Extraits de l'article publié le 24 décembre 2020 par Yorgos Mitralias sur le site du CADTM
Si l’on en croit nos bons médias internationaux, les États-Unis sont déjà en train de revenir à la « normalité » et – évidemment – Donald Trump c’est déjà du passé. En somme, une simple parenthèse ou plutôt un accident de parcours condamné à être oublié et à ne pas laisser des traces dans l’histoire de « la plus grande démocratie du monde ». Alors, quoi de plus normal que nos médias se désintéressent de ce personnage qui d’ailleurs « vit ses derniers jours à la Maison Blanche » et dont les activités ne présentent plus aucun intérêt et sont donc... passées sous silence.
Rien de plus fallacieux que cette vision presque idyllique de la présente passation de pouvoir étasunienne car elle n’a absolument rien à voir avec la très redoutable réalité quotidienne de ce pays. En effet, comment nos médias internationaux osent-ils parler de « retour à la normalité » des États-Unis quand on sait que Trump vient d’ajouter 11 millions de voix supplémentaires (!) à son score électoral de 2016 ? Et aussi, quand 72 % de ses électeurs croient dur comme fer que les élections du 3 novembre ont été truquées et 62 % d’eux encouragent Trump à ne pas reconnaître la victoire de Biden ? Comment ces médias veulent nous faire croire que Trump n’était qu’une malheureuse « parenthèse », quand les sondages que ces mêmes médias publient – sans les commenter – nous disent qu’il y a 52 millions de fanas de Trump qui le considèrent vainqueur des élections présidentielles et dont la grande majorité se déclarent « prêts à donner leur vie » pour le voir continuer à occuper la Maison Blanche ?
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Soyons clairs : Ni l’instauration de la loi martiale ni la sécession des États Républicains auraient des chances d’être réalisées dans les conditions actuelles. Cependant, il serait non seulement irresponsable mais surtout criminel ne pas en tenir compte et ne pas se préparer pour affronter ces « tentations » de Trump et de son « peuple ». Pourquoi ? Mais, parce que la seule certitude que l’on peut avoir par les temps qui courent, c’est ... qu’il n’y a plus aucune certitude. Et aussi, parce que tout peut désormais arriver dans un pays comme les États-Unis d’aujourd’hui, traversé par une crise historique de leur bipartisme et de leurs institutions, en proie à un faisceau de crises sanitaire, économique, sociale, politique et morale dévastatrices, et dont la société est divisée, polarisée et radicalisée comme jamais auparavant.
Évidemment, il n’est pas du tout surprenant que tous ceux, médias internationaux inclus, qui, durant ces quatre dernières années, ont tout fait pour protéger Trump refusant d’informer l’opinion publique de ses innombrables lubies et autres dérives antidémocratiques, racistes, autoritaires, misogynes et fascistes, prônent aujourd’hui l’apaisement au lieu de donner l’alarme. Exactement comme leurs ancêtres de l’entre-deux guerres fermaient les yeux devant la catastrophe annoncée et pratiquaient la tristement célèbre politique d’apaisement envers Hitler. Nul doute que dans les deux cas, cette extraordinaire... discrétion servait et continue de servir le même objectif : Éviter de laver en public le trop sale linge des élites au pouvoir et empêcher ceux d’en bas venir perturber le festin de ceux d’en haut...
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