L’ONU dénonce des « conditions de travail risquées »
En août 2018, un groupe d’experts des Nations unies appelaient déjà le gouvernement japonais à prendre des mesures urgentes pour assurer la protection de ces travailleur-euses du nucléaire, dont beaucoup sont des migrant-es, demandeur-ses d’asile et sans-abris. Ces rapporteurs onusiens se disaient « profondément préoccupés par le fait que [ces employé-es] seraient exploités en n’étant pas informés des risques d’exposition aux rayonnements, qu’ils seraient forcés d’accepter des conditions de travail dangereuses en raison des difficultés économiques et par le caractère inadéquat des mesures de formation et de protection ». Des « préoccupations » confirmées ces derniers mois par l’enquête menée sur place par Greenpeace Japon : recrutement de personnes en difficulté, absence de formation appropriée, falsification d’identité et de certificats médicaux, enregistrements officiels non fiables, interventions dans un environnement fortement radioactif…
Risque nucléaire et traitement inhumain
« Une personne comparait cela à de l’esclavage, raconte un ancien travailleur de décontamination nucléaire, Minoru Ikeda, qui a témoigné pour le rapport de Greenpeace Japon. Je veux faire savoir au monde ce qui est en train de se passer. Je veux appeler le gouvernement japonais à respecter la santé des travailleurs, à arrêter d’envoyer des gens pour occuper ces emplois dangereux, et à apporter un soutien approprié à ces travailleuses et travailleurs. »
L’évacuation levée malgré des taux de radioactivité élevés
Ces opérations de « décontamination » vont de paire avec une levée des ordres d’évacuation et un encouragement au retour des personnes qui avaient été évacuées au lendemain de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Or, les niveaux de radioactivité relevés dans la zone d’exclusion et dans les zones de Namie et Iitate où l’ordre d’évacuation a été levé montrent que les risques pour le public sont encore importants, et plus particulièrement pour les enfants, davantage sensibles à la radioactivité. Les niveaux enregistrés sont cinq à cent fois supérieurs aux recommandations internationales maximales et ils le resteront pendant plusieurs décennies encore.
Une présentation biaisée des risques à Fukushima
« Dans son rapport remis aux Nations unies, le gouvernement donne délibérément une image fausse de l’échelle, de la complexité et des risques de radiation dans les zones autour de Fukushima », dénonce Kazue Suzuki, chargée de campagne Energie de Greenpeace Japon, qui déplore aussi le mépris des autorités pour les questions de bien-être et de santé des enfants. Les recommandations du Comité des Nations unies sur les droits des enfants, publiées début février 2019, si elles avaient été suivies, auraient dû conduire le gouvernement japonais à cesser de lever les ordres d’évacuation, à proposer des compensations totales aux personnes évacuées et à respecter pleinement les droits humains de ces personnes et des travailleurs-euses. Le 11 mars 2019, huit ans jours pour jour après le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima, on est très loin du compte…