Communiqué de la Confédération Paysanne du 05.11.2020
Aujourd'hui, les Ministres de la transition écologique et de l'agriculture ont été auditionnés sur la stratégie du gouvernement pour la sortie du glyphosate par la mission d'information commune de l'Assemblée Nationale sur les produits phytosanitaires.
Sans surprise, les deux ministres ont martelé le nouveau mot d'ordre gouvernemental sur le sujet des pesticides : "pas d'interdiction sans alternative" et ont repris les conclusions de l'ANSES* qui confond alternatives techniques et contraintes économiques.
Que nous disait l'ANSES* il y a un mois ? Que le désherbage non chimique est déjà largement adopté pour certains usages (en particulier en inter-rang) et que l'interdiction du glyphosate peut donc avoir lieu pour ces usages. On interdirait donc le glyphosate juste pour les usages où il est déjà en train de disparaître... Pour le reste, l'ANSES* nous informe que l'INRAE met en évidence des "situations d'impasses techniques" (en particulier sous le rang) pour lesquelles il faudrait "une modification substantielle des pratiques, qui aurait un fort impact sur l'activité agricole". Ainsi, comme toujours, l'ANSES*, l'INRAE et le gouvernement refusent d'admettre que sortir des pesticides demande des changements profonds et systémiques et que ce sont ces changements qu'il faut accompagner par le déploiement de politiques publiques agricoles et économiques !
Or, les annonces qui nous sont faites ne changeront pas grand-chose :
- 7 millions d'euros en plus pour la recherche, alors même que les alternatives existent sur les fermes des paysan.ne.s.
- Un nouvel ingénieur en chef pour accompagner la stratégie autour du glyphosate, et en réaliser la promotion !
- 135 millions d'euros du plan de relance pour les agro-équipements (remplacement de pulvérisateur, désherbage mécanique, etc.) et un crédit d'impôt HVE. Et c'est sans gêne que ces mesures sont annoncées comme des mesures de soutien au revenu des paysan.ne.s En quoi un nouveau pulvérisateur ramène-t-il du revenu sur une exploitation ?
Non, pour la Confédération paysanne c'est d'une autre ambition dont nous avons besoin. Celle de sortir du glyphosate, et plus largement de pesticides. Et pour cela, il faut protéger les paysans par un soutien économique majeur qui assure le changement de pratiques sur les fermes - financer les surcoûts en main d'œuvre, soutenir les pratiques agro-écologiques...-, par l'arrêt des politiques de libre-échange et l'instauration de prix minimum d'entrée pour valoriser les produits des paysan.ne.s à des prix rémunérateurs.