La LPO, Bassines Non Merci !, la Confédération paysanne et les Soulèvements de la Terre appellent à manifester samedi 6 novembre 2021 à Mauzé-sur-le-Mignon (79) contre l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie.
Dans le Poitou-Charentes, des coopératives agro-industrielles tentent de faire main basse sur l’eau dans le but de pérenniser leur mode de production écocidaire. Quatre-vingt-treize «méga-bassines», dont plus d’une dizaine dans le Marais poitevin (deuxième plus grande zone humide en France), risquent d’être creusées dans les trois prochaines années afin notamment d'alimenter l'agriculture intensive de maïs.
Une entreprise d’accaparement de l’eau vouée à s’étendre à l’ensemble du pays, si nous ne l’arrêtons pas dès maintenant !
Début septembre, le premier chantier de «méga-bassine» a commencé sous haute surveillance à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres). Dans ce contexte et en dépit du dispositif policier mobilisé à l’occasion du congrès national de la FNSEA à Niort le 22 septembre dernier, plus de 500 personnes ont envahi le chantier et fait reculer les bulldozers.
Depuis cette action, les travaux ont repris. Le cratère est pratiquement achevé : sa plastification et la pose de plus de 5 km de tuyaux pour piller les sources et résurgences qui alimentent le Mignon sont les prochaines étapes. Sa mise en eau prévue pour la fin de l’année 2021 pourrait coïncider avec le démarrage d’un deuxième chantier sur la commune de Saint-Sauvant (Vienne).
Ni cette « bassine », ni aucune autre, ne doit être « mise en eau » ! No bassarán !
Depuis la mobilisation du 22 septembre, le passage en force à Mauzé-sur-le-Mignon a déclenché une résistance aussi large que déterminée : de multiples recours juridiques ont été déposés contre ce projet qui viole six directives-cadres européennes et la Loi du 30 décembre 2006 sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA). Des rassemblements citoyens ont également eu lieu et des actions de démantèlement de « méga-bassines » illégales ont été menées.
Face à l’obstination des assécheurs du Marais et au moment où les dirigeants français tenteront de faire oublier leur inaction climatique à Glasgow, début novembre, à l’occasion de la COP26, les collectifs Bassines Non Merci !, la Ligue pour la Protection des Oiseaux, la Confédération paysanne et les Soulèvements de la Terre appellent à manifester pour l’arrêt immédiat des chantiers de « méga-bassine » et pour un juste partage de la ressource en eau.
Les «méga-bassines», c’est quoi ?
Ce sont des infrastructures de stockage hydraulique aux allures d’énormes cratères plastifiés, d’une surface moyenne de 8 hectares (les plus grandes allant jusqu’à 18 ha), qui doivent permettre à l’agro-industrie de concilier raréfaction de la ressource en eau et maintien de l’irrigation des productions agricoles intensives.
Face au manque d’eau chronique, l’objectif de ces « méga-bassines » est de contourner les restrictions de pompages qui sont imposées pendant l’été en substituant les pompages réalisés en période de « basses eaux » (printemps/été) par des pompages en nappes souterraines en période de « hautes eaux » (automne/hiver).
Or, si la pluviométrie est insuffisante, ces pompages hivernaux diminueront les débits des cours d’eau précisément au moment où il est vital pour l’ensemble du réseau hydrographique d’être alimenté. Ces pompages porteront par conséquent préjudice aux milieux, à la ressource en eau et à la biodiversité. En Poitou-Charentes, les zones agricoles ont de très fortes responsabilités dans la conservation des oiseaux de plaines tels que les busards, l’œdicnème criard et l’Outarde canepetière. Cette dernière a vu les effectifs de sa population migratrice d’Europe diminuer de 95% entre 1976 et 2000.
L’accaparement de cette ressource au profit d’une poignée d’agro-industriels (4 % des exploitants agricoles) aura en outre pour effet d’accentuer, non seulement l’assèchement des bassins versants, mais également la dynamique d’accaparement des terres et donc les inégalités au sein du monde agricole.
Le gouvernement continue malgré tout de soutenir ces "méga-bassines" à grand renfort d’argent public via les agences de l’eau, la région, le département, etc.) et à le présenter comme une solution « miracle » pour l’agriculture productiviste. Dans les années à venir, ces projets de réserves d’eau risquent de se généraliser à l’ensemble du territoire national. Validés comme stratégie d’adaptation au changement climatique par l’actuel ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, dans le cadre du « Varenne Agricole de l’Eau » en juillet 2021, 1 000 projets pourraient voir le jour d’ici 2025 !
© NE17 Patrick Picaud