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Le Parc national des forêts : un nouveau venu dans un paysage sinistré

Extraits de l'article de Reporterre du 7 novembre 2019 / Marie Astier

Événement rare : un onzième parc national est créé jeudi 7 novembre, afin de protéger les forêts de Champagne et Bourgogne. Mais pour donner des moyens au nouveau venu, on en prend aux parcs déjà existants, alertent les syndicats et présidents de parcs nationaux.

(...) C’est le 11e parc national, le premier créé en plaine et dédié aux forêts de feuillus, celui situé le plus au nord en France et le plus proche de Paris. Ce jeudi 7 novembre est publié le décret de création du Parc national des forêts de Champagne et Bourgogne, qui protège désormais une partie du plateau de Langres, entre la Haute-Marne et la Côte d’Or.

(...) Il promet le retour des très vieux arbres : « Un chêne peut vivre jusqu’à 700 ans mais aujourd’hui on ne les laisse aller que jusqu’à 250 ans au plus... » Le parc souhaite également travailler avec les « acteurs » du territoire et notamment préserver les emplois liés à l’exploitation de la forêt. « On va même en créer de nouveaux », espère M. Parmentier.

« Créer un nouveau parc est ambitieux, ce n’est pas simple et c’est toujours positif, se réjouit Laurent Grandsimon, porte-parole de la Conférence des présidents de parcs nationaux et président du Parc national des Pyrénées. Toutes les études montrent que la biodiversité est en meilleure santé dans les aires protégées. Mais il y a un problème de moyens... », tempère-t-il. « On donne ordre aux directeurs des parcs actuels de baisser leurs effectifs pour créer ceux du onzième parc. C’est le seul point d’amertume. »

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Selon les présidents de parcs nationaux et les syndicats des personnels, les suppressions de postes se sont accélérées depuis la création du Parc national des Calanques en 2012. « Ça a été le premier parc créé à moyens constants, se souvient Frédéric Goulet, du Syndicat national de l’environnement-FSU (SNE-FSU) et garde-moniteur dans le parc des Écrins. L’enveloppe budgétaire des parcs nationaux n’a pas augmenté, les moyens ont été transférés vers le nouveau parc. Cela a eu un effet d’accélération sur la suppression d’effectifs dans les parcs existants. »

« J’ai perdu 20 % de mes postes en dix ans », assure Laurent Grandsimon dans les Pyrénées. « On est à l’os, on a perdu 21 % des effectifs », ajoute Frédéric Goulet depuis les Écrins. « On est de moins en moins sur le terrain, on ne peut plus faire de surveillance. Il y a une perte de sens au travail. Aux Écrins, on a eu deux burn out et une augmentation des arrêts de travail ces dernières années. » Dans les Cévennes, le représentant du personnel Kisito Cendrier compte « dix-sept équivalents temps-pleins perdus en dix ans, et trois postes sont en sursis. Dont celui de la personne qui tient le centre de documentation et de notre expert des milieux aquatiques. »

(...) Le projet de loi de finances présenté par le gouvernement prévoyait même une réduction de la taille du gâteau à partager, bien qu’un nouveau convive soit invité à la table. Trois postes devaient être supprimés l’an prochain sur l’ensemble des parcs.

Finalement, les députés ont adopté lundi 4 novembre, contre l’avis du gouvernement, un amendement au projet de loi de finances permettant d’éviter la perte de ces trois postes. « On nous dit que cela fait une année blanche pour les parcs nationaux, mais cela est vrai hors création du Parc des forêts de Champagne et Bourgogne », souligne Patrick Saint-Léger, secrétaire national du SNE-FSU. Par ailleurs, les coupes ne sont évitées que pour l’année 2020. Mais que va-t-il se passer ensuite ? « Selon nos calculs, quarante postes vont être supprimés d’ici 2022 dans les parcs nationaux existants », indique le syndicaliste. Une partie de ces postes pourrait être réaffectée au nouveau parc. « Mais on n’a aucune information officielle. »

(...)

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Une forêt à Arc-en-Barrois (Haute-Marne).

Commentaires

  • ...Quand l'ONF se préparait à la création du parc national "Forêts de Champagne et Bourgogne…

    Le parc naturel prévoit une réserve intégrale de 3000 ha au sein de la forêt domaniale d' Arc-en- Barrois- Châteauvillain.
    D'après les infos contenues dans l'excellente publication de la fédération MIRABEL- LORRAINE NATURE ENVIRONNEMENT titrée "En passant par la forêt Grand- Est (2018), l' ONF s'est hâtée, avant la création du parc, de procéder à des coupes importantes de gros bois dans le périmètre de la future réserve intégrale. " Un scandale qui discrédite totalement l'ONF" (sic).
    Même si le parc promet un retour des très vieux arbres (" Un chêne peut vivre 700 ans, mais aujourd'hui, on ne les laisse aller que jusqu'à 250 ans au plus"), cette publication précise que plus généralement, les âges et diamètres d'exploitabilité ont diminué significativement ( moins de 100 ans pour le hêtre, par exemple), et que les peuplements sénescents ( plus de 200 ans) ont pratiquement disparu du paysage forestier, et, avec eux, la biodiversité liée à ces milieux.

    Les agents de l' ONF ne cessent de dénoncer la surexploitation forestière ( 6,5 millions de mètres- cubes coupés en 2018) et une privatisation rampante, d'où une situation sociale tendue ( grèves se multipliant, rarissimes auparavant dans le secteur; démission du directeur de l' ONF Christian DUBREUIL en janvier 2019).

    Plutôt que de jouer le rôle qui devrait être le sien: être le garant du patrimoine forestier, l'ONF remplit bien sa mission d' EPIC ( Etablissement Public Industriel et Commercial).
    Ce qui cadre bien avec le contexte actuel de gestion financiarisée et capitaliste généralisée en France...

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