Par un collectif d'organisations et de personnalités
Aucun pays membre de l’Union européenne ne doit la déshonorer par le renvoi en Syrie des réfugiés. Une petite musique avait commencé à se faire entendre en décembre 2020 en Allemagne via le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, pour que l’arrêt général de toutes les expulsions de réfugiés syriens d’Allemagne vers la Syrie ne soit pas prolongé au-delà de la fin de cette année 2020. Dernièrement, les services de l’Immigration du Danemark ont indiqué que 505 réfugiés syriens arrivés en 2015, originaires de la région de Damas et bénéficiaires d’une protection temporaire, devraient voir leur permis de résidence révoqué cette année. Les autorités danoises, par la voix du président de la commission des recours, Henrik Bloch Andersen, estiment que la situation à Damas et dans sa région est suffisamment stabilisée pour que ces réfugiés puissent rentrer : «Les conditions générales dans les zones en question ne sont plus si extrêmes pour justifier à elles seules un permis de séjour.»
«Le retour ne peut se faire que sur une base volontaire»
Nils Muiznieks, directeur pour l’Europe chez Amnesty International, a jugé «invraisemblable» que Copenhague puisse considérer certaines régions en Syrie comme «un endroit où l’on peut renvoyer en toute sécurité des personnes» et la commissaire européenne Ylva Johansson a fait part de son «inquiétude». Pour les ONG et personnalités signataires, ces motivations des autorités danoises ne sont pas acceptables ; elles rappellent les menaces qui pèsent sur les réfugiés qui retournent en Syrie, en particulier, la conscription forcée, la détention sans discernement, les disparitions forcées, la torture, les violences physiques et sexuelles, la discrimination dans l’accès au logement et à la terre. Copenhague n’ayant pas d’accord de rapatriement avec Damas et ne pouvant donc pas les renvoyer de force, ils seront placés dans un centre de rétention, jusqu’à ce qu’ils décident de repartir volontairement. Elles rappellent qu’au regard du droit international (convention de Genève de 1951, relative au statut des réfugiés), la protection des réfugiés doit être garantie, et «le retour ne peut se faire que lorsque les conditions de sécurité existent, et ne peut se faire que sur une base volontaire». De même, la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU stipule des «conditions pour un retour volontaire et sécurisé des réfugiés».
Depuis 2011, le régime de Bachar al-Assad est accusé d’atteintes massives et gravissimes aux droits humains et mis en cause pour des milliers de cas de tortures, viols et exécutions sommaires. Nous interpellons les instances politiques de l’Union européenne pour condamner fermement le gouvernement danois. Nous sollicitons la plus grande vigilance vis-à-vis des pays de l’Union européenne pouvant être tentés par une démarche similaire. L’Europe doit s’honorer d’accueillir dignement les ressortissants d’un pays martyrisé qui l’ont choisie pour terre d’accueil, espace de liberté et de démocratie, dont ces valeurs sont fondatrices.
Organisations signataires : Collectif pour une Syrie libre et démocratique ; Revivre ; Coordination de Paris de la révolution syrienne (CPRS) ; Souria Houria ; Memorial 98 ; Ligue des droits de l’homme (LDH) ; Golias ; Appel solidarité Syrie ; Syrie démocratie 33 ; SGEN-CFDT ; Europe Ecologie-les Verts (EE-LV)