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Conseil de planification écologique : réaction de Greenpeace France à la vidéo d’E. Macron


Pour Greenpeace France, cette vidéo remplie d’autosatisfaction sonne creux, désolant mélange de procrastination et techno solutionnisme.

Avec cet énième point d’étape, alors que 2030 est tout proche, le Président ne fait que retarder encore des mesures qui sont connues et qui devraient être appliquées immédiatement, comme s’il n’était pas au pouvoir lors des conclusions de la Convention citoyenne sur le climat et des alertes des rapports du GIEC et du HCC. Sans parler du lancement de la procédure de l’Affaire du Siècle qui a abouti à la condamnation de France pour inaction climatique.

Si un nouveau plan de sobriété est plutôt une bonne chose sur le papier, dans la mesure où il intègrerait enfin une juste répartition des efforts demandés, les affirmations du Président se heurtent au réel :

  • Sur les transports, pas un mot sur la nécessité de réduire le parc automobile (alors que cette mesure est clef), ni sur le sujet de la taille et du poids des véhicules. Or électrifier le parc automobile, sans réduction et en préservant les SUV, serait un non sens environnemental, climatique et social;
  • il affirme que la France a “le bon mix énergétique” pour électrifier, alors que c’est dans le cadre d’un mix vers le 100% renouvelables que la voiture électrique est la plus vertueuse [1];
  • il met en avant le train de nuit et la préservation des petites lignes alors que le transport ferroviaire souffre dans les faits d’un sous-investissement chronique, encore acté récemment par le gouvernement en place dans le cadre du nouveau contrat de performance Etat-SNCF;
  • pas un mot sur l’aérien… pourtant il aurait été intéressant de savoir ce que le gouvernement prévoit au sujet des jets privés ou les extensions d’aéroports par exemple, ou encore au sujet des avantages fiscaux dont bénéficie le secteur aérien;
  • le texte de loi sur l’accélération des renouvelables, qui devrait être voté la semaine prochaine, ne permettra pas une réelle accélération à la hauteur de nos objectifs, en particulier sur l’éolien terrestre où les maires auront un veto sur la définition des zones d’accélération sur leurs communes;
  • il mentionne le nucléaire alors que la vidéo porte sur 2030 et que de nouveaux réacteurs nucléaires ne seront pas opérationnels avant 2037-2040 (au minimum).
  • Face aux 12 millions de personnes vivant dans des passoires thermiques, E. Macron vante des résultats dans la rénovation des bâtiments alors que le gouvernement persiste dans une logique de subventions aux rénovations par petits gestes, qui ne permettent ni de réductions substantielles en termes de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre;
  • Sur l’agriculture, le président « omet » de mentionner le plus gros contributeur aux émissions de GES, à savoir l’élevage industriel. On ne pourra réduire significativement les émissions du secteur tant que rien ne sera mis en oeuvre pour réduire notre surproduction et surconsommation de viande. La loi d’orientation agricole évoquée par le Président doit se donner les moyens d’être ambitieuse, avec notamment la mise en place d’un moratoire sur les nouvelles fermes-usines.
  • enfin, il rappelle une annonce déjà faite de planter un milliard d’arbres, sans jamais parler de mettre fin à la déforestation importée… [2]

Le 14 octobre 2021, le Tribunal Administratif condamnait l’Etat pour inaction climatique et l’enjoignait à prendre “toutes les mesures nécessaires pour réparer les conséquences de sa carence en matière de lutte contre le changement climatique” avant le 31 décembre 2022. 14 mois plus tard, les organisations de l’Affaire du Siècle ont fait le constat que l’Etat n’a pas agi suffisamment [3].
Sur la base des nombreuses études et rapports publiés en 2022 (Haut Conseil pour le climat, l’observatoire Energie Climat, etc.), elles estiment que les mesures prises jusqu’à présent par l’exécutif ne sont pas assez ambitieuses et que la baisse effective des émissions de gaz à effet de serre de la France depuis le jugement est, par ailleurs, principalement conjoncturelle, due à la crise du Covid et à la crise énergétique. Les mesures structurelles mises en place sont largement insuffisantes.

Notes aux rédactions

[1] https://reseauactionclimat.org/developpement-soutenable-voiture-electrique-france/
[2] https://www.greenpeace.fr/est-ce-que-planter-des-arbres-sauvera-le-climat/
[3] https://www.greenpeace.fr/espace-presse/au-31-decembre-2022-laction-climatique-de-letat-aura-ete-insuffisante/

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