Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Iran : les femmes qui défient le port obligatoire du voile font face à une répression accrue

Depuis avril 2023, les autorités iraniennes intensifient la répression contre les femmes qui défient les lois liberticides et discriminantes sur le port obligatoire du voile, et choisissent de ne pas le porter en public. Nous dénonçons ces atteintes graves aux droits des femmes en Iran.

Depuis avril 2023, une nouvelle campagne de répression contre les femmes non voilées fait rage en Iran. 

Alors que depuis la mort de Mahsa Amini en septembre 2022, les Iraniennes et Iraniens manifestent courageusement pour réclamer plus de libertés et le respect de leurs droits fondamentaux, les autorités redoublent de méthodes oppressives pour contrôler et punir les femmes et les jeunes filles.

Au lieu d’entendre le message scandé à l’unisson dans les rues du monde entier « Femme, Vie, Liberté », les autorités iraniennes continuent de violer gravement leurs droits sociaux, économiques, culturels, civils et politiques et de restreindre leur liberté de mouvement. 

Ce que nous dénonçons :  

Plus d'un million de femmes qui ont été photographiées et identifiées alors qu’elles ne portaient pas de voile dans leur voiture, ont reçu, selon les autorités, des SMS d'avertissement les prévenant que leur véhicule risquait de leur être confisqué. Des milliers de menaces ont déjà été mises à exécution. 

Des centaines d'entreprises ont été fermées de force pour ne pas avoir fait respecter les lois sur le port obligatoire du voile.  

D'innombrables femmes se sont vu refuser l'accès à l'éducation, aux services bancaires et aux transports publics.  

Les tribunaux ont également imposé des peines dégradantes aux femmes reconnues coupables d'avoir enfreint les lois sur le port obligatoire du voile (obligation d’assister à des séances de conseil pour "comportement antisocial", de laver des cadavres à la morgue, de fournir des services de nettoyage dans les bâtiments publics etc.) 

Le "projet de loi visant à soutenir la culture de la chasteté et du hijab", qui renforcerait encore la discrimination, en privant les femmes et les jeunes filles qui choisissent de ne pas porter le voile de leurs droits humains, y compris de leurs droits sociaux et économiques. Elle exposerait par ailleurs toutes celles et ceux qui soutiennent le droit des femmes à choisir leur mode d'habillement, à de longues peines d'emprisonnement, à la flagellation ou encore à des interdictions de voyager. 

Face à l’intensification de l’oppression des femmes et les filles en Iran, la communauté internationale ne peut pas se contenter d’observer sans rien dire.  

La police des mœurs est de retour 

En décembre 2022, sous la pression de la contestation sans précédent qui a gagné le pays à la suite de la mort de la jeune Mahsa Amini, le procureur général iranien avait annoncé la dissolution de la police des mœurs, l’unité qui avait arrêté Mahsa Amini. Une annonce qui n’a cependant jamais été confirmée par les autorités officielles de la République islamique d’Iran, ni suivie des faits. Aujourd’hui, des annonces officielles indiquent au contraire leur retour dans la rue en Iran et même le renforcement du contrôle des femmes non voilées.  

En parallèle, des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent les forces de sécurité en train d'agresser violemment des femmes dans la capitale Téhéran et dans la ville de Rasht, dans la province de Gilan.

« Ils nous font vraiment vivre dans la peur »  

La répression observée actuellement en Iran est renforcée par le recours à des technologies de surveillance de masse qui sont capables de révéler l’identité des femmes qui ne portent pas le voile dans leur voiture ou dans des lieux où elles circulent à pied. 

Entre le 15 avril et le 14 juin 2023, la police a envoyé près d'un million de SMS contenant des messages d’avertissement adressés à des femmes photographiées sans voile dans leur voiture.

133 174 SMS ont ordonné l’immobilisation temporaire du véhicule, 2 000 voitures ont été « confisquées » et 4 000 « récidivistes » ont été déférées devant la justice à travers le pays. 

Des centaines de commerces ont été fermés parce qu’ils n’ont pas appliqué les lois sur le port obligatoire du voile, et des femmes se sont vu refuser l'accès au système éducatif, services bancaires ou aux transports publics.  

Des peines dégradantes 

Pour punir les femmes qui sont apparues dans des lieux publics sans leur voile, les autorités leur infligent des peines dégradantes.  

Nos chercheurs ont examiné les décisions rendues contre six femmes, en juin et juillet 2023. Leur sanction les obligeaient par exemple à assister à des séances de conseil sur le « trouble de la personnalité antisociale », à laver des corps à la morgue ou à nettoyer des bâtiments publics. 

L’intensification de la répression visant les femmes qui ne respectent pas l’obligation du port du voile reflète le mépris des autorités iraniennes pour la dignité humaine, les droits des femmes et des filles, le respect de la vie privée et la liberté d’expression, de religion et de croyance. Elle souligne également une tentative désespérée des autorités qui cherchent à réaffirmer leur domination et leur pouvoir sur les personnes qui ont osé s’opposer à plusieurs décennies d’oppression et d’inégalités lors du mouvement de révolte « Femme. Vie. Liberté ».  

Nous saluons le courage des Iraniennes et Iraniens qui continuent de s’opposer à l’oppression et de se battre pacifiquement pour leurs droits fondamentaux. Nous sommes à leurs côtés et demandons à la communauté internationale et notamment à la France de réagir dès maintenant. Ensemble, continuons de scander avec le peuple iranien : « Femme, vie, liberté » ! 

Nos demandes 

Les autorités iraniennes doivent :  

abolir l’obligation du port du voile,  

annuler toutes les déclarations de culpabilité et toutes les peines prononcées contre des femmes ou des filles qui ont défié cette obligation,  

abandonner toutes les charges retenues contre celles qui encourent des poursuites, et libérer sans condition toutes celles qui ont été incarcérées parce qu’elles n’ont pas respecté l’obligation du port du voile.  

abandonner les projets visant à sanctionner des femmes et des filles parce qu’elles ont exercé leurs droits à l’égalité, au respect de la vie privée et à la liberté d’expression, de religion et de croyance. 

Les États doivent :  

-réagir par le biais de déclarations publiques et d’interventions diplomatiques énergiques,  

-réagir en actionnant les recours juridiques permettant de mettre en cause la responsabilité des dirigeants iraniens qui ont ordonné, planifié et commis des violations généralisées et systématiques des droits fondamentaux des femmes et des filles avec l’application de l’obligation du port du voile. 

-aider les femmes et les filles à fuir, lorsqu’elles le souhaitent, la persécution liée au genre et les graves violations des droits humains commises en Iran,  

-veiller à ce qu’elles puissent accéder rapidement et en toute sécurité à la procédure de demande d’asile, et à ce qu’elles ne soient en aucun cas renvoyées de force dans leur pays. 

large.avif

 Lors d'une manifestation à Cologne en faveur des femmes iraniennes, le 5 novembre 2022. — © Marius Becker / Keystone

Les commentaires sont fermés.