Monsieur Patrice Dutot, le Directeur académique des services de l'Education Nationale (DASEN) est devenu une des personnalités les plus connues des Ardennes.
Il a été au premier plan l'an dernier dans le conflit sur la fermeture des collèges du sud-Ardennes. Cette bataille qui a connu de nombreux épisodes (manifestations, grève de la faim,...), s'est conclue par un cessez le feu sous l'égide des représentants du ministre de l'Education Nationale, qui s'étaient déplacés à Reims pour l'occasion.
Dans cette réunion, il a été décidé de créer à la rentrée 2013 un groupe de travail sur la carte de l’ensemble des collèges ardennais. Ce groupe de travail devait rendre ses conclusions fin décembre 2013, afin que puisse être arrêté un nouveau schéma scolaire.
Un objectif était clairement fixé, travailler sur la carte de l'ensemble des collèges, et une méthode avait été établie.
Or début décembre, Monsieur Dutot annonce qu'il a pris une décision, fermer le collège de Buzancy. Il déclare dans les colonnes de notre confrère L'Union : « Ce n’est pas un scoop, ni une surprise. Il n’y a rien de nouveau. Le dossier était très clair depuis le début, commente Patrice Dutot, le directeur académique. Le processus était déjà entamé et tous les acteurs étaient au courant de l’avenir. Les choses se déroulent sereinement. ».
Benoît Pichard, directeur de cabinet de Vincent Peillon, et Bernard Lejeune, directeur de cabinet adjoint, se déplacent de Paris pour une rencontre avec les protagonistes du conflit, en présence du Recteur d'Académie. Il est décidé de mettre en place un nouveau schéma scolaire, ce qui nécessite une concertation élargie.
Pourtant d'après Monsieur Dutot," tout était clair depuis le début "! Avec le recul on comprend ce qu'il veut dire : tout était clair pour lui, les semblants de concertation en présence des élus et du préfet n'étaient que des mises en scène.
La démocratie passe par le respect des instances, et Monsieur Dutot annonce une décision qui relève de la compétence du Conseil d'Administration du collège multi-site Buzancy-Grandpré.
La démocratie passe également par le respect des interlocuteurs et des engagements pris sous le couvert de hauts représentants du ministre.
Ce passage en force montre la toute puissance d'une technocratie, sûre de sa force, et qui finit par trouver une "fenêtre de tir" pour imposer son point de vue.
Ne soyons pas étonné de voir de plus en plus de citoyens se désintéresser de la vie de leur territoire, ou rejoindre des partis aux slogans simplistes ("tous pourris").
Cette décision est une catastrophe pour un canton comme celui de Buzancy. Il se désertifie déjà (1800 habitants au dernier recensement , une densité de 7,1 hab. /km2 à comparer aux 102,6 hab. /km2 pour la France).
Cette décision est dramatique pour tous ceux qui se sont mobilisés l'an dernier (plusieurs centaines de manifestants présents à Buzancy) et qui ne sont plus prêts de croire avant longtemps au dialogue avec les autorités officielles.
Mais Monsieur Dutot a gagné, et c'est bien là l'essentiel, qu'importe alors qu'avec ses mots il ait contribué à affaiblir notre démocratie.
Manifestation à Buzancy en février 2013 (Photo L'An Vert D.R.)