Une bise glaciale a découragé une partie des auditeurs habituels des conférences qu’organise l’Association de sauvegarde du patrimoine vouzinois. C’est devant une quarantaine de personnes que Gilles Déroche, a donné sa conférence consacrée à « Chanzy, un Ardennais dans l’Histoire », ce vendredi 23 février, en soirée dans une salle du CPR rue de l’Agriculture à Vouziers. L’historien maîtrise parfaitement son sujet et c’est sans notes qu’il relate la riche biographie du natif de Nouart. Ses propos, précis, incisifs avec des notes d’humour, soutenus par un diaporama distillé par Denise Carles, ont intéressé l’auditoire qui a découvert l’incroyable carrière de ce militaire que les souvenirs scolaires réduisent au commandement de l’armée de la Loire en 1870. Chanzy a géré avec habileté et intelligence une carrière pendant laquelle il est apparu souvent comme un homme providentiel au service de la France ce qui a forgé une véritable popularité.
Militaire absolument. Dés son adolescence, il affirme sa volonté de bâtir une carrière militaire. Son origine modeste, le niveau de ses études au collège de Metz et son jeune âge l’incitent à s’engager comme dans la Marine. En 1840, il met fin à ce parcours sans issue et entre par concours à Saint-Cyr. Trois ans plus tard, il se retrouve avec le grade de Sous-lieutenant en Algérie dans un régiment de zouaves. Il trouve dans ce pays de bonnes raisons de servir la France, mais aussi sa carrière. Il se met au service des bureaux arabes. Il n’apprécie pas les aspects barbares et repoussants de la colonisation et s’évertue à défendre les indigènes. Après sa participation à la guerre d’Italie, il revient en 1864, en Algérie. La conduite répressive de la colonisation et l’appropriation des biens des indigènes par la politique des séquestres mettent à mal sa conscience. Général de Brigade, il sollicite en 1870 un commandement en France, à la frontière allemande..
Finalement, il se trouve à la tête de la seconde armée de la Loire où sa tactique et son intelligence le font remarquer par une relative réussite stratégique. Sa réelle popularité motive sa nomination en 1871 comme gouverneur général de l’Algérie. La situation chaotique du pays et quelques maladresses de sa part conduisent Chanzy à abandonner ses fonctions. Il est nommé en février 1879, ambassadeur auprès du tsar de Russie, Nicolas II, dont il devient rapidement un intime. Dans ses voyages entre la France et la Russie, il passe par Berlin où il rencontre régulièrement Bismarck et l’empereur Guillaume II. Il démissionne en 1881 et le voici nommé à la tête de la 6e région militaire à Chalons–sur-Marne. C’est là qu’il décède d’une congestion cérébrale le 4 janvier 1883.
Gilles Déroche ne manqua pas d’évoquer la vie politique d’Alfred Chanzy, sa vie personnelle et familiale. Après avoir répondu aux questions de l’auditoire, le conférencier a dédicacé son livre sous le regard de Chanzy dont un buste en plâtre trônait sur la table. Intéressante soirée, d’où l’on sort plus intelligent que lorsqu’on y est entré !
Gilles Déroche et le buste de Chanzy.