». Ses propos n’ont fait que confirmer la volonté gouvernementale de s’en prendre à la loi SRU et dans le même temps, de relativiser la responsabilité de l’Etat dans la crise du logement qui est en passe de devenir historique.
La loi SRU est garante de la cohésion et de la solidarité entre les territoires
La loi SRU de 2000, qui oblige les villes à construire au moins 25 % de logement sociaux, est un pilier de la politique du logement social. Elle est notamment garante de la cohésion et de la solidarité entre les territoires.
Ces dernières années, en se désengageant de l’aide à la pierre et en ponctionnant le budget des bailleurs sociaux avec la réduction de loyer de solidarité (RLS), l’Etat a organisé le démantèlement du secteur et l’a réduit à la portion congrue de «filet de sécurité» pour les plus fragiles.
Cette logique de marchandisation et de financiarisation du logement social remet en question l’essence même de son modèle. Tout d’abord en organisant sa pénurie et ensuite, en s’en prenant à son principe d’universalité, avec la constitution de plusieurs niveaux de décisions et de prérogatives entre l’Etat et les collectivités locales. Dans le même temps, les cadeaux au marché privé ont renforcé les mesures d’exclusion à l’égard des ménages les plus modestes notamment avec la loi Kasbarian, conduisant le logement à devenir un outil de précarisation quand il devrait être un moyen de sécuriser les parcours de vie.
Le logement fait partie des politiques de droit commun qui doit continuer de relever de la responsabilité de l’Etat. Pour nous, la future loi de décentralisation de la politique du logement doit intégrer ce principe.
Nous défendons des logements abordables, de qualité et publics pour tous les citoyens et citoyennes. Alors que vous prenez vos fonctions, nous vous demandons de faire un signe en direction des acteurs du logement social en refusant toute mesure qui signerait la suppression de la loi SRU et l’instauration du clientélisme municipal pour les attributions de logements sociaux.
Nous vous demandons aussi de prendre des mesures pour répondre à la crise en réquisitionnant les bâtiments vides pour loger les personnes qui dorment dehors et en relançant immédiatement la construction de logement social. Enfin, nous souhaitons qu’une vraie concertation soit ouverte sur la future loi de décentralisation.
Parmi les signataires les acteur·trice·s du logement social : Eddie Jacquemart Président CNL Jean-Baptiste Eyraud DAL Jean-Yves Mano Président de la CLCV Christian Khalifa Président de Indecosa-CGT Alain Misse Afoc Jean-Jacques Guignard Président IDF Habitat Delphine Valentin Directrice générale IDF Habitat Marie Piqué Coprésidente du CRHH Occitanie.
Les acteur·trice·s associatifs et les syndicalistes : Patrick Baudouin Président de la LDH Sophie Binet Secrétaire générale CGT Murielle Guilbert Cosecrétaire générale Solidaires Elie Lambert Responsable logement, Solidaires Evelyne Sire-Marin Magistrate honoraire, membre de la Fondation Copernic Arnaud Bontemps et Marie Pla Porte-parole du collectif Nos services publics Benoît Teste Secrétaire général FSU.
La suite de la liste des signataires sur le site de la LDH