Communiqué de la LP0O du 21.09.2022
L'arrêté ministériel du 1er septembre 2022 suspendant la chasse du grand tétras en France métropolitaine pour une durée de cinq ans a été publié au Journal Officiel ce 17 septembre.
Par une décision du 1er juin 2022, le Conseil d’État avait enjoint le ministre chargé de la chasse de prendre un arrêté suspendant la chasse du Grand tétras en France pour une durée de cinq ans. Cette décision a été prise afin de respecter les obligations qui découlent des objectifs de la Directive Oiseaux de l’Union Européenne concernant la conservation des oiseaux sauvages.
La chasse de cette espèce n’est en effet pas compatible avec son mauvais état de conservation et le Conseil d’État a donc jugé nécessaire de l’interdire pendant une durée suffisante afin de permettre la reconstitution des populations dans les différents sites de son aire de distribution. Autrefois appelé Grand coq de bruyère, cet oiseau emblématique des forêts de conifères en montagne a aujourd’hui totalement disparu des Alpes, est très fortement menacé dans le Jura et les Vosges et a perdu 80 % de ses effectifs depuis 1960 dans les Pyrénées, où subsistent à peine environ 2000 coqs.
Seul le tir des mâles de la sous-espèce pyrénéenne (Tetrao urogallus aquitanicus) restait autorisé en France selon des quotas annuels en diminution constante. Pour la saison 2021-2022, cette chasse n’a été autorisée dans aucun des départements concernés, les arrêtés préfectoraux correspondants ayant fixé à zéro les prélèvements permis. Ce moratoire de 5 ans apporte un peu de répit à l'espèce tout en évitant de fastidieux recours juridiques annuels.
L’arrêté mentionne toutefois que la durée du moratoire pourra être révisée avant son terme si de nouvelles données rendent compte d'une évolution suffisamment favorable de l'état de conservation du Grand tétras. Cette mention parait toutefois superflue tant les principales causes du déclin de l’espèce que sont la création et l’extension des domaines skiables, le dérangement touristique estival (randonnée, VTT) comme hivernal (ski, raquettes), le braconnage à but taxidermique, le réchauffement climatique et le développement de l’exploitation forestière et du pastoralisme, ne semblent pas prêtes de disparaître, à l’inverse du Grand tétras.
Grand tétras © Emile Barbelette