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Amnistie sociale : la position de Christophe Léonard

Le PS a fait voter à l'assemblée le renvoi en commission de la loi d'amnistie sociale, ce qui correspond le plus souvent à la mise aux oubliettes.

Lors de ce débat, Christophe Léonard, député des Ardennes a fait une intervention que nous reproduisons ici d'après la transcription du site "nosdeputes.fr".

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des lois, monsieur le rapporteur, chers collègues, la proposition de loi portant amnistie des faits commis à l'occasion de mouvements sociaux et d'activités syndicales et revendicatives, que nous examinons ce matin, a été adoptée par toute la gauche au Sénat le 27 février dernier, par 174 voix pour et 171 voix contre.

En vertu du préambule de notre Constitution, qui permet à chaque citoyen de défendre ses droits et intérêts par l'action syndicale, mais aussi de participer à la détermination des conditions de travail et à la gestion des entreprises, comme de l'article 8 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, selon lequel « la loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires », cette proposition de loi a pour objectif de rendre justice à celles et ceux qui, dans un contexte d'extrême tension sociale, se sont exprimés pour faire respecter leurs droits fondamentaux.

amnistie sociale,ps,christophe leonardBien sûr, j'entends les arguments de ceux pour qui voter ce texte reviendrait à donner un permis de dégrader en toute impunité. Mais alors, qu'ils exigent parallèlement la même sévérité envers les patrons voyous, comme ce repreneur américain qui, dans les Ardennes, après avoir dépecé les ateliers Thomé-Génot et laissé 300 salariés sur le carreau, vit aujourd'hui des jours heureux à Los Angeles, alors qu'il a été condamné par le tribunal correctionnel de Reims à cinq ans d'emprisonnement, cinq ans d'interdiction de gérer et 20 millions d'euros de dommages et intérêts pour abus de biens sociaux et banqueroute.

Les condamnations prononcées en première instance dans les Ardennes à l'encontre de huit manifestants lors de la grève du 28 octobre 2010 contre la réforme des retraites doivent être regardées et analysées à l'aune de cette incapacité judiciaire d'obtenir l'extradition de ce ressortissant américain. Relaxées en appel, ces huit personnes sont actuellement dans l'attente de l'examen du pourvoi en cassation initié par le parquet général.

Alors, qu'entend-t-on par violence sociale ? Vitrines cassées ou familles brisées ?

Le « deux poids, deux mesures » judiciaire existe bel et bien, selon que vous êtes puissant ou misérable.

Dès lors, s'il n'est pas question d'autoriser quelque impunité que ce soit, d'un côté ou de l'autre, il est en revanche nécessaire, pour notre démocratie, d'équilibrer les deux plateaux de la balance judiciaire.

D'autant que, sous la majorité précédente, les autorités ont délibérément pris le parti de judiciariser toute action syndicale et revendicative, pour mieux les museler.

Souvenons-nous de Nicolas Sarkozy durant la dernière campagne présidentielle, et de ses attaques répétées contre « les corps intermédiaires qui font écran entre l'État et le peuple ».

Ce texte a par conséquent le mérite de nous interpeller sur les réponses à apporter aux questions légitimes des salariés victimes de la guerre économique.

Il est en effet impératif pour notre République de trouver des réponses à la situation d'impunité dans laquelle se trouve l'ancien patron des ateliers Thomé-Génot, et de résoudre le paradoxe des temps judiciaires auquel sont confrontés les ex-salariés de l'entreprise Ardennes Forge à Nouzonville. Ils vont prochainement recevoir la visite des huissiers, à la suite de la réformation en appel pour absence de travail dissimulé du jugement des prud'hommes qui leur avait alloué des dommages et intérêts. Mais parallèlement, une procédure judiciaire est en cours contre leur ancien chef d'entreprise pour travail dissimulé. Concrètement, ce sont des montants individuels de l'ordre de 12 000 à 20 000 euros qu'ils doivent aujourd'hui rembourser à l'Association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés – AGS – alors qu'il est incontestable que la plupart de ces femmes et hommes n'ont pas retrouvé d'emploi et connaissent une situation de forte précarité professionnelle et financière.

Il est également impératif de permettre aux salariés qui perdent leur emploi suite à un abus de bien social de se constituer partie civile contre le responsable fautif de l'entreprise, et donc de corriger l'état actuel de notre droit qui n'y voit aucun préjudice direct. En juillet 2012, la cour d'appel de Reims a ainsi rejeté toutes les demandes de dommages et intérêts des cent trente-trois salariés licenciés par l'entreprise Lenoir et Mernier LCAB, située à Bogny-sur-Meuse, alors que leur ancien PDG a été condamné pour malversation, emplois fictifs, banqueroute, recel et abus de biens sociaux.

Enfin, il faut renforcer et sécuriser les procédures de contrôle de la solidité financière des repreneurs d'entreprises de façon à éviter les patrons voyous.

Je suis convaincu que ce texte doit être encore débattu et enrichi, c'est pourquoi je ne voterai pas la motion de rejet proposée par le groupe UMP. En revanche, son renvoi en commission peut être un temps supplémentaire de travail utile et nécessaire, à la condition qu'il ne s'agisse pas d'un de profundis tactique, mais au contraire d'une main tendue, arrimée à un calendrier politique sérieux et responsable.

À ce stade de notre discussion générale, je veux faire confiance à la sincérité de la démarche proposée.

Commentaires

  • Comment faire confiance à MR Hollande,qui comme Président de la République,a eu le temps de décorer Yvon Gattaz et de faire voter l' ANI malgré l'avis contraire de Gérard Filloche .
    Peut-être une grâce présidentielle pour le 14 juillet ?
    Félicitations à MR Léonard pour son courage politique .

  • Merci Christophe!

    Les lecteurs du blog retrouvent dans la prise de parole de Christophe Léonard, l'intégralité des arguments qu'à plusieurs , nous avons exprimés dans nos commentaires.
    Comme dit, sans agressivité Daniel, l'extrème gauche a tord de critiquer le gouvernement! L'extrème gauche vient de recruter un nouvel adhérent!Merci Christophe!

  • je ne sais comment dire ou plutôt écrire

    Je lis avec beaucoup de plaisir l'intervention de Christophe Léonard , je l'en remercie mais cela laisse un gout amère de se réjouir de voir un élu de gauche bien isolé pour défendre ce qui pour moi semblait une évidence .

    Ce soir je pense aux copains syndicalistes ardennais qui ne sont pas des voyous mais des hommes et des femmes qui essaient de garder espoir dans un département sinistré ou le travail se fait de plus en plus rare.

    Comme Michel je suis pour l'adhésion de Christophe Léonard à l'extrême gauche puisque il faut être de l'extrême gauche pour envisager cette amnistie ........enfin non puisque 174 sénateurs ont voté POUR CETTE AMNISTIE

  • Si l'on me trouve agressif vis à vis de l'extrême gauche, je le regrette. Cependant, je doute de la qualité des critiques systématiques venant d'elle contre F.Hollande, contre le gouvernement Ayraud et contre le PS. Pour elle, ils ont tout faux. Quand on arrive à ce point dans la critique, qu'on me permette de penser que son analyse n'est pas sérieuse.

    Daniel

  • Daniel,lis plus sereinement.

    Dans mon commentaire j'ai écrit "sans agressivité" , je dis bien "sans".
    Quand tu qualifies le groupe "écologie-solidarité" et ses sympathisants d'appartenir à "l'extrême gauche", tu sais parfaitement ce que signifie pour beaucoup de personnes, ce classement "extrémiste". Quand tu parles de critiques systématiques,une fois de plus,tu caricatures NOTRE attitude.Nous pensons tout simplement défendre des valeurs de Gauche, humanistes, féministes,égalitaires et solidaires,républicaines,laïques, sociales,fraternelles.Nous sommes vigilants et exigeants envers ceux qui gouvernent.Quoi de plus normal, quoi de plus citoyen.

  • Une mise aux oubliette, hélas votée par le seul député socialiste de Champagne-Ardenne ! Une triste réalité que ne cachent pas toutes ses digressions rhétoriques...

  • Michel, je suis d'accord avec ce que tu écris. Certains commentateurs n'ont que de sévères critiques contre le PS, le gouvernement et le Président actuel de la République. Ils ne trouvent rien de bon dans leurs actions ni dans leurs prises de position. C'est injuste. Et c'est dangereux comme je l'ai dit le 1er mai.
    Je garde un souvenir précieux des longs échanges que nous avions, Raymond GOURY et moi. J'approuvais ses propositions sociales pour le bien des Vouzinois mais je condamnais ses idées générales sur l'organisation de la société en France ou dans nos pays occidentaux. Il était déjà, lui, sévère avec le PS et, moi-même l'étais avec ce qu'il disait comme je viens de l'écrire.
    Le mot "extrême gauche". Je ne le confonds pas avec "extrémiste". Mais je reconnais tout à fait ma maladresse.

    Cordialement,
    Daniel

  • Bonjour Daniel,

    J'ai également était surpris de te voir classer le groupe Ecologie-Solidarité à l'extrême gauche récemment dans les colonnes de l'Union.

    Si cette qualification peut te paraître juste, elle me parait pour le moins "extrême". En effet, les critiques n'ont jamais pour objectif de dénigrer, mais bien de lancer et animer des débats sociaux et économiques aux sujets de la gouvernance actuelle.
    Nous ne nous plieront pas à cette "mode" PS/UMP qui consiste, une fois aux affaires, à se soumettre aux décisions en perdant tout esprit critique. Je ne pense pas que cette anesthésie de la réflexion que vous vous imposés vous-mêmes depuis une année est bonne pour notre démocratie.
    Cette réflexion n'est pas celle d'extrémistes, mais de femmes et d'hommes libres qui partagent des valeurs de gauche (celles des philosophes, des libertaires mais aussi du bon sens social qui nous anime).

    Ne cédons pas au classement à l'emporte pièce que nous dicte notre ronflante médiacratie "parisienne" (à ce sujet prenons un peu de recul: http://www.courrierinternational.com/article/2013/05/16/l-arrogance-supreme-des-froggies).

    Au plaisir d'échanger plus longuement,
    Amicalement,
    Pierre

  • Oups, je me suis trompé de référence pour l'article du courrier international :
    http://www.courrierinternational.com/article/2013/05/14/hors-de-paris-point-de-salut-pour-l-elite

    Bonne lecture

  • Il est toujours possible de jouer avec les mots , il y a la gauche et disons l'extrême gauche , moi cela ne me dérange pas d'être cataloguée extrême gauche , tout dépend de ce que représente ce terme.

    Je ne suis cartée à aucun endroit et si être d'extrême gauche c'est être beaucoup plus à gauche que le PS et bien oui j'en suis et depuis toujours.

    C'est pas pour rien que sur Vouziers ce groupe écologie solidarité existe depuis si longtemps
    .
    .Ce groupe à au moins le mérite d'ouvrir le débat , chacun y donne son avis et pas seulement au moment des élections , personne n'attend des décisions toutes faites venant des états majors , tous les sujets peuvent être traités .

    à la différence près que nous vivons dans la vraie vie au contact des citoyens ce qui n'est plus le cas de beaucoup d'élus trop déconnectés de la société

    Mais il ne faut pas oublier que le PS est arrivé au pouvoir avec des millions de voix venant de l'extrême gauche là c'était pas dangereux de ramasser les voix .......et demain en imaginant que le PS se ramasse une claque et bien ce sera de la faute des dangereux électeurs d'extrême gauche qui critiquent en permanence.

    C'est vraiment une façon bizarre de voir les choses , pour moi cette manière de faire divise plus qu'elle ne rassemble

  • "Ramassage de voix", "claque", quels curieux raccourcis pour évoquer la démocratie. Au lieu de parler des voix qui font élire le PS ou qui contribuent à ce qu'il prenne une claque, pourquoi ne pas parler tout simplement de ses propres voix ? Quel sont donc ces drôles de Partis qui ne se jugent qu'à leurs capacités à en faire perdre ou gagner un autre ? Lorsque au 1er tour d'une élection présidentielle, on est dans la position d'Eva Joly à 2,31% des voix ou de Jean-Luc Mélenchon à 11,1% des voix, on a peut-être mieux à faire comme analyse de la situation, que de clamer qu'on va faire gagner ou perdre le PS. On peut peut-être se demander pourquoi entre 88,9% et 97,69% des fameux "citoyens" qu'on prétend pourtant être les seuls à côtoyer et comprendre, ne veulent pas de la société et des projets qu'on leur propose.
    Pour moi, être politiquement "extrême", c'est avant tout être incapable de faire des concessions, de proposer des compromis et de se remettre en question.

  • Il ne me paraît pas souhaitable de rechercher le dernier mot dans la discussion.

    Cependant, quand la gauche de la gauche vouzinoise écrit qu'elle "lance ou ouvre les débats", c'est bien mais qu'elle se rassure la gauche, aussi.
    Quand la G. de la G. écrit que la G. est victime "d'anesthésie de la réflexion", je peux lui opposer qu'au PS, le travail est intense.
    Je ne parle qu'en mon nom et sans trahir de secret, les adhérents participent actuellement, par exemple, à un travail de propositions sur l' Europe.

    Pour résumer, j'ai protesté contre l'excès de critiques injustifiées formulées contre le PS, le gouvernement et le Président.
    Mais je suis pour le débat objectif et les propositions.

    Daniel

  • La travail a bien l'air intense, mais quelque peu déconnecté des réalités. L'article ci-dessous ne rassure pas vraiment, d'autant qu'il est écrit par un journal dit "proche du pouvoir": http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/05/16/la-vie-de-bureau-a-l-elysee_3258064_823448.html

    Je passerais sur l’accélération du processus d'abandon des services publics en zones rurales (quid des sous-pref, des collèges et lycées et j'en passe).

    Mais ne nous trompons pas d'adversaire, l'adversaire est bien l'austérité et sa conséquence induite et inévitable: la montée des thèses du front national dans notre société.

  • Merci Pierre je ne l'avais pas vu cet article , en plus j'ai lu les 53 commentaires...

    Bonne journée malheureusement encore sous la pluie

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