Ce jeudi, une conférence-débat s'est déroulée à Boult aux Bois, à l'initiative d'Eléonore Zielinski, qui a aussi réalisé une exposition sur le même thème. (voir notre note à ce sujet). La Ligue des Droits de l'Homme était co-organisatrice de cette soirée, et Françoise Dumont, la présidente d'honneur de la LDH avait fait le déplacement dans les Ardennes pour l'occasion.
Une trentaine de personnes étaient présentes dans la Grange de la M.A.R.S. de Boult (Maison d'Activités Rurales et Solidaire) pour écouter les oratrices et participer au débat.
Le contexte de cette période révolutionnaire a été rappelé, ce qui a paru fort utile, étant donné le peu de place qu'occupe la Commune de Paris dans la scolarité.
Voici un aperçu de la présentation de Wikipedia sur ces journées riches et tragiques :
"La Commune de Paris est une période insurrectionnelle de l'histoire de Paris qui dura un peu plus de deux mois, du à la « Semaine sanglante » qui se termine le . Cette insurrection refusa de reconnaître le gouvernement issu de l'Assemblée nationale, qui venait d'être élue au suffrage universel masculin.
Les femmes pendant la Commune de Paris se sont particulièrement impliquées, en vue notamment de l'amélioration de leurs droits, ainsi que leurs conditions de travail et de vie familiale. Elles occupent divers rôles actifs pendant ces événements et font de la Commune une étape importante sur le chemin de l'émancipation des femmes. Si le bilan de la Commune est limité en raison de sa courte durée, son héritage politique demeure important pour les femmes : la parité et des premières formes d'organisation structurées de femmes apparaissent pendant cette période, notamment l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés ou le Comité de vigilance de Montmartre "
Les femmes jouèrent un rôle majeur dans la Commune, et ce depuis le début de ces événements, qui se situe le 18 mars 1871, quand le peuple de Paris s'est opposé à la reprise de ses canons par l'armée officielle.
"Le 18 mars 1871 au matin, sur la Butte Montmartre, les femmes se mêlent aux 6000 soldats venus récupérer les canons, paralysent la troupe, encombrent les rues. Elles font barrage de leurs corps pour empêcher l’armée de tirer sur la Garde Nationale, appellent à la fraternisation.
Un rapport militaire relate : « Les femmes et les enfants sont venus et se sont mêlés aux troupes. Nous avons été rudement trompés en permettant à ces gens de s’approcher de nos soldats, car ils se mélangèrent à eux, les femmes et les enfants scandant Ne tirez pas sur le peuple ».
On sait que le général Lecomte connut en direct ce qui devint un passage de l’Internationale « Crosse en l’air ! (…) nos balles seront pour nos propres généraux .
En ce matin de mars, les femmes jouèrent le rôle non d’initiatrices, du moins de détonateur, de la Commune." (source Picardia).
La Commune n'a duré que 72 jours, avec du 21 au 29 mai des combats très violents lors de la reprise de la ville par les Versaillais. C'est la semaine sanglante, avec une répression féroce par les troupes régulières sous les ordres du gouvernement dirigé par Adolphe Thiers.
La contribution des femmes à ces combats est primordiale ; en soutien (infirmières, cantinières) mais aussi en combattantes.
Mais leur contribution aux avancées sociales est aussi remarquable, même si beaucoup de propositions n'ont pas pu être mises en place du fait des circonstances. Elles ont permis de faire émerger des droits nouveaux :
→ Le droit au travail pour elles et l’égalité des salaires.
→ L’école laïque gratuite pour les filles et les garçons.
→ La pleine participation au combat de la Commune, y compris dans la Garde nationale : le club de la rue d’Arras recueillera 300 inscriptions pour « les légions des femmes ».
→ des Pensions pour les veuves de fédérés tués au combat qu’elles soient mariées ou non mais également pour les enfants légitimes ou naturels.
→Les femmes vont œuvrer auprès des différentes commissions la Commune pour obtenir ces changements profonds et participer activement à leur mise en place.
Notons que le droit de vote ne faisait pas partie de leurs revendications, les Suffragettes se battront pour l'obtenir à la fin du 19e siècle.
La conférence a aussi abordé le thème des retombées ultérieures de ces luttes. Après une période pendant laquelle les "Pétroleuses" ont eu une image négative ( pour ceux qui s'opposaient au socialisme), le combat de ces féministes a été repris par d'autres. En particulier en 1968, leur expérience a été remise dans l'actualité. Un journal est paru entre 1974 et 1976 avec pour titre : Les Pétroleuses : le journal des femmes qui luttent. Le Mouvement de Libération des Femmes a fait revenir dans l'actualité le combat des Communardes et a repris des thèmes défendus par les "Pétroleuses". Comme à l'époque, ces idées féministes ont dû s'imposer face aux hommes , même "révolutionnaires".
La soirée s'est poursuivi avec des échanges avec la salle, les auditeurs et auditrices montant leur intérêt pour le sujet.
Un public assez nombreux et captivé par la conférence
Françoise Dumont, Présidente d'Honneur de la LDH
Une présentation commune avec Eléonore Zielinski,