Francine Saint Ramond est une historienne spécialiste de l"histoire militaire, qui a passé sa thèse sur la campagne d'Orient ( 1915-1919). C'est d'une campagne plus proche qu'elle a choisi de parler ce vendredi au CPR de Vouziers, à l’invitation de l'ASPV. Le thème de sa conférence portait sur les croix et chapelles de la Meuse et des Ardennes.
Elle a su retenir l'attention de la trentaine de personnes présentes, dont beaucoup de férus de patrimoine qui ont pu apporter leur contribution au sujet traité.
Les croix et chapelles de nos campagnes sont souvent implantées sur des sites repérés avant la christianisation du pays. Les premiers évangélistes se sont installés près des villages, sur des sites particuliers (près d'une source, d'un arbre remarquable, ... ). Le lieu de leur séjour a parfois été le site d'implantation d'une chapelle.
Les croix et chapelles ont été longtemps des lieux de pèlerinage, pas toujours bien vus de l'Eglise qui y voyait une concurrence et parfois une réminiscence de rites païens.
Voici une synthèse de l'exposé de la conférencière, texte qu'elle a rédigé personnellement.
Hors des villages et bourgs et proches des cimetières, se trouvent de petits monuments qui attestent de formes de cultes aujourd’hui presque tous disparus. Dans une première partie, a été décrite l’évolution de ces sites et les causes de la disparition de certains. Puis un classement de ces monuments a été proposé :
On trouve les croix de rogations à proximité des villages qui rappellent des cérémonies de bénédiction des récoltes. Il existe aussi des croix et chapelles qui rappellent des drames : drames de la noyade comme le rappellent la chapelle dite « des Naufragés » à Vilosnes, et la croix de Sassey rappelant la noyade de 36 personnes tombées du bac un 3 janvier 1787. Des croix rappellent le souvenir de morts et de meurtres sur la route comme à Beaufort-en-Argonne, Liny-devant-Dun, Nepvant. D’autres rappellent les guerres et le monde militaire : croix de Mac-Mahon à la Moncelle, chapelle funéraire du général Chanzy à Buzancy. Des remerciements d’avoir été épargnés par les guerres comme la chapelle de la Ferté, le site de Tivoli à Montmédy, le chemin de croix de Villecloye. L’épidémie de choléra au XIXe siècle a laissé aussi des traces : croix de choléra à Consenvoye, chapelle de Notre-Dame des Malades à Luzy-Saint-Martin. Des particuliers mécènes ont offert des monuments : ainsi la chapelle de Notre-Dame de Bonne Délivrance offerte par une veuve au XIXe siècle et fréquentée par de jeunes femmes stériles et enceintes.
Enfin des sites de pèlerinages ont été évoqués : le mont des Croix de Jouy-en-Argonne, Louppy sur Loison, Notre-Dame de Masmes, Halles-sous-les-Côtes, Vaux-en-Dieulet sur les traces de sainte Gertrude présumée martyre, Saint Walfroy, Sainte Ernelle de Villecloye.