Publié le 23 novembre 2021 par France Nature Environnement.
Les chiffres 2019-2020 sur l’évolution de l’usage des pesticides de l’agriculture française ont été rendus publics. Ils indiquent une augmentation de 13% du nombre de doses utilisées en 10 ans par rapport à 2009, avec une hausse supplémentaire probable pour 2020. L’objectif initial du plan Ecophyto était de réduire de 50% l’usage des pesticides pour 2018. Pour France Nature Environnement, ces chiffres décevants du plan Ecophyto doivent faire réagir sans plus tarder le Gouvernement pour davantage arbitrer en faveur de la préservation de la santé, de la biodiversité et des écosystèmes. A côté de ce sombre tableau, un nouvel arrêté pour renforcer la protection des abeilles et pollinisateurs sauvages a été présenté. Malgré de trop nombreux compromis, cette avancée réglementaire est nécessaire pour freiner un peu le déclin de notre biodiversité.
Pour Claudine Joly, en charge des questions pesticides à France Nature Environnement : « La situation générale des colonies d’abeilles ne cesse de se dégrader avec toujours des pertes hivernales importantes de colonies d’abeilles. Et la situation des pollinisateurs sauvages n’est pas meilleure avec une espèce d’abeille et de papillon sur dix est au bord de l’extinction selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Le nouvel arrêté publié est bienvenu, après 15 ans d’attentes, mais il présente bien trop de décalages avec l’avis scientifique de l’ANSES : exemptions de certains pesticides, possibilité d’applications des produits 2h avant le coucher du soleil, dérogations nombreuses rendant illisibles et incontrôlables les mesures sur le terrain, délais des futures évaluations d’ici 4 ans … »
Et elle ajoute : « Après la désastreuse réintroduction des néonicotinoides sur semences de betteraves sucrières en 2020, la rédaction de cet arrêté allégé au maximum ne nous satisfait pas. Au-delà de la question des pesticides, il faudrait aussi une politique réellement volontariste de reconstitution des paysages agricoles avec les trames vertes. Cette solution est insuffisamment appliquée aujourd’hui pour répondre aux enjeux de déclin de la biodiversité et du dérèglement climatique. »