À l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), France Nature Environnement et d’autres associations environnementales réunies au sein de la Plateforme Océan & Climat appellent à la protection stricte de 10% de l’espace maritime français d’ici 2030.
Les aires marines protégées sont-elles réellement protégées ?
Il existe en France plusieurs statuts d’aires marines protégées (AMP), avec des niveaux de protection très variables… et souvent insuffisants. Certaines de ces zones permettent encore des activités dommageables pour la biodiversité comme la pêche au chalut de fond et ne prennent pas suffisamment en compte les pollutions venues de la terre, notamment celles liées à l’agriculture.
Protection forte, protection stricte, quelle est la différence ?
Le cadre légal des aires marines protégées françaises est complexe et manque de clarté. Les zones de protection forte (ZPF) n’échappent pas à cette confusion. Le décret du 12 avril 2022 en a posé une définition. Celle-ci repose sur une logique de labellisation aux critères flous, sans créer de véritable niveau de protection supplémentaire. Il s’agit d’une approche au cas par cas, sans interdiction explicite d’activités. À ce jour, seule l’exploitation minière et minérale semble interdite dans ces zones. Le texte reste silencieux sur des pratiques impactant le milieu marin comme certaines techniques de pêche, l’éolien en mer ou certaines activités terrestres.
Cette conception de la protection forte “à la française” s’écarte des standards internationaux et des recommandations scientifiques qui appellent à un renforcement réel de la protection dans les AMP. La protection stricte telle que préconisée par la Commission européenne fournit un cadre plus clair et s’apparente aux catégories I et II d’aires marines protégées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Dans ces zones de protection stricte (ZPS), toute perturbation significative des processus naturels est proscrite. Ainsi, les activités extractives, les dépôts ou rejets de polluants, les activités industrielles et/ou militaires y sont interdites.
Où se trouvent les AMP en protection forte ?
La France se félicite de l’étendue de son réseau d’aires marines protégées et de sa “protection forte à la française”. Pourtant, la répartition des AMP en protection forte est profondément déséquilibrée. Seulement 4,8 % des eaux côtières et marines bénéficient d’un niveau de protection dit « fort ». Parmi elles :
- À peine 0,1% se situent dans l’Hexagone
- 92% au sein des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF)
Autrement dit, les zones les plus fortement protégées sont majoritairement situées loin des pressions humaines les plus fortes.
Que peut-on attendre de l’UNOC 2025 ?
Alors que tous les projecteurs sont tournés vers la France lors de cette conférence internationale, les associations regroupées au sein de la Plateforme Océan & Climat portent 5 messages clés dans leur note politique :
- L’alignement de la “protection forte” française sur la “protection stricte” européenne, fondée sur les critères des catégories I et II de l’UICN
- La répartition équitable des 10% de protection stricte entre l’Hexagone et les territoires ultramarins
- La création de zones tampons autour des aires marines strictement protégées
- La clarification du niveau réel de protection des AMP françaises et le renforcement de la lisibilité des outils de protection
- L’utilisation efficace des outils juridiques existants afin de ne pas en créer de nouveaux pour les espaces marins