Lundi 6 février au matin, un séisme dévastateur a foudroyé la Turquie et la Syrie. Nous exprimons toute notre solidarité aux milliers de familles endeuillées. Ce drame a notamment frappé le nord-est syrien, une zone qui faisait déjà face à une terrible crise humanitaire, meurtrie par des années de guerre. Permettre l’accès aux convois humanitaires est urgent.
Lors du tremblement de terre du 6 février, des immeubles entiers se sont effondrés dans des quartiers du nord-ouest de la Syrie, déjà délabrés par des années de guerre. Cette destruction de très grande ampleur, conjuguée à une crise économique aiguë et une violente tempête de neige, entrave l’acheminement de l’aide humanitaire.
Une double tragédie
C’est la région d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie qui a été directement frappée par le séisme. Plus de quatre millions de personnes y vivent. Parmi elles plusieurs milliers de personnes déplacées d’autres régions de Syrie. En juillet 2022, notre organisation avait déjà documenté les conditions de vie extrêmement difficiles auxquelles elles étaient confrontées dans les camps, dépendant entièrement de l’aide humanitaire pour survivre.
Cette zone échappe encore au contrôle du gouvernement de Bachar El Asad. Depuis que le gouvernement syrien a perdu le contrôle de la partie nord-ouest du pays, il procède à des coupures d’électricité, de l’approvisionnement en eau, attaque des camps, des installations médicales et des écoles. Le gouvernement syrien et les forces russes se livrent toujours à des attaques indiscriminées.
Les convois humanitaires limités
Le séisme survenu dans le nord-ouest de la Syrie rappelle que le conflit en Syrie a toujours cours dans cette région et montre l’isolement auquel est confronté la population. Les autorités syriennes, appuyées par la Russie, entravent l’acheminement de l’aide humanitaire depuis plusieurs années.
En juillet 2022, la Russie a opposé son veto au renouvellement du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalier lors d’un vote au Conseil de sécurité l’ONU. Malgré un premier veto russe, le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé, à deux reprises le mécanisme transfrontalier. Le dernier vote remonte au 6 janvier 2023, autorisant l’acheminement de l’aide humanitaire vers la Syrie par la frontière turque jusqu’au 10 juillet. La résolution indique que l’autorisation concerne seulement un point de passage, celui de Bab el-Haoua. Cela fait des années que la population de cette zone vit dans la précarité et l'isolement. Une situation aggravée par cette catastrophe naturelle.
La communauté internationale doit immédiatement mobiliser des ressources afin de soutenir les efforts de sauvetage et de réhabilitation dans le nord de la Syrie. Le gouvernement syrien doit aussi permettre à l’aide humanitaire d’atteindre toutes les zones affectées par le tremblement de terre, sans restriction. L’ensemble des parties, en particulier le gouvernement syrien et les forces russes, doivent immédiatement cesser les attaques contre les civils et les infrastructures civiles, ainsi que les attaques menées sans discrimination dans la région.