Communiqué de la LPO le 8 janvier 2021
L’arrêté ministériel autorisant à nouveau l’emploi de ces insecticides toxiques pour l’environnement vient d’être soumis à la consultation publique. La LPO appelle à s’opposer à ce dangereux retour en arrière.
Adoptée en dépit d’une forte mobilisation citoyenne, la loi n° 2020-1578 du 14 décembre 2020 prévoit la possibilité de permettre l’utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits contenant des néonicotinoïdes ou présentant des modes d’action identiques à ceux de ces substances.
Ainsi, jusqu’au 1er juillet 2023, de telles dérogations sont possibles par le biais d’un arrêté conjoint des ministres chargés de l’agriculture et de l’environnement. Le 4 janvier 2021, un projet d’arrêté a donc été soumis à la consultation du public, étape obligatoire avant la signature ministérielle et sa promulgation.
Cet arrêté prévoit ainsi d’autoriser, au titre de la campagne 2021 et pour une durée de 120 jours, l’emploi de semences de betteraves sucrières traitées avec deux insecticides neurotoxiques de la famille des néonicotinoïdes : l’imidaclopride ou le thiamethoxam.
Après s’être mobilisée dès août 2020 contre le projet de loi, la LPO invite aujourd’hui les Français à participer à cette consultation publique ouverte jusqu’au 25 janvier sur le site du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation afin d’exprimer leur opposition à cet arrêté.
Un poison pour le vivant
Utilisés dans le monde à partir de 1991, les néonicotinoïdes ont des effets délétères avérés inacceptables sur la biodiversité, la qualité des sols et de l’eau, la santé humaine. Vingt ans d’études scientifiques l’ont prouvé et ont abouti à la prudente décision de les interdire en France avec la loi biodiversité du 8 août 2016.
En Europe, 80 % des insectes volants ont disparu en moins de 30 ans. Les pratiques agricoles conventionnelles et intensives sont la première cause de ce déclin spectaculaire. Les insectes pollinisateurs sont pourtant indispensables à la reproduction de 75 % des espèces cultivées et 90% des plantes sauvages. Ils influencent la qualité nutritionnelle et les rendements de nombreuses productions.
Pour Allain Bougrain Dubourg : « Ce retour des néonicotinoïdes dans le sol français envoie un signal désastreux qui perpétue un modèle agricole à bout de souffle et conduit nos paysans dans une double impasse écologique et économique. Les solutions alternatives à ces produits dangereux existent et doivent être privilégiées. »