En seulement trois ans, la population d’insectes volants a chuté de 63 % au Royaume-Uni. Voilà le résultat de l’étude participative Bugs matter, dont les résultats ont été rendus publics le 30 avril.
Le principe de l’étude, mise en place par deux organisations environnementales — Kent Wildlife Trust et Buglife — est simple : de 2021 à 2024, des milliers d’automobilistes britanniques ont téléchargé sur une application dédiée des photos de leur plaque d’immatriculation, avant et après avoir conduit, pour recenser le nombre d’impacts d’insecte sur le véhicule. Plus de 25 000 trajets ont ainsi été enregistrés.
« Conséquences considérables »
Les conclusions ont permis de valider le ressenti de nombreuses personnes, qui avaient déjà remarqué à l’œil nu une diminution du nombre d’insectes sur leur pare-brise. Les résultats ne diffèrent pas non plus des études similaires menées dans d’autres pays européens : une enquête avait par exemple conclu à une baisse des insectes volants de 80 % au Danemark entre 1997 et 2017. Les causes identifiées sont la perte et la dégradation des habitats, le changement climatique et l’utilisation de pesticides.
Cette diminution est « vraiment alarmante », a réagi le Dr Lawrence Ball, du Kent Wildlife Trust, dans un communiqué de presse. « Les conséquences peuvent être considérables, non seulement en ce qui concerne la santé du monde naturel, mais aussi pour de nombreux services essentiels que la nature nous fournit », a ajouté Andrew Whitehouse, de Buglife. Par exemple, sans les insectes, la productivité agricole décline.
Pour Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique de l’institut CNRS Écologie et environnement, interrogé par Le Monde, la situation « est en partie réversible, si l’on cesse les pressions (pertes d’habitats, pesticides, etc.) ». La nouvelle campagne de Bugs matter pour 2025 a débuté ce 1er mai et s’achèvera le 30 septembre. Elle est désormais ouverte aux habitants de l’Irlande.