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Hydroélectricité : la France a atteint la limite de son potentiel

Communiqué de France Nature Environnement

Mercredi 22 mai, l’Union Française de l’Electricité (UFE) organise, dans le cadre du débat national sur la transition énergétique, une table ronde intitulée « Hydroélectricité, atouts de la filière et développement de son potentiel » à laquelle sont invités les signataires de la Convention d’engagement pour le développement d’une hydroélectricité durable. Impliquée dans le débat national sur la transition énergétique, FNE souhaite rappeler les conséquences environnementales du développement de l’hydroélectricité en France.


Un taux d’équipement à son maximum

Nous sommes tout à fait conscients de l’intérêt énergétique de l’hydroélectricité mais tout en gardant à l’esprit que cela a de graves impacts environnementaux sur les cours d’eau. La France est un pays déjà fortement équipé en grands barrages hydroélectriques et la limite est déjà atteinte. Nous sommes favorables à la modernisation et à l’optimisation énergétique des ouvrages existants en y intégrant bien sûr la mise aux normes environnementale comme la loi l’exige… L’Etat doit s’engager à les faire respecter. Il est bon de rappeler que FNE milite pour une société qui vise la sobriété énergétique et la réduction de l’utilisation des ressources. Rappelons également qu’en 2010 France Nature Environnement n’avait pas signé la Convention d’engagement pour le développement d’une hydroélectricité durable en cohérence avec la restauration des milieux aquatiques.

Bernard Rousseau, responsable des questions eau de FNE : « cette convention est porteuse d’illusions. Son titre l’annonce clairement. Ainsi nous ne sommes pas favorables au développement d’une l’hydroélectricité dans un pays où pratiquement tous les grands sites énergétiques sont déjà équipés : aucun fleuve, rivière, ou ruisseau n’échappent au tronçonnage ! Cette convention, était en réalité tournée vers le développement de la petite hydroélectricité. Elle validait la destruction des derniers tronçons de rivières du pays, en particulier des petits cours d’eau, souvent de très bonne qualité. C’était également cautionner l’installation de 500 à 1000 microcentrales qui viendraient s’ajouter aux quelques 1700 déjà existantes et en activité2 . »

L’hydroélectricité : un obstacle à la préservation des masses d’eau

L’argument climatique pour justifier l’équipement hydroélectrique des cours d’eau ne tient pas. Ce nehydroelectricite-03.jpg sont pas 500 ou 1000 microcentrales supplémentaires qui vont changer de manière significative le bilan carbone du pays. Pourquoi les organisateurs de ce colloque sont –ils tellement attachés à la convention pour le développement de l’hydroélectricité ?

Pour eux, construire de nouvelles microcentrales est  une opération très rentable grâce au tarif de rachat par EDF de l’électricité produite.

Il semble maintenant évident que l’objectif issu du Grenelle de deux tiers des masses d’eau en bon état en 2015 ne sera malheureusement pas atteint. La raison de cet échec est en grande partie liée aux perturbations hydromorphologiques générées en particulier par les équipements hydroélectriques.

En diminuant les débits à certains moments et sur certains tronçons pour les augmenter soudainement sur d’autres, en remplaçant des cours d’eau vifs et courants par des plans d’eau immobiles, en modifiant le rythme des crues et des étiages, en modifiant les transports sédimentaires qui sculptent le lit des cours d’eau, en bloquant les graviers dans les retenues alors que leur rôle est irremplaçable pour la vie aquatique, en les relâchant brutalement et massivement à l’occasion des opérations de chasses, en modifiant la température des eaux, en compliquant et en ralentissant jusqu’à les interdire les migrations des espèces aquatiques provoquant leur disparition…l’hydroélectricité menace la biodiversité et contribue de façon majeure à la dégradation de l’état de nos eaux.

Les arrêtés de classement des cours d’eau ont été signés pour certains bassins et sont en cours d’instruction dans d’autres. Ces listes de classement malheureusement très insuffisantes sont réduites de jours en jours sous la pression des exploitants de micro-centrales dans deux bassins en particulier. FNE demande la fin de cette braderie et exige l’application rapide des mesures engendrées par ces classements c’est à dire la mise aux normes environnementales des installations existantes et l’interdiction de la construction de nouveaux ouvrages pour les cours d’eau classés en liste 1.

Pour Bruno Genty, président de FNE : « Il ne faudrait pas laisser croire que la poursuite de l’équipement en hydroélectricité pourrait résoudre la crise énergétique à laquelle nous devons faire face. Ce ne sont pas les quelques terra-watt/heure que certains pensent gagnables, au détriment de l’environnement, qui nous sortiront de l’impasse. Nous devons avant tout réduire drastiquement notre consommation d’énergie, sous peine de tous devenir des précaires. Parallèlement il est indispensable de développer les énergies renouvelables, mais en priorité celles sur lesquelles la France a pris du retard : l’éolien, le solaire, la géothermie et les énergies marines. »

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Commentaires

  • J'adhère à beaucoup d'articles de l'an vert et vous félicite au passage pour la qualité de ce blog.

    Cet article m'interpelle. Je suis convaincu de la nécessité d'une transition énergétique combinant la sobriété et l'utilisation de toutes les énergies renouvelables dans la mesure où leurs impacts sont limités et acceptables pour l'environnement.

    Il y avait en 1879 plus de 550 moulins à eau répertoriés dans les Ardennes. Aujourd'hui, moins de 50 moulins ou centrales hydroélectriques sont encore en activité. Les ruisseaux étaient-ils vides de toute vie piscicole au XIXèmè ? La qualité de nos cours d'eau s'est elle améliorée depuis ?
    Je pense que les ravages des pollutions chimiques sont bien plus importants pour la qualité des cours d'eau et qu'une centrale hydroélectrique bien conçue et positionnée à l'emplacement d'un ancien moulin à eau datant parfois du moyen age a un impact très limité sur l'écosystème.
    Ci joint un lien vers une présentation de la centrale de Donchery qui me parait avoir un impact limité :
    http://www.ale08.org/IMG/pdf/fiche_technique_du_moulin_hydroelectrique_de_Donchery-2.pdf

    A Vouziers, il serait par exemple possible d'installer une centrale hydroélectrique au moulin Saint Paul avec une passe à poissons sans impacter grandement l'écosystème. Des exemples de ce type sont très nombreux et même si ce n'est pas la solution unique, ce sont des petits pas comme ceux ci qui nous mèneront doucement vers la transition énergétique.

    La majorité des propriétaires de moulins dont le potentiel n'est pas utilisé sont des passionnés de patrimoine et cherchent souvent à réhabiliter leur moulin sans forcément viser une rentabilité économique importante. C'est aujourd'hui un parcours du combattant quasiment infranchissable pour réhabiliter un moulin afin qu'il produise de l'électricité.
    Une nouvelle aire de la micro hydraulique donnerait un sens à ce patrimoine des moulins à eau dans notre société.

  • Comme indiqué, la note reprend un communiqué de la FNE. Cette fédération regroupe de très nombreuses associations locales, ce qui lui permet d'avoir une expertise de terrain et d'en dégager des conclusions générales.
    En lisant attentivement le communiqué, on peut voir que la position de la FNE n'est pas aussi univoque que le laisse entendre son titre.
    "FNE demande (...) la mise aux normes environnementales des installations existantes et l’interdiction de la construction de nouveaux ouvrages pour les cours d’eau classés en liste 1."
    Ce qui n'est pas incompatible avec la remise en service d'ouvrages existants en les mettant aux normes. Ceci nous semble effectivement réalisable sur un certain nombre de sites, dont la liste serait à déterminer.

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