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mariage

  • La "manif pour tous" et sa famille idéale

    Sur beaucoup de sujets, des opinions divergentes existent, et la confrontation des idées permet en général de faire avancer le débat.
    Cela devient très difficile quand certains pensent détenir LA vérité, parfaite et immuable. Et quand la réalité ne colle plus à leurs croyances, c'est la réalité qu'il faut changer !
    Ainsi en ce 8 mars, qui reste la journée du droit des femmes, la mouvance de "la manif pour tous" avait organisé un rassemblement intitulé « Grenelle de la famille ».
    Après avoir réuni ses sympathisants dans différentes villes, une synthèse des recommandations formulées par ce courant traditionaliste a été présentée.
     Le journal " La Croix" en fait un compte-rendu. Sans surprise, il est répété que« le mariage doit être protégé par la nation comme engagement public que prennent un homme et une femme l’un envers l’autre dans la durée pour s’aimer, fonder une famille et éduquer leurs enfants ». Pas question donc de mariage homosexuel, pas de mariage pour les couples qui ne peuvent avoir d'enfant (trop âgés ou stériles), on se demande même si le divorce sera encore permis.
    Le mouvement serait un acteur "d'un type nouveau" (??) d'après la présidente, ce que rapporte le journal catholique:
    C’est d’ailleurs par là qu’a commencé sa présidente : « Nous sommes un acteur de la vie de la cité, d’un type nouveau, il va falloir s’y faire ! » a déclaré Ludovine de la Rochère, à l’ouverture du Grenelle. Pour elle, Il s’agit d’une consultation inédite, qui a mobilisé quelque 5 000 citoyens à Marseille, Toulouse, Lyon, la Roche-sur-Yon ou encore Paris, sur « l’enjeu fondamental qu’est la famille ». « Le gouvernement, lui, ne consulte pas, il n’entend pas », a-t-elle regretté. Avant d’ajouter : « La Manif pour tous est là pour quelques années ! ».
    Le type nouveau apparaît principalement ancré sur des valeurs anciennes, liées à la religion et à une vision rétrograde de la société.
    Les réactions des personnes présentes dans la salle donnent un éclairage sur ses propos :
    Applaudissements enthousiastes dans la salle. À quelques rangs de la scène, un couple de retraités parisien, n’en perd pas une miette. « Ce qui est grave, c’est la libéralisation à tous crins, la perte de repères », dit Nicolette, cheveux courts, foulard rouge autour du cou. Son mari acquiesce : « Il faut montrer au gouvernement qu’on est là, qu’on n’est pas d’accord avec le mariage homosexuel, même s’il a été voté ».
    (...)
    C’est aussi cette idée de résistance qui a conduit Sybil, 43 ans et sa sœur Armelle, 39 ans, à venir à la Mutualité ce 8 mars. « On est face à une tentative de destruction de la famille. En tant que chrétiennes, nous ne pouvons pas nous taire », estime Sybil, mère de deux enfants, qui n’a manqué aucune manifestation contre la loi Taubira.
    Cette frange conservatrice de la mouvance catholique ne peut concevoir une famille que dans sa version traditionnelle. Comme si depuis 2000 ans rien n'avait changé, et que rien ne changera jamais en mieux ou en différent, puisque la famille traditionnelle est définitivement parfaite et immuable. On a bien affaire ici au sectarisme le plus borné, avec toute sa dangerosité.
    Pour terminer, une citation tirée de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens - Chapitre 14
    Les inspirations des prophètes sont sous le contrôle des prophètes, car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix.
    Comme cela se fait dans toutes nos Églises, que les femmes gardent le silence dans les assemblées, car elles n’ont pas la permission de parler ; mais qu’elles restent dans la soumission, comme le dit la Loi.
    Et si elles veulent obtenir un éclaircissement, qu’elles interrogent leur mari à la maison. Car pour une femme c’est une honte de parler dans l’assemblée.
    On comprend mieux ainsi d'où viennent les références théoriques des catholiques traditionalistes.

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  • Pour un État laïc, au service de tous les citoyens.

    Le Conseil Constitutionnel vient de confirmer qu'il ne pouvait exister une quelconque "clause de conscience" qui permettrait aux maires de ne pas célébrer un mariage homosexuel.

    Le Conseil Constitutionnel appuie sa décision sur des principes fondamentaux : les agents de l’État sont là pour appliquer la loi, leurs propres opinions ou croyances ne pouvant en rien interférer avec leur mission. Le maire qui officie lors d'un mariage est le représentant de l’État, il n'est pas qu'un élu ou un 3237121_union-hommes.JPGcitoyen mais un Officier d’État Civil.

    Il peut bien entendu refuser cette charge s'il considère que les lois en vigueur ne sont pas compatibles avec ses convictions. Ce qui rend sa situation bien différente d'un simple citoyen, et c'est pourquoi il a pu exister une objection de conscience pour les appelés qui refusaient de porter les armes pour accomplir leur service militaire.

    On imagine mal qu'un État puisse fonctionner avec des agents qui refuseraient telle ou telle mission en fonction de croyances ou de convictions personnelles ; ce serait non seulement ingérable, mais cela entraînerait des discriminations permanentes pour les citoyens qui ont recours à l'administration.

    Voici des extraits des commentaires du Conseil Constitutionnel pour asseoir sa décision de ce jour :

    (...)

    Premièrement, il résulte des articles L. 2122-27 et L. 2122-32 du CGCT que le maire, officier de l’état civil, est un officier public agissant au nom de l’État pour l’accomplissement d’une mission de service public qui consiste à assurer l’application et le respect de la loi en matière d’état civil. Le respect de la loi est inhérent à la fonction de l’officier de l’état civil.
    Deuxièmement, le principe de neutralité du service public s’oppose à ce qu’un maire puisse s’abstenir, pour des motifs philosophiques ou religieux, d’accomplir un acte auquel il est légalement tenu, tout en conservant sa fonction. En ce sens, à propos de la liberté de religion, Jean Barthélemy indique que « le service public […] est entièrement voué à l’application de la loi et à l’accomplissement des missions qui lui sont confiées dans (l’)intérêt général, sans considération pour les opinions de ceux qui le servent et de ceux qui en bénéficient »9.
    Troisièmement, l’acte accompli est un acte juridique qui n’implique pas la conscience de son auteur dans des conditions comparables à l’acte de diagnostic ou thérapeutique du médecin (a fortiori l’IVG). Il y a des particularités dans l’accomplissement de l’acte médical qu’on ne retrouve pas dans les missions de l’officier de l’état civil.

    (...)

    Le CC conclue donc :

    Dans sa décision n° 2013-353 QPC du 18 octobre 2013, le Conseil constitutionnel a donc jugé : « qu’en ne permettant pas aux officiers de l’état civil de se prévaloir de leur désaccord avec les dispositions de la loi du 17 mai 2013 pour se soustraire à l’accomplissement des attributions qui leur sont confiées par la loi pour la célébration du mariage, le législateur a entendu assurer l’application de la loi relative au mariage et garantir ainsi le bon fonctionnement et la neutralité du service public de l’état civil ; qu’eu égard aux fonctions de l’officier de l’état civil dans la célébration du mariage, il n’a pas porté atteinte à la liberté de conscience » (cons. 10).