Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les lycéens de Masaryk font œuvre de mémoire.

La grande salle du cinéma "Les Tourelles " était fort bien remplie ce jeudi pour la projection du court-métrage "Destination : Pitchipoï".

A plusieurs titres, cette projection a pu attirer les spectateurs vouzinois. Le film retrace un épisode tragique de la vie de Hélène Cymanski et de Dora Levi. Ces deux jeunes filles, une rethéloise, l'autre vouzinoise, ont été arrêtées en 1944 dans le cadre des rafles contre les Juifs. Après être passées au camp de Drancy, elles ont été déportées en camp d'extermination, et n'en sont jamais revenues.

Manuel Sanchez, le réalisateur, a voulu par ce film faire œuvre de mémoire, et donner un visage à Dora Levi dont on ne connaît aucune photographie. Par contre, il existe des témoins de ces moments dramatiques de notre histoire. Le scénario s'appuie aussi sur des documents d'époque, comme cette lettre de dénonciation envoyée aux autorités par un Vouzinois "bien-pensant". Le film ne prétend pas être fidèle en tout point à l'Histoire, mais il nous replonge dans cette atmosphère particulièrement pesante et il nous fait prendre conscience des conséquences terribles des petites lâchetés des collaborateurs de l'époque.

L'autre raison qui explique le nombre élevé de spectateurs présents, est la participation d'élèves du lycée Masaryk à cette réalisation. Le point de départ du projet est un enseignement littérature et société au sein de classes de seconde. Cet enseignement tend à montrer aux élèves l’intérêt, l’utilité sociale et la diversité des débouchés d’une formation humaniste à travers un programme structuré autour des Lettres et de l’histoire-géographie (référence ONISEP).

Les lycéens ont pu s'investir depuis le scénario, jusqu'à la préparation technique du film, puis à la participation au tournage proprement dit. Celui-ci s'est déroulé à Vouziers en seulement deux journées, obligeant le réalisateur à utiliser au mieux le temps imposé.

Les lycéens ont bénéficié d'une découverte d'une grande école cinématographique à Paris dans le cadre de ce projet. Au total, ils auront pu redécouvrir par eux-mêmes un épisode de l'Histoire locale, et, au-delà, un versant particulièrement abject de notre Histoire commune.

Comme souvent le passé résonne avec les événements actuels. L'intolérance, le rejet de l'autre qui se manifestent de plus en plus ouvertement aujourd'hui font craindre que des comportements aussi lâches et indignes que ceux de l'époque de l'occupation puissent se reproduire. Plusieurs questions et remarques ont été faites à ce sujet lors des questions-réponses avec les spectateurs présents.

P1350866.JPG

Les élèves de seconde avec le réalisateur et leur professeur.

P1350855.JPG

Manuel Sanchez, le réalisateur du court-métrage

P1350865.JPG

La jeune comédienne qui prête son visage à Dora Levi

Commentaires

  • Mais à quoi sert l'Histoire?
    Bravo à Manuel Sanchez et aux lycéens vouzinois pour ce remarquable court métrage. Ils servent la mémoire, le devoir d'Histoire. Mais la question est: Pourquoi tant de nos concitoyens perdent-ils la mémoire? Pourquoi 30% de Français oublient leur Histoire et ses épisodes les plus dramatiques? Les uns pensent que l'Histoire ne se répète pas et ils ont tord! Les autres que les migrants ne sont pas comparables aux Juifs, que pour les Musulmans stigmatisés "c'est autre chose"!Tous sont probablement horrifiés par les camps en oubliant que des Français, nombreux, ont été les acteurs de la déportation.Tous condamneraient le fascisme, le nazisme mais ne pensent plus rien des milices françaises qui partageaient ces idéologies nauséabondes. Les slogans "Les Français d'abord" et "Les Juifs dehors" sont très voisins! Les idées qui affirment les dangers que nous feraient courir les étrangers et celles qui décrivaient la dangerosité des Juifs sont très comparables. Dans une situation de fragilité de notre société, on imagine bien aujourd'hui quels comportements adopteraient une bonne partie de la population. Et cela fait frémir. Oui, nous sommes bouleversés par le sort dramatique des deux fillettes , Hélène et Dora Mais le sort d'Alan Kurdi, gisant sur une plage tout comme celui des milliers d'enfants noyés en Méditerranée soulèvent-ils la même indignation?

  • Bonjour Michel,
    Pourquoi 30% de Français oublient leur Histoire ?!
    Oublient-ils vraiment ? Je ne le pense pas ! Tout simplement, c'est qu'aujourd'hui nos couches successives et diverses d'égoïsme nous conduisent à un aveuglement coupable qui se traduisent par une incapacité à accepter de regarder la réalité en face et de nous souvenir.
    Entre 1939 et 1945, combien d'Européens furent forcés de quitter leurs foyers, pour fuir les horreurs de la guerre ? Un peu plus de soixante-dix ans plus tard, les destins tragiques des centaines de milliers de réfugiés originaires d'Afrique et du Moyen-Orient, qui tentent de rejoindre l'Europe depuis quelques années, devraient pourtant nous conduire à remonter le temps !
    L'Histoire se répète belle et bien mais avec des protagonistes différents.

  • Merci Manu pour ton implication à nous souvenir d'un passé funèbre et nauséabond de par ces comportements d'hommes "unités de tueurs" prêts à sacrifier leur apparence physique quand ils dirigent mais anonymes et dressés à l’obéissance pour les exécutants.
    Cette transmission de la mémoire collective en collaboration avec des lycéens vouzinois, par les faits locaux que tu relates à travers ton court métrage, constitue une priorité pour l’avenir de notre société.

    Concernant la Shoah dans les Ardennes : La main-d’œuvre juive avait été recrutée par l’Union Générale des Israélites de France (U.G.I.F.), organisme créé par par une loi du gouvernement de Vichy du 29 novembre 1941, sur injonction du Judenreferent00 Theodor Dannecker, expert SS de la question juive, contre la promesse – qui se révèlera illusoire – d’une vie plus facile à la campagne et surtout celle de la protection des biens et des familles restées sur place. Sans parler des Ausweiss dont ils étaient munis pour se rendre en permission : ils ignoraient qu’ils n’avaient aucune valeur en zone occupée, dès qu’ils avaient dépassé Rethel.
    C’est ainsi qu’entre le 11 novembre 1941 et le 4 janvier 1944, près de 700 Juifs d’origine étrangère de Paris et de banlieue, immigrés de l’Europe de l’Est d’entre les deux guerres, suite à différents évènements : pogroms, bouleversements de frontières suite à la guerre de 14, puis montée du nazisme, furent répartis dans 53 communes ardennaises, pour travailler dans les fermes à mettre en valeur les terres agricoles réquisitionnées par la W.O.L.
    Tous ignorent tomber dans une souricière particulièrement vulnérables aux rafles de la Gestapo.

    Rappelons que le gouvernement adopta en avril 1939 un décret autorisant les étrangers à s’enrôler dans l’armée française. Les Juifs immigrés et réfugiés en France entre les deux guerres, y répondirent massivement : volonté de combattre le nazisme, preuve de leur loyauté envers la France, ou parfois même moyen d’éviter l’expulsion ou l’internement.
    Aux yeux de tous, la France restait un pays de fraternité et de solidarité, malgré les mesures d’exclusion économique et d’expulsions, et la montée de l’antisémitisme.
    Bien mal leur en à pris, leur statut de « volontaires » au profit d’une entreprise allemande leur vaudra après-guerre de ne pouvoir prétendre à aucune indemnité.

Les commentaires sont fermés.