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Réfugiés en Turquie : quand l'Europe ferme les yeux.

Communiqué d'Amnesty International

L’Union européenne (UE)  a conclu un accord de  coopération  avec la Turquie. Une aide financière sera apportée par l’UE pour la protection des réfugiés de Syrie., Mais l’UE  cherche aussi  à ce que la Turquie joue un  rôle de « garde-frontière », sans regarder si ce pays respecte les droits humains des réfugiés.

 ÊTRE RÉFUGIÉ EN TURQUIE

Près de 2,3 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont fui la Syrie pour se mettre à l’abri en Turquie.

Des centaines de milliers de personnes sont totalement abandonnées et livrées à elles-mêmes à travers  la Turquie. La plupart  sont sans logement, n’ont pas accès aux soins ; les enfants ne sont bien sûr pas scolarisés. 

Si les réfugiés de Syrie ont accès à une protection temporaire ‘’automatique’’, les personnes qui ont une autre nationalité doivent déposer une demande individuelle. Ces demandes ne sont en réalité pas examinées. Les réfugiés doivent attendre des années, pour espérer obtenir un rendez-vous et être enregistrés.

Pendant toutes ces années d’attentes, ces personnes auront beaucoup de mal à se loger et leur quotidien consistera à survivre.

POUSSÉS À PARTIR

Face à une telle situation, les réfugiés n’ont au final pas d’autre choix que de fuir  toujours  et encore plus loin pour tenter de trouver une protection et des conditions de vie dignes. 
La route vers l’UE est le seul échappatoire pour celles et ceux qui ne peuvent ni retourner  dans leur pays par peur d’y être persécuté ni rester en Turquie.

Les Syriens ne sont pas les seuls réfugiés en Turquie. 

Le premier groupe de personnes réfugiées en Turquie -  autre que les Syriens -  sont les Afghans. 

Fin novembre 2015, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a recensé 170.000 Afghans qui avaient traversé la mer Egée depuis la Turquie pour rejoindre la Grèce. 

L’absence de protection effective en Turquie est à l’origine de ce nouvel exil.

 LES CHOIX DE L’UE

Depuis le début de l’année 2015, plus de 800 000 personnes sont arrivées au sein de l’Union européenne. 

La « crise de l’accueil des réfugiés » que nous traversons  actuellement à des causes évidentes : 

- les Etats membres concernés ne respectent pas les règles européennes prévues pour accueillir et protéger les réfugiés ; 

- la réponse de l’UE et des Etats membres n’est pas suffisamment coordonnée.

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En quête de solutions, l’UE a enclenché des nouvelles discussions avec la Turquie pour fixer les réfugiés en Turquie . Un accord a finalement été trouvé au mois de novembre 2015.

L’UE va verser , sur plusieurs mois, 3 milliards d’euros à la Turquie. Ces fonds doivent aider la Turquie à prendre en charge et protéger les réfugiés de Syrie présents sur son territoire.

L’UE n’a pris aucun engagement concret pour accueillir, depuis la Turquie, des réfugiés vulnérables.

L’UE n’a aucunement mentionné, dans l’accord, le fait que la Turquie se doit de respecter les droits humains des réfugiés et demandeurs d’asile.

L’aide de l’UE ne concerne que les réfugiés Syriens. Les autres continueront d’être condamnés à la survie.


L'UE PRÊTE À FINANCER LA RÉPRESSION

En contrepartie de l’aide de l’UE, la Turquie s’engage à renforcer son contrôle sur les personnes, migrantes ou réfugiées, qui veulent rejoindre le territoire européen.

La Turquie devient donc le garde-frontière de l’UE.

Mais les pratiques de la Turquie sont condamnables et inquiétantes :

- arrestation et détention arbitraire au secret de réfugiés et migrants

- mauvais traitements infligés en détention

- renvois forcés en Syrie et en Irak de réfugiés en dépit des risques de persécutions.

C’est le cas de ce réfugié de Syrie qui a accepté de témoigner. Il a en main une étiquette récupérée dans le centre de détention de Erzurum. Elle indique que le centre est financé à 85% par l’UE : "Lorsqu’ils ont enchaîné mes mains et mes jambes, je me suis senti comme un esclave, comme si je n’étais pas un être humain. Nous avons été torturés sous cette étiquette."

L’UE doit imposer ses conditions pour que la dignité des réfugiés et des migrants soit absolument respectée en toutes circonstances.

Sinon, elle sera complice de ces violences inacceptables.

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