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Plan sobriété : voir plus loin que la fin de l'hiver

Communiqué de FNE le 05.10.2022

Dopée à la consommation de ressources, notre société gaspille beaucoup trop d’énergie et de matières, et plus que ce que notre planète est capable de reconstituer. La crise énergétique actuelle (arrêt de la moitié du parc nucléaire, crise ukrainienne) nous impose de réfléchir dans l’urgence à nos consommations pour éviter coupures d’électricité et rationnement d’énergie. Pour répondre à cette situation à la fois exceptionnelle et prévisible, le gouvernement va présenter demain son plan de sobriété. Objectif : diminuer la consommation énergétique de 10 % en 2 ans. Au-delà de cet impératif de court terme pour passer l’hiver, France Nature Environnement liste 6 axes clés pour faire de la sobriété un objectif de moyen et long terme, qui implique l’ensemble de la société et soit un puissant levier de justice sociale.

  1. Penser la sobriété au-delà du court terme : si tous les scénarios de prospective sont fondés sur une réduction des consommations, seuls ceux de l’Ademe et de Negawatt misant sur la sobriété individuelle et collective permettent de respecter les objectifs climatiques de la France en 2030. Ce sont donc des mesures structurelles de sobriété pérennes qu’il faut rapidement intégrer dans l’ensemble des politiques publiques. 
  2. Se donner les moyens d’atteindre l’objectif : le gouvernement entend réduire la consommation d’énergie de 10% en 2 ans seulement alors que le rythme actuel de réduction de la consommation d’énergie est de moins de 1% par an. Une ambition que France Nature Environnement salue, mais qui requiert la mise en place de moyens d’accompagnement dans la durée pour les entreprises, les ménages et les collectivités. Des indicateurs précis et un suivi régulier sont également indispensables : France Nature Environnement appelle ainsi le gouvernement à faire tous les six mois un rapport d’avancement dans l’atteinte des objectifs fixés. 
  3. Aller au-delà des écogestes : la sobriété ne saurait se limiter aux écogestes, certes utiles et nécessaires (et déjà bien identifiés par l’Ademe et RTE) mais insuffisants et parfois culpabilisant pour les individus. L’essentiel de l’effort doit être porté par les entreprises, à commencer par les plus polluantes, et par la puissance publique qui organise le territoire (infrastructures de mobilité alternatives à la voiture, revitalisation des centres-villes, accompagnement à la rénovation…) 

 

  1. Répartir les efforts en fonction du niveau de vie : les populations les plus riches sont les plus consommatrices d’énergie, de biens et de matières, et celles qui polluent le plus, alors que les 50% les plus pauvres sont déjà proches de la cible 2030 en termes d’émissions de GES. Les efforts doivent donc être répartis proportionnellement à l’impact du niveau de vie de chacun. 
  2. Systématiser la rénovation énergétique globale et performante des bâtiments d’ici à 2040: le bâtiment est le secteur le plus consommateur d’énergie du fait d’un parc bâti peu performant. Malgré un consensus sur la nécessité de rénover, le rythme et la performance des rénovations restent largement inférieurs aux objectifs nationaux (quelques dizaines de milliers de rénovations performantes par an pour un objectif de 700 000 rénovations annuelles). Dans le contexte actuel de hausse des prix de l’énergie, réduire les besoins de consommation d’énergie des bâtiments de manière durable est plus que jamais nécessaire pour protéger les ménages et notamment les plus précaires.  
  3. Sortir du modèle d’incitation à la consommation : une réforme de la publicité est essentielle,  pour réglementer non seulement les publicités lumineuses mais aussi leurs messages aux injonctions contradictoires. Le portage par le gouvernement d’un récit positif et non stigmatisant en faveur d’une consommation du moins et mieux doit voir le jour. 

Enfin, si l’énergie est au cœur de l’actualité, la sobriété dépasse largement ce secteur. Elle implique en effet d’interroger l’adéquation entre nos besoins et les ressources disponibles dans tous les domaines (matières premières, alimentation, eau, textiles, numérique…). 

Pour Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement : «Ce plan de sobriété n’est qu’une première étape de prise de conscience collective. Il faut désormais des mesures structurelles et collectives fortes en matière de sobriété pour faire évoluer l’empreinte écologique de la France, qui est de presque 3 planètes par an aujourd’hui, vers 1,5 planète en 2030 puis 1 planète à l’horizon 2050. C’est ce que nous attendons désormais du gouvernement.»

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