Dans l'affaire "DSK contre Diallo", la vérité ne sera probablement jamais connue.
La justice américaine a fermé la page pénale, c'est dans ce sens que nous avons écrit la note du 23
août "justice est faite". Clémentine Autin, très engagée dans les combats féministes, prend du recul par rapport à ce cas particulier, et insiste sur l'importance d'une réflexion sur la violence masculine, débat qui n'a pas eu lieu lors de cette affaire . Les responsables politiques sont dans leur quasi totalité restés au niveau des personnalités en cause, sans traiter le problème au niveau de la société.
Voici la réaction de Clémentine Autin, recueillie dans L'Humanité.
Quelle est votre réaction à la décision d’abandonner les poursuites pénales contre DSK ? C’est une mauvaise nouvelle car, quelle que soit la réalité des faits, justice ne sera pas faite. Si DSK est innocent, le soupçon subsiste. Si Nafissatou Diallo a dit vrai, un viol reste impuni. Les raisons de cet abandon tiennent pour l’essentiel aux mécanismes judiciaires américains. Je craignais depuis le départ que nous ne sachions jamais ce qu’il s’est réellement passé dans la suite new-yorkaise. Le viol est un crime difficile à établir car les preuves matérielles font généralement défaut. C’est souvent parole contre parole. Même si la relation sexuelle est avérée, il n’est pas facile de prouver le non consentement de la victime. C’est l’une des raisons pour lesquelles de nombreuses femmes violées ne portent pas plainte. Or, il y a infiniment plus de violeurs qui dorment tranquilles que de femmes qui déposent plainte pour un viol imaginaire.
Comment réagissez-vous aux commentaires au sein de la gauche, particulièrement du PS ? Je ne comprends pas cette communion de soulagement validant l’idée d’un DSK blanchi par la justice. Depuis le début de l’affaire, la plupart des leaders socialistes ont réagi avec deux poids, deux mesures. Ils ont d’abord défendu l’homme, l’ami, le camarade sans avoir de mots pour la plaignante. Ils n’ont pas ou très peu trouvé les mots pour contribuer à envoyer un message contre les violences faites aux femmes. Notre responsabilité était de savoir dépasser le cas précis de DSK, dont seuls deux protagonistes connaissent la réalité, pour prendre en considération ce dont il était question : le viol. Si le féminisme imprégnait sérieusement ce grand parti politique, les commentaires de ses principaux dirigeants eut été d’une toute autre teneur. Cette séquence aura révélé un impensé ou un mal pensé au PS sur la domination masculine, ses ressorts, son ampleur, ses modes de reproduction.
Cette décision peut-elle créer en France un retournement de situation sur le regard que porte la société sur les violences à l’égard des femmes ? Je ne veux pas le croire. Il y aura un avant et après l’affaire DSK parce qu’une chape de plomb s’est soulevée. Les violences faites aux femmes sont sorties du tabou. Au bureau, entre amis, en famille, nous avons parlé du viol et du machisme. Bien sûr, la contre-offensive s’est faite entendre. La confrontation politique est ouverte. C’est infiniment mieux que de tenir les violences faites aux femmes et le sexisme à distance du social et du politique, dans le petit pré-carré de la vie privée et de l’intime.
Propos recueillis par Mina Kaci pour L’Humanité du 25 août 2011
épreuve et à elle aussi une famille qui doit vivre un sale moment. Et je trouvais qu’il n’y avait pas deux poids deux mesures. S’il y a une présomption d’innocence à respecter - j’y tiens, et je trouve d’ailleurs que cette présomption qui ne fonctionne pas aux Etats-Unis est un vrai problème - avoir “de la dignité et de la décence”, comme l’ont beaucoup réclamé les socialistes, c’est aussi avoir une pensée pour la victime présumée de cette tentative de viol.
dans les sondages est insupportable. Voilà l’ennemi numéro 1. Nous savons que c’est notamment le fruit d’une démobilisation électorale des catégories les plus touchées par la crise, en particulier les jeunes et les ouvriers : l’unité de la gauche radicale me semblait le meilleur sinon le seul moyen de porter une perspective politique à la hauteur de la situation de crises et susceptible de motiver ces catégories sociales qui ne trouvent pas, aujourd’hui, de réponse politique à leurs angoisses et leurs aspirations ;